El vuelo (Le vol, Arte de pájaros)

Publié le 27 Novembre 2019

Le vol

Le haut vol  continue
de mes mains :
l'honneur du ciel, l'oiseau
passe à travers
la transparence, sans tacher la journée.

Il traverse l'ouest palpitant et monte
par chaque gradins jusqu'au nu bleu
tout le ciel est sa tour
et il nettoie le monde de son mouvement.

Bien que l'oiseau violent
cherche du sang dans la rose de l'espace
ici se trouve sa structure :
flèche et fleur est l'oiseau dans son vol
et à la lumière se rassemblent
ses ailes avec l'air et la pureté.

Ô plumes destinées
ni à l'arbre, ni à l'herbe, ni au
combat,
ni à l'atroce surface,
ni à l'atelier suant,
mais à la direction et à la conquête
d'un fruit transparent !

La danse de la hauteur
avec les costumes enneigés
de la mouette, du pétrel, je célèbre,
comme si j'étais
perpétuellement parmi les invités :
je prends part
à la vitesse et au repos,
à la pause et la précipitation de la neige.

Et ce qui vole en moi se manifeste 
dans l'équation errante de leurs ailes.

Ô vent joint au fer
vol du condor noir, à travers la brume !
Vent sifflant qui a transposé le héros
et son cimeterre égorgeur :
tu gardes le contact
du vol dur comme une armure
et dans le ciel tu répètes sa menace
jusqu'à ce que tout redevienne bleu.

Vol de la flèche
qui est la mission de chaque hirondelle,
vol du rossignol avec sa sonate
et du cacatoès et sa parure !

Volent dans un cristal les colibris
émouvantes émeraudes allumées
et la perdrix tremble
l'âme verte
de la menthe volant dans la rosée.

Moi qui ai appris à voler, à chaque vol
de professeurs purs
dans la forêt, dans la mer, dans les
ravins,
dos au sable
ou dans les rêves.
Je suis resté ici, ligoté
aux racines,
à la mère magnétique, à la terre,
me mentant à moi-même
et volant
juste à l'intérieur de moi,
seul et dans le noir.

La plante meurt et est à nouveau enterrée,
les pieds de l'homme retournent au
territoire,
seules les ailes fuient la mort.

Le monde est une sphère de cristal,
l'homme est perdu s'il ne vole pas
il ne peut pas comprendre la transparence.

C'est pourquoi je professe
la clarté qui jamais ne cesse
et j'ai appris des oiseaux
l'espoir assoiffé,
la certitude et la vérité du vol.

 

Pablo Neruda (Arte de pájaros) traduction carolita

Texte original

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