Debunkage - Pourquoi viser l’agro-industrie nantaise - précisions sur les actions menées et réponse à Olivier Véran

Publié le 14 Juin 2023

Le lobby agro-industriel inonde les médias de sa complainte pour dénoncer le remplacement du muguet industriel et une poignée de plants expérimentaux non destinées à l’alimentation, par un semis de sarrasin bio. Comme d’habitude, le gouvernement complice reprend mot pour mot sa propagande. Mais pour qui prend le temps de s'intéresser un tant soit peu aux faits et d'enquêter derrière les piteuses tentatives de greewashing, il apparaît que:

Les industriels du légumes nantais visés par ces actions sont responsables de divers empoisonnements récents aux pesticides comme le metamsodium.

Les serres visées à Pont-saint-Martin dimanche sont bien encore l'objet d'expérimentations sur des pesticides cancérigènes selon l'ANSES comme le métobromuron. Elles visent à maintenir le même modèle et à renforcer l'acceptabilité des pesticides en prétendant réduire leur usage plutôt que de permettre leur interdiction.

Ces serres sont majoritairement ensablées et destinées à ce type de cultures plutôt qu'à de quelconques "sols vivants".

Ces industriels chef d'entreprise à la main d’œuvre exploitée, n'ont rien d'"agriculteurs".

Ils sont par contre bel et bien responsables de l'accroissement ravageur de la production de sable et de la consommation d'eau pour des productions non vivrières ou tournées vers l'exportation.

Ils ont été récemment condamnés pour leur surplus de rejets toxiques dans l'atmosphère, notamment sur leurs cultures de concombres.

La collusion de certains dirigeants des maraîchers nantais avec l'industrie du sable est avérée. Le président de la maison des maraîchers Mr Torlasco a par exemple occupé pendant 11 ans le poste de secrétaire régional de l'UNICEM - union nationale des industries de carrière et matériaux de construction.

Ils s'accaparent main dans la main avec l'industrie du sable des terres transformées en mer de plastique et serres chauffées, et tuent ainsi les autres formes d'agriculture paysanne dans le département. En Loire-Atlantique, les surfaces dédiées à l’agro-industrie légumière ont augmenté de 24% entre 2010 et 2021. Le paysage de bocage et de polyculture élevage qui a caractérisé pendant des siècles le terroir du Pays-de-Retz est remplacé par un désert agro-industriel ultra-spécialisé qui ravage la mosaïque de prairies et de cultures de la campagne nantaise. Un désert. Si c’est cela la terre qu’aime Olivier Véran, c’est bien le signe qu’il n’a aucune culture paysanne ! Il semble manifestement confondre la terre et le sable. 1 ha de mâche, c’est jusqu’à 30 tonnes de sable par hectare chaque année ! Ensabler la terre, drainer les parcelles, araser les haies, c’est – structurellement – une artificialisation massive des sols. Oui nous préférons le sarrasin biologique aux champs de muguets de Vinet et aux expérimentations du lobby agro-industriel.

La conclusion est qu'il est bel et bien grand temps de désarmer ces industriels et de changer de modèles si l'on souhaite sauver les sols, les nappes phréatiques et soutenir réellement l'agriculture.

Vous trouverez , juste dessous, un rétablissement minimal de la vérité dans le document d'enquête sur la "fédération des maraîchers" avec un ensemble de faits et de chiffres ici. Nous recommandons vivement sa lecture à qui s'intéresse à la parole des paysan.nes dont les fermes sont mises en péril par les industriels et pas seulement à celles de directeurs d'entreprise dont les intérêts ne sont autres que leurs profits. Nous conseillons également celle de la tribune ou les paysans expliquent leurs gestes.

Notre enquête détaillée sur les ravages des industries du sable et du légume dans le 44, et sur leurs expérimentations.

Dimanche dernier, nous étions plus nombreux.ses que jamais à rejoindre les convois du sable pour protester contre l’extension des carrières de sable, et du « maraîchage » industriel en Loire-Atlantique.

A cette occasion, quatre actions ont été menées :

1 - remplacer du muguet de la société Vinet par un semis de sarrasin bio, assorti d’un démontage du système d’irrigation.

