Le chemin de fer clandestin

Publié le 16 Février 2016

Le chemin de fer clandestin

Par Charles T. Webber — Cincinnati Art Museum, Domaine public,

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Ou underground railroad en anglais.

Les esclaves noirs fugitifs américains ont utilisé un réseau de routes clandestines pour se réfugier au-delà de la ligne Mason-Dixon et se rendre jusqu'au Canada avec l'aide d'abolitionnistes.

Ce réseau de routes se nomme Le chemin de fer clandestin, il n'est pas constitué d’un chemin de fer comme son nom l'indique à tort mais de points de rencontres, de routes secrètes, de moyens de transport, de lieux d'accueil protégés, d'assistance apportée par des sympathisants. Il est mis sur pied au début du XIXe siècle par une communauté d’abolitionnistes établis surtout à Philadelphie. Le terme « chemis de fer clandestin » quand à lui est donné à partir de 1830.

La ligne Mason-Dixon était la ligne de démarcation entre les états abolitionnistes du nord et les états esclavagistes du sud. Même après la guerre, cette frontière est restée un symbole de division culturelle entre les états du nord et du sud.

Selon James A.Banks, au cours du XIXe siècle, environ 100.000 esclaves se seraient échappées grâce au "Railroad".

Les chiffres sont fort variables pour évaluer le nombre d'esclaves en fuite, il est souvent situé dans la fourchette de 30.000 à 100.000.

Où aller ?

La destination courante était l'Amérique du nord britannique où l'esclavage était interdit et le Canada. Il y avait pas mal de points d'accès sur les frontières.

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http://history.sandiego.edu/gen/CWPics/86139.jpg. Compiled from "The Underground Railroad from Slavery to Freedom" by Willbur H. Siebert Wilbur H. Siebert, The Macmillan Company, 1898.[1], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=405624

Le chemin de fer clandestin
Le code du chemin de fer et la route vers la liberté

Le chemin de fer clandestin adopte une terminologie et des symboles pour masquer ses activités clandestines et éviter d’alerter le public et les propriétaires d’esclaves. Ceux qui aidaient les esclaves long de leurs périples étaient les « conducteurs ».

Les « lignes » étaient les trajets empruntés lors des voyages vers la liberté.

Les « actionnaires » étaient les personnes qui donnaient de l’argent ou des fournitures aux esclaves pour les aider dans leur fuite.

Les esclaves eux-mêmes, en fuite étaient dénommés « passager », »colis », « cargaison » ou « fret ».

Les actions restaient secrètes et confinées dans de petits groupes locaux, peu de détails concernaient le reste du réseau pour éviter la fuite des sources. Les esclaves en fuite allaient d'une "gare" à l'autre pour se rendre vers le nord.

Les « agents » à la billetterie coordonnaient les déplacements sécurisés et planifiaient les voyages en l’aidant à se mettre en communication avec les chefs de gare et les conducteurs. C’étaient souvent des pasteurs voyageurs ou des médecins qui avaient ce rôle, leur activité professionnelle permettant de dissimuler leurs activités clandestines.

Parmi les "chefs de train" on trouvait des noirs nés libres, des abolitionnistes blancs, d'anciens esclaves enfuis ou affranchis, des amérindiens. Les églises ont joué un rôle également dans la fuite des esclaves dont la société religieuse des amis (Quakers), les congrégationalistes, les presbytériens réformés, des branches de l'église Baptiste américaine.

Le chef de train emmenait les fugitifs de nuit le plus souvent, s'arrêtant le jour dans les "stations" ou "dépôts" pour se reposer. C'étaient souvent des granges isolées. Un message était envoyé pendant que l'esclave se reposait vers la station suivant pour l'avertir de son arrivée prochaine.

Les fugitifs utilisaient des termes bibliques pour parler de leur objectif. Par exemple la "terre promise" pour évoquer le Canada, le "'Jourdain" pour qualifier le fleuve Mississippi.

Souvent ils se déplaçaient à pieds ou en chariot par groupe de 2 ou 3 personnes (parfois aussi en train ou en bateau). Les itinéraires étaient indirects afin de semer les poursuivants. Parfois, il y a eu des évasions massives comme à Pearl incident ou77 esclaves tentent de s'échapper de Washington sur un bateau et seront capturés par une troupe armée.

Le voyage était difficile et dangereux pour les femmes et les enfants mais malgré tout les familles prenaient le risque.

Les chasseurs de primes professionnels ou les marshals fédéraux nommés les chasseurs d'esclaves étaient motivés par les récompenses offertes pour la capture et le retour des fugitifs. A cette époque, les hommes jeunes et costauds, capables de travailler et de se reproduire étaient considérés comme "une marchandise " de valeur !!

Le « paradis » était au bout du chemin et dans la tête des fugitifs il représentait la « terre promise ».

La grande ourse était « la gourde » pointant vers l’étoile polaire elle permettait aux esclaves de s’orienter vers le nord.

Sur la terre promise

Au Canada, le groupe le plus important s'est installé dans le Haut Canada vers 1841 (actuel Southern Ontario) où se développeront de nombreuses communautés noires canadiennes. Les régions de l’Ontario : Niagara falls, Buxton, Chatham, Windsor, Hamilton, Brantford, London, Oakville, Toronto.

Au Nouveau Brunswick, au Québec, en Nouvelle Ecosse également.

Les fugitifs arrivés à destination sont très souvent déçus. L'esclavage n'existe pas, certes, mais la discrimination est monnaie courante. Ils rencontrent des difficultés pour trouver du travail à cause de l'immigration européenne à la même époque et le racisme fréquent. Lors de la guerre de Sécession aux EU, de nombreux réfugiés noirs s'enrôleront dans l'armée de l'union, certains reviendront ensuite eu Canada, d'autres resteront aux EU.

Le chemin de fer clandestin

Eastman Johnson - A Ride for Liberty

Le chemin de fer clandestin

Mikerussell at the English language Wikipedia, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22683512

Abolition de l’esclavage aux EU

Le 18 décembre 1865, les EU adoptent le 13e amendement de leur constitution qui interdit l’esclavage. Les noirs libres et ceux qui cherchent la liberté ainsi que les descendants de loyalistes noirs s’installent en Amérique du nord britannique, certains dans des collectivités noires comme Elgin, Queen’s bush, Colonie Dawn et d’autres partent vivre dans des communautés noires intégrées dans des villes ou des villages.

Les premiers pionniers afro canadiens sont des citoyens productifs et novateurs qui défrichent la terre, construisent des maisons, élèvent des familles, créent un éventail d’institutions religieuses, éducatives, sociales, culturelles, politiques, des organismes visant à renforcer leur communauté. Ils mènent une lutte active pour l’égalité raciale, se battent contre les préjugés et la discrimination raciale sont ils sont victimes chaque jour.

source : wikipédia

Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire, #ABYA YALA, #Afro descendants

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Commenter cet article
A
Je ne connaissais pas ce point précis de l'histoire, ces railroads. On ne peut s'empêcher de penser aux milliers de migrants actuels, évidemment et aux passeurs qui profitent de leur situation désespérée, ce qui ne semble pas avoir été le cas pour les esclaves du Sud. L'Histoire se répète, toujours, pauvre humanité...
C
Oui, il y a comme un semblant de déjà vu avec les routes de l'exil ou de la liberté. Mais, là en l'occurrence, les passeurs étaient des gens militants et convaincus de l'inégalité des chances et des abolitionnistes et non pas des profiteurs. J'adore découvrir ce genre d'action, surtout avec la symbolique codifiée un peu comme pendant la résistance en France.