Lettre à la capricieuse

Publié le 17 Août 2017

Parfois
je voudrais attraper ta main :
ta main est un point blanc
qui s'enfonce
dans le puits de pétrole du silence

Parfois
je rêve
que tu m'apportes un mot :
le mot qui débloque
le cours des mots le flux des mots
et s'ensuit
la poésie qui guérit

Parfois
j'aimerais retrouver le chemin
du cœur
le chemin du
rêve
le fruit profond de la nuit
la bogue qui ouvre
son cœur
pour y laisser entrer le soleil

Parfois
je me sens comme
abandonnée à la dérive
sur le nuage des espoirs perdus
je rêve
que tu n'es plus
je me dis qu' Ecrire
c'est une histoire du passé

Et tu reviens,
la capricieuse
et tu me retrouves
comme un amour qui aime sa liberté
part dans la prairie
galoper crinière au vent
et reviens
dans les bras de son âme sœur
se jeter
avec furie
sur la page blanche apprêtée

Et c'est une histoire qui se vit à deux

Et c'est une histoire où il n'y a de la place
que pour le soleil la lune et les éléments naturels
invités de choix pour écrits de choix
invités en robe des champs
pour poésie qui crie à travers chant
invités en robe d'amour
pour écriture de velours
chant de la fougère
rimes au coin du feu
larmes au coin des yeux
mains qui se retrouvent doigts qui se serrent
encre qui s'affaire :
Je me libère
Tu te libères
Il se libère
Nous nous sentons chevaux Appaloosa
comme ils étaient autrefois
Vous nous lisez et vous aimez
ou vous passez votre chemin
Ils nous comprennent ils nous diffusent
ils montent les poésies en tracts
et les distribuent dans les prisons
dans les rues

Et nous deux ma capricieuse
nous gagnons
le droit
d'écrire à nouveau :
d'écrire encore :
de s'attendre de s'espérer de se morfondre
de mûrir de se perfectionner
de s'émouvoir et de s'aimer
c'est pour la poésie que nous existons
c'est pour l'écriture des hommes
c'est pour hier pour aujourd'hui
et aussi
pour demain.

Carole Radureau (17/08/2017)

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

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H
Bonjour Caro<br /> <br /> Les caprices ne sont-ils pas l'école de la patience ?<br /> N'y a-t-il rien de plus beau qu'un fruit mûr ?<br /> La saison n'en a pas encore fini ! :)<br /> <br /> Bisouxx
C
C'est vrai qu'une nectarine ou une tomate dure comme de la brique, c'est pas très agréable......la poésie nous apprend la patience et aussi l'espoir. Parfois la muse envoie un fil fin comme un cheveu, c'est pour y accrocher les mots, en faire un collier qui coule de source.<br /> Juste : il faut voir le fil, le sentir nous chatouiller les narines ou nous effleurer la joue, ou nous souffler un murmure dans le cou.......et souvent la muse envoie les fils la nuit, comme une chauve-souris qui va si vite que tu ne peux l'identifier.<br /> Bisouxx Serge-Hobo
A
Eh bien dis-moi, elle est bien là, à côté de toi, la capricieuse! Les grandes histoires se vivent à deux, tu as raison mais parfois il faut laisser un peu de liberté à l'autre pour le voir mieux revenir;) en tout cas, elle ne te fait jamais défaut bien longtemps. Bravo Amiga, pour cette belle lettre poétique.
C
Merci Alma, j'avais ça en tête et n'arrivant pas à m'endormir je me suis décidée à écrire.....c'est pas terrible de vouloir dormir avec des mots qui se baladent dans la prairie des rêves. J'essaie de gérer maintenant le flux et l'absence, il faut s'adapter et rester humble face à ce que la vie nous a donné comme moyen d'expression. Mais en fait, j'ai été motivée aussi par le fait que j'essaie depuis 2/3 jours d'écrire un poème antifasciste ce qui habituellement ne semble pas me poser de problème . Parfois ça arrive quand on ne s'y attend plus.