2 – remplacer les cultures expérimentales par un semis de sarrasin bio dans les tunnels expérimentaux de Pont Saint Martin, également assorti d’un démontage du système d’irrigation.

3 - couper l’eau de la centrale à béton BHR.

4 - murer Nantes Métropole en terre paille.

Ces actions, visaient à retracer le parcours d’un grain de sable et à faire monter d’un cran le rapport de force face aux carrières et à l’agro-industrie nantaise. Elles ont été pensées avec les paysan.nes bios du secteur. Face à la propagande mensongère du lobby de la « Fédération des Maraîchers Nantais », il convient de rétablir quelques vérités sur ce secteur mortifère.

Historiquement, le maraîchage désigne, selon le dictionnaire de l’Académie française, « la culture jardinière de légumes ». Étymologiquement, il renvoie aux marais, un écosystème de zone humide de plus en plus menacé d’une part par le bétonnage métropolitain et d’autre part par le drainage et l’ensablement des terres par l’agro-industrie. Le terme désigne une culture diversifiée et à taille humaine. Ne nous y trompons pas : les lobbys industriels qui se prétendent aujourd’hui « maraîchers » sont en vérité la branche légumière de l’agro-industrie. C’est pourquoi, dans le reste de ce document, nous ne les désignerons plus par le noble terme de maraîchers, que nous réservons à l’agriculture paysanne et à la culture jardinière de légumes de saison.

A – Petite Histoire de l’industrie nantaise de la mâche :

L’extension métropolitaine a bétonné irréversiblement la ceinture verte nourricière qui contribuait à l’autonomie alimentaire de la ville. Au maraîchage paysan diversifié s’est substitué une filière agro-industrielle principalement concentrée au Sud de la Loire. Le paysage de bocage et de polyculture élevage qui caractérisait pendant des siècles le terroir du Pays-de-Retz, est remplacé par un désert agro-industriel ultra-spécialisé qui ravage la mosaïque de prairies et de cultures de la campagne nantaise. Une mer de sable, de plastique, de serres et de bâches. Un désert.

A Nantes, la culture intensive de la mâche n’a rien de traditionnel, elle est apparue à l’orée des années 1990 avec l’effondrement du prix de la carotte. En 2006, le bassin nantais produisait 88% des 36000 tonnes de mâche produite en France ! La moitié de cette mâche est destinée à l’export. (source : https://www.entreprise-nantes.fr/mache-nantaise-les.../) Selon le recensement agricole de 2010 la mâche occupait 4500 ha de terres agricoles rien que dans l'aire urbaine nantaise.

Il y a quelque chose d’absurde et de profondément anti-paysan dans le projet industriel de faire manger partout et à tout le monde la même mâche nantaise, alors que des milliers de variétés locales de salades pourraient être cultivées localement pour répondre aux besoins des habitants. Au nom de quelle logique absurde 50 % de la mâche européenne doit-elle être produite à Nantes ?

L’uniformisation industrielle, c’est le contraire de la diversité paysanne. En Loire Atlantique, parmi les industriels légumiers « 20-25 % sont même aujourd’hui en monoculture de mâche ; cette dernière est la production principale de tous (hors serristes). » (Source : Valérie Jousseaume and Christine Margetic, Autre légume. Autre Lieu. La mâche dans le bassin maraîcher nantais (https://journals.openedition.org/mediterranee/84#tocto1n2)

La généralisation de l’usage du sable dans les champs est facteur majeur pour de la standardisation de l’automatisation et l’intensification à outrance de cultures aujourd’hui quasi hors-sol !

B - Extractivisme et agro-industrie : l’ensablement des terres.

Cette extension de l’agro-industrie légumière a des conséquences agronomiques structurelles sur le terroir nantais. Originellement la mâche poussait de manière sauvage entre les rangs de vignes. Aujourd’hui elle conduit à un ensablement généralisé du sol en Sud-Loire. Pour répondre au cahier des charges de commercialisation, pour faciliter la surmécanisation des travaux, les industriels la cultivent sur sable.

1 ha de mâche, c’est jusqu’à 30 tonnes de sable par hectare chaque année !!! (source médiapart). L’industrie de la mâche est un vortex extractiviste. Pour cultiver les 4500 ha de mâche du bassin nantais, il faudrait donc extraire 135000 tonnes de sable par an ! 30 % du sable de la carrière GSM est destiné à l’agro-industrie de l’aveu même de la direction. Les deux industries sont liées par une alliance systémique. Emmanuel Torlasco en est la cheville ouvrière. Il est aujourd’hui directeur de la Maison des Maraîchers Nantais. Ce dernier a occupé pendant 11 ans le poste de secrétaire général régional (Pays de la Loire) de l’Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction (UNICEM). (Source : Loire-Atlantique – Les Maraîchers nantais recrutent un nouveau directeur, Loire-Atlantique Agricole 21/11/2022) C’est un centre expérimental de l’institution sous sa direction qui a été visé par l’une des actions collectives du dimanche 11 juin.

Aujourd’hui, l’usage du sable est généralisé à toutes les cultures de la branche légumière du système agro-indsutriel. Ensabler la terre, drainer les parcelles, araser les haies, c’est – structurellement – une artificialisation massive des sols. Il faut absolument décorréler la production de sable de celle des légumes : l’une est renouvelable, l’autre est une ressource finie en voie d’épuisement. L’extraction du sable est un désastre écologique pour les nappes et la biodiversité. L’agro-industrie également. Il existe d’autres moyens d’assurer notre autonomie alimentaire et nos besoins en habitat : l’agriculture paysanne et l’éco-construction. Il existe des usages pertinents et viables du sable et de la terre, aux antipodes de la voracité de l’industrie agro-alimentaire et du BTP. C’est elles qui doivent faire l’objet de développement et d’expérimentations tandis que l’industrie doit ralentir si nous voulons préserver l’habitabilité de la planète.

A l’échelle mondiale, c’est 50 milliards de tonnes de sable et de gravier qui sont extraits tous les ans - de quoi construire un mur de 35 mètres de hauteur sur 35 mètres de large le long de l'équateur. Il s’agit de la deuxième ressource la plus utilisée au monde après l'eau. Selon les auteurs du rapport du PNUE« Le sable doit être considéré comme une ressource stratégique, non seulement en tant que matériau de construction, mais en raison des multiples rôles qu’il revêt pour l'environnement ». L'extraction du sable au sein des écosystèmes où il joue un rôle crucial, comme les rivières et les écosystèmes côtiers ou marins, accélère l’érosion et provoque la perte de protection contre les ondes de tempête (amenées à se multiplier avec le réchauffement climatique). Elle a également un fort impact sur la biodiversité, puisque le sable est un élément essentiel de l’habitat et des lieux de reproduction d’une faune et d'une flore diversifiées. Cette ressource met des millénaires à se constituer, et ses stocks finis atteignent des seuils critiques et sont annonciateurs d’une pénurie de sable. (source : Rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement https://wedocs.unep.org/.../38362/sand_sustainability.pdf...)

Prendre au sérieux ce constat, c’est ralentir l’extraction de sable et cesser d’étendre les carrières. C’est développer les alternatives au béton dans la construction, mais aussi arrêter d’utiliser cette ressource pour produire des légumes industriels. Les maraîchers bio n’ont pas besoin de mettre du sable dans la terre pour la cultiver et en vivre !

C – L’accaparement des terres et l'empoisonnement de l’eau :

En Loire-Atlantique, les surfaces dédiées à l’agro-industrie légumière ont augmenté de 24% entre 2010 et 2021. (source : Près de Nantes et d’Angers, l’insatiable appétit de terres des maraîchers industriels, Médiacités 22/05/2023). Cet accaparement foncier concentre les terres aux mains de quelques grosses sociétés qui contournent les régulations foncières. La cupidité de ces acteurs sociétaires fait augmenter considérablement le prix du foncier. « Le prix du terrain ils n’en ont rien à faire, ils sont prêts à mettre 4 à 5 fois le prix tant qu’ils ont un accès à l’eau » constate le coordinateur de France Nature Environnement Pays de la Loire. (Source : Près de Nantes et d’Angers, l’insatiable appétit de terres des maraîchers industriels, Médiacités 22/05/2023). Ces sociétés font main basse sur les fermes en élevage dont les exploitants prennent leur retraite via des rachats de parts sociales pour passer sous les radars de la SAFER et de la CDOA. Comme ce fut encore récemment le cas à la Chevrolière sur une ferme d’élevage. Plusieurs maires des communes du Sud-Loire ont déploré cet accaparement des terres par l’agro-industrie légumière. (un exemple parmi d’autres : https://www.ouest-france.fr/.../un-maire-sinsurge-en...)

Concernant l’eau, sur la Communauté de communes de Grand Lieu, la quantité d’eau consommée en un an par l’irrigation (au moins 2,6 millions de m³ en 2021) est très largement supérieure à la consommation d’eau des 41000 habitants du territoire (estimation basse environ 1,5 millions de m³ par an) (Sources : bnpe.eaufrance.fr, cieau.com et insee.fr). L’an dernier, la nappe de Machecoul a atteint son niveau historique le plus bas, mais la société Vinet continuait d’arroser son muguet, et le secteur de l’agro-industrie légumière continuait de réclamer des dérogations à tour de bras.
 

La nappe de Machecoul, à l’image de bien d’autres, est empoisonnée par l’agro-industrie. Les consommateurs boivent quotidiennement une eau chargée en nitrates et en pesticides. Ces concentrations sont certes inférieures aux normes actuellement en vigueur. Mais on ne dispose pas d’assez de recul pour évaluer sérieusement les impacts sanitaires au long cours d’une consommation quotidienne de pesticides ! Par ailleurs, il y a régulièrement des dépassements de taux, en 2019, pendant 79 jours les taux de metolachlore (un herbicide cancérigène) dans l’eau ont été dépassés sans engendrer de restrictions d’usage ni même d’information des consommateurs. (source Agence Régionale de Santé : https://www.atlantic-eau.fr/.../2020-09/retz_machecoul.pdf).

Et ces dépassements mesurés ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les déclarations récentes de Mickaël Derangeon, en charge de la sécurité sanitaire de la nappe de Machecoul (lieu à forte concentration de l’agro-industrie nantaise du légume) font tout simplement froid dans le dos, sur la difficulté à mesurer l’ampleur réelle de la pollution aux pesticides : « On a recherché sur un large spectre de plus de 4000 polluants. Parmi eux, 35 % sont d’origine industrielle, 28 % d’origine agricole et 26 % d’origine pharmaceutique. On retrouve en majorité des pesticides d’origine agricole. Dans la plupart des cas, on est dans l’impasse technique. Pour la plupart des molécules, on n’a pas la capacité d’aller rechercher les métabolites ou les pesticides. Par exemple, pour le S-métolachlore, ce n’est qu’en 2016 qu’on a pu rechercher techniquement ses métabolites. On va essayer d’identifier par la spectrométrie de masse. Il reste des polluants dans l’eau, en quantités infimes, notamment des herbicides et des antifongiques. On a identifié 33 molécules dans l’eau de Machecoul en sortie de production, sachant que celle-ci est diluée ensuite avec l’eau traitée à Basse-Goulaine. On n’a pu réellement n’en identifier que sept, mais on sait que les 24 autres sont présentes. Ces molécules peuvent être d’origine naturelle, mais elles peuvent aussi être des polluants. Parmi les antifongiques, on trouve le métalaxyl qui peut servir dans l’enrobage des graines, ou encore le carbendazim. On retrouve des métabolites de la terbuthylazine, un herbicide qu’on demande de ne plus utiliser. »

(source : https://actu.fr/.../loire-atlantique-une-trentaine-de...)

Le plus glaçant dans cette déclaration c’est la politique publique qui consiste à prendre l’eau polluée de Machecoul, qui inquiète les experts, pour la diluer dans celle de la nappe de Basse-Goulaine afin de noyer le poisson, ou plutôt de diluer le poison. Quand l’agro-industrie nantaise déplore l’arrachage de quelques cultures et parle de saccage, il faut bien remettre cela en perspective avec le ravage écocidaire qu’elle perpétue quotidiennement en silence, et dont l’empoisonnement de l’eau n’est que l’un des aspects !

D – Une industrie écocidaire

Le Comité Départemental pour le Développement du Maraîchage (CDDM) rassemble les producteurs industriel de légumes à Nantes. Il ne s’agit pas de petits exploitants comme sa communication médiatique tend à nous le faire croire. Les chiffres de son site ne sont pas à jour, mais sont sans équivoque quant à la nature de la production nantaise :

- Cultures sous serres

Tomate: 81 Ha dont 70 Ha chauffés– 37 000 tonnes, 5% de la production française

Concombre : 43 Ha dont 37 Ha chauffés– 20 000 tonnes, 25% de la production française, 1ére région Française pour la production précoce.

Cultures de plein champ ou abris froids

Mâche : 30 000 tonnes 85 % de la production nationale 50% de la production européenne

Poireau de primeur (été-automne) : 19 000 tonnes

Radis: 18 millions de bottes

Muguet : 150 Ha, 80 % de la production nationale

source : https://www.cddm.fr/.../le-mara%C3%AEchage-en-loire...

On relève d’emblée la prééminence des serres chauffées qui sont une aberration écologique totale, pour produire des légumes contre-saison. Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), la consommation énergétique moyenne des serres était de 327 kWh/m² en Bretagne. Toujours selon l’Ademe, elle soulignait qu’une tomate produite sous serre chauffée émettrait, avec 2,2 kilos de CO2 pour un kilo de tomates, sept fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate produite en France en saison et près de quatre fois plus qu’une tomate importée d’Espagne. A l’heure de l’accélération du réchauffement climatique, ce type de culture aberrante devrait être banni.

Mais le puissant lobby agro-industriel a même réussi à faire accepter l’attribution du label bio à des cultures sous serres chauffées ! (source : https://www.lemonde.fr/.../les-serres-chauffees...). Alors même que le règlement européen de la bio inclut le respect de la saisonnalité des légumes, les industriels s’évertuent à tordre le droit à grands renforts de dérogations. Alors que le marché de l’agriculture biologique est en rétractation, l’introduction de telles pratiques a pour double effet de décrédibiliser le label et de permettre à des grosses sociétés de voler des parts de marché aux petits paysan.nes.

L’agro-industrie nantaise du légume est une agriculture fossile, énergivore, qui par la mécanisation à outrance et la prolifération des serres chauffées émet énormément de CO2, alors même que des milliers de maraîchers bio prouvent tous les jours par leur travail patient qu’il est possible de produire autrement. Cultiver de la mâche sur plastique et sous plastique, pour ensuite l’emballer dans du plastique pour la vendre en supermarché est une pratique d’une autre époque.

Mais la CDDM n’est pas qu’un accélérateur du réchauffement climatique, c’est aussi une entreprise d’empoisonnement. Le 23 mai 2023, l’entreprise Pirmaloire a été condamnée pour avoir intoxiqué 18 personnes au metamsodium en 2018. Ce pesticide avait été interdit par l’Europe dès 2009 ! Mais l’agro-industrie légumière a continué de l’utiliser en toute impunité. Il aura fallu attendre l’intoxication de 61 ouvriers-ères agricoles le 28 septembre 2018, puis celle de 70 autres ouvrier-ères à 13 km de là le 31 septembre pour que les pouvoirs publics finissent enfin par réagir. Selon la secrétaire nationale de France Nature Environement, Florence Denier-Pasquier, ce produit est « plus dangereux encore que le glyphosate ».

Selon un chercheur interrogé après l’intoxication : « c'est un poison, un couteau suisse pour stériliser le sol. Sur la même molécule, vous avez un tue-vers, un fongicide [contre les champignons], un désherbant et un antiparasitaire, développe Bernard Jégou, chercheur à l'Inserm, directeur de l'Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail) et directeur de la recherche à l'école des hautes études en santé publique. Tout ce qu'il rencontre succombe" ».

(source : https://www.francetvinfo.fr/.../enquete-franceinfo-un...)

Et devinez à quoi sert ce produit toxique épandu ? A cultiver de la mâche. Et celle de qui ? De la fameuse « fédération des maraîchers nantais » ! Mais pas d’inquiétude, « "ce qui est important, c'est que dans votre barquette de mâche, vous n'ayez que de la mâche, belle et appétente. Et pour cela, il faut une préparation des sols", justifie Antoine Thiberge, directeur de la Fédération des Maraîchers nantais, à laquelle appartient la société Primaloire, mise en cause dans les intoxications de Brain-sur-l'Authion. »

Mais pour Régis Chevallier, qu’importe la santé des ouvriers-ères pour lesquels il n’a pas un mot, qu’importe la biodiversité et empoisonnement de la population, il regrette surtout « d’avoir dû jeter beaucoup de mâche » après l’interdiction et d’être contraint à « tester en urgence des nouvelles méthodes de désherbage. » (source : https://www.20minutes.fr/.../3180795-20211125-nantes...) Ce qui importe à Régis Chevallier, c’est seulement la bonne santé de sa SCEA (société civile d’exploitation agricole) ! Il aurait pourtant pu se soucier avant des dangers du metam-sodium puisqu’en en 2011, 12 Etats membres de l’union européenne l’avaient déjà interdit !

En réalité, ce produit est dans le collimateur de l’ASEA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) depuis 2007. Mais le lobby agro-chimique dispose d’un tel pouvoir d’inertie qu’aujourd’hui encore son interdiction en France n’est que temporaire ! L’agence avait pourtant pointé de nombreux risques pour la biodiversité, pour la santé humaine, et pour l’atmosphère (voir le résumé de l’avis : https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php... )

Le metam-sodium a fait scandale, mais l’agro-industrie légumière utilise un nombre considérable de produits comme celui-ci. On parle beaucoup des néonicotinoides, mais il y en a tant d’autres, particulièrement utilisés par l’agro-industrie légumière nantaise : qui connaît le métabromuron, le dazomet, le napropamide ? Des molécules nouvelles sont sans cesse mises sur le marché et épandues dans la terre et l’eau. Hélas, ce n’est que des années plus tard qu’on en mesurera les effets dévastateurs. Entre 2019 et 2020, des centaines de poissons ont été retrouvés morts dans un canal à Saint Jean de Courcelles à cause d’un produit utilisé pour le blanchiment des serres. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour sortir de ce modèle écocidaire ?

Les lobbystes affiliés à la FNSEA en font des tonnes sur tweeter et dans les médias pour condamner les quelques dégradations réversibles commises par les manifestant-e-s du convoi du sable. Mais le vrai scandale ce n’est pas quelques salades ou brins du muguet arrachés, c’est leur modèle qui ravage chaque jour le monde ! S’ils se scandalisent c’est parce qu’ils sont habitués à la complaisance de l’État, mais l’action de ce week-end marque notre volonté de ne plus les laisser faire, sans attendre Marc Fesneau et les autres marionnettes politiques de la FNSEA qui démontrent chaque jour un peu plus leur complicité criminelle avec le complexe agro-industriel.

E - Pourquoi remplacer le muguet de Vinet par des semences paysannes ?

Comme indiqué par le CDDM, le muguet occupe une place importante dans l’agro-industrie nantaise. 80 % de la production nationale est concentrée en Loire-Atlantique. Ce n’est pas une culture alimentaire mais elle est pourtant gourmande en pesticides et en eau. L’année dernière, alors que la nappe était au plus bas, les producteurs de muguet ont obtenu une dérogation pour continuer de l’arroser.

La communication de la Fédération des Maraîchers Nantais peut bien en faire des tonnes sur les infractions des manifestant-e-s et leur impunité supposée, mais il est plus que temps de dévoiler au grand jour la leur. Vinet est un bon exemple des malversations de ce secteur:

En 2017, il est condamné pour « tromperie sur la marchandise » après avoir vendu en 2014 800 000 concombres hollandais certis du label « made in France »

En 2019, un rapport de contrôle des rejets atmosphériques a mis en évidence les dépassements des valeurs limites d’émission applicables à la chaudière-bois utilisée pour chauffer 17ha de serres. Dans ces rejets, les inspecteurs notent également des poussières de dioxines/furanes, des résidus de plombs etc.

En 2021, il est condamné pour « destruction non autorisée d’une espèce animale protégée » après avoir arraché sans autorisation 430 mètres de haies, en avril 2020, en pleine période de nidification.

En 2021 toujours, la préfecture de Vienne a autorisé la destruction des habitats de la grenouille verte et du triton palmé (espèces protégées) en raison du prétendu « intérêt public majeur » de la construction de serres à Commequiers. Le tribunal administratif a ensuite cassé cet arrêté… mais trop tard, les serres étaient déjà construites et les espèces détruites !

Sans parler des conditions d’exploitations déplorables de ces saisonniers. A grand renfort de dérogations au droit du travail, il exploite des centaines d’ouvrier-ères agricoles, avec un chantage odieux au titre de séjour et des règles quasi-esclavagistes : « interdiction de parler, obligation de rester à genoux »… A la fin du mois, Vinet récupère un loyer sur le salaire de ces ouvriers, puisqu’il leur loue des dortoirs à 10-15 places comme un vulgaire marchand de sommeil. (source témoignages anonymes des travailleur-euses et membres d’associations qui viennent en aide aux migrants). Et bien évidement, bien qu’ayant des contrat de travail identique, les femmes sont moins payées que les hommes (source : article 20 minutes du 12 mai 2006).

Pour toutes ces raisons, et pour marquer notre volonté de substituer à cette agro-industrie néfaste qui exploite les hommes et les femmes et ravage le vivant, nous avons remplacé le muguet de Vinet par du sarrasin bio.

F - Pourquoi désarmer les expérimentations du CDDM ?

Le rôle principal de la fédération des maraîchers nantais et du CDDM est d’accompagner les exploitants nantais dans leur modèle anti-écologique et anti-social amplement décrit ci-avant. Son rôle de conseil technique est indispensable à la perpétuation de ce modèle agro-industriel. Le CDDM mène également des expérimentations, sous serres chauffées notamment. Financés en partie avec de l’argent public, il mène plusieurs programmes expérimentaux sur des sites dédiés.

A titre d’exemple, deux programmes emblématiques de la logique de cette institution :

- son programme « Concombre sous serre en conduite fil haut » a un objectif sans équivoque : « L’objectif est de permettre aux producteurs de la région Pays de la Loire de maintenir leur haut niveau de compétitivité et de se positionner comme territoire d’innovations concernant cette culture spécifique au niveau européen en étant les précurseurs en termes d’éclairage et d’usage des modèles » En bref,il s’agit d’optimiser l’usage de la lumière artificielle et la maîtrise des conditions climatiques sous serres chauffées pour exporter plus de concombres.

(https://www.cddm.fr/.../bienvenue/resume-conserfilo-3705.pdf)

- son programme « desarm » a lui aussi un objectif clair, qui n’a rien à voir avec celui de nourrir les habitants de Loire-Atlantique : « Avec l’arrêt de l’autorisation du métam-sodium, les producteurs se retrouvent démunis face à la concurrence des pays limitrophes tels qu’Espagne, Italie, Portugal qui ne sont pas concernés par ces interdictions, ou qui les autorisent via les systèmes des Autorisations de Mise sur le Marché pour faire face aux situations d’urgence (AMM 120 jours). » Il est donc urgent de trouver une alternative pour persévérer dans le même modèle, et pourquoi pas « désinfecter le sol » avec « des automates à rire entre vapeur technique » ?

Structurellement, le CDDM est acteur de la mal-adapatation au changement climatique. A cet égard, le remplacement du désherbage chimique par le désherbage est un exemple criant. Cette technique énergivore, utilisée à une échelle industrielle n’est pas écologiquement viable. Elle génère de très fortes émissions de Gazs à Effet de Serres. En effet, la consommation de gasoil de ces appareils est très gourmande : "Pour une désinfection de surface (10 cm) avec des cloches ou coffres, il est de 5 à 10 minutes pour une consommation moyenne en gas-oil de 0,5 à 1 l/m². Une désinfection profonde avec des bâches nécessite un temps moyen de 3 heures pour une consommation de 2 l/m²." (source : https://geco.ecophytopic.fr/.../http%253a%252f%252fwww... ou encore Plantes, Agroscope Fiche technique | N° 34 / 2016 La désinfection du sol à la vapeur

Auteurs: Céline Gilli, Vicent Michel). Donc pour un hectare (10 000 m²), la consommation peut varier entre 5000 L et 20 000 L/ha. Le deuxième rapport cité conclut : "La désinfection du sol à la vapeur demeure une méthode coûteuse aussi bien en énergie qu’en main d’œuvre. Elle doit rester la mesure ultime."

Mais, structurellement c’est l’ensemble de la filière mâche qui est prise au piège de la maladaptation au changement climatique comme le constataient déjà en 2021 les patrons du secteur : « les coûts des intrants indispensables à la culture de la mâche ont fortement augmenté ces derniers mois : + 10 % sur le prix du sable, + 45 % sur les engrais, + 50 % sur le tarif des bobines de film plastique, selon la filière. Sans compter que le coût du gaz et du carburant a aussi grimpé. ‘‘C’est du jamais vu. Nos marges sont désormais extrêmement réduites’’, s’alarme Régis Chevallier. ‘‘On arrive à un trop-plein’’, confirme Laurent Bergé, président d’Océane, principale coopérative légumière du bassin nantais. ‘‘Les producteurs ne peuvent plus absorber à eux seuls ces surcoûts. Il faut trouver une solution sinon on ne pourra plus sortir de mâche.’’ Comme si cela ne suffisait pas, l’interdiction des emballages plastiques et des élastiques au 1er janvier 2022 entraînera des frais supplémentaires de conditionnement jugés ‘‘importants’’ ».

(source: https://www.20minutes.fr/.../3180795-20211125-nantes...)

La véritable solution réside dans une rupture de modèle. Les paysans maraîchers bio du département n’ont pas attendu les expérimentations du CDDM pour cultiver sur sol vivant. Ils se passent d’ores et déjà d’un sable inutile à la culture maraîchère véritable. L’argent mis dans ces expérimentations qui visent à réduire l’usage du sable, des pesticides et des fongicides, devrait être immédiatement utilisé pour installer des fermes maraîchères en lieu et place de l’agro-industrie légumière. Les maraîchers bio ont construit depuis plusieurs décennies des modèles agro-écologiques qui sont économiquement viables et pourvoyeurs d’emplois. Ce n’est pas en maintenant une industrie spécialisée, sur-mécanisée et orientée vers l’export, que l’on répondra aux enjeux écologiques de l’époque.

Mais plutôt que d’engager cette transformation structurelle, l’agro-industrie pratique le verdissement. Elle créé un label Haute Valeur Environnementale si peu restrictif que 60 % des exploitations actuelles du CDDM peuvent y prétendre sans transformer leurs pratiques tout en faisant croire aux consommateurs que leurs productions sont bonnes pour la santé et l’environnement. Elle crée un label « zéro résidus de pesticides » qui ne veut rien dire et dont chaque exploitation peut sortir et rentrer à tout moment pour continuer à pratiquer les traitements et ensuite revendre les légumes traités. Rappelons que ce que motive ces expérimentations est bien le fait de devoir rester compétitif, l'acceptabilité sociale de ce modèle agricole nuisible et non pas l'écologie. Rappelons que le vice-président et le trésorier de la fédération des maraîchers nantais, dont le siège accueille ces expérimentations, ont été condamné plusieurs fois comme rappelé ci-dessus pour avoir préféré le profit à l'écologie.

Dans la serre expérimentale de Pont Saint Martin, la majorité de la surface n'était pas du sol vivant, mais bel et bien ensablée ! L’enjeu n’est pas de réduire le sable, mais de le supprimer. Nul besoin d’un site d’expérimentation pour cela, une étude des fermes existantes en maraîchage bio suffirait à le démontrer. Mais celles-ci ne sont pas industrielles, ni compétitives pour l’export, et donc pas intéressantes pour l’agro-industrie légumière.

Au centre expérimental de Pont Saint Martin, l’exemple le plus emblématique de la mal-adaptation au réchauffement climatique est un programme que les lobbyistes de la Fédération ne mettent -bizarrement ! - pas du tout en avant. Dans la serre ciblée par les manifestant-e-s, il y avait bel et bien une surface en mâche industrielle avec l’usage d’un pesticides : le Fresco. Un herbicide produit par BELCIM, et notamment destiné à la mâche plein champs et sous abri.

La molécule active de cet herbicide est le métobromuron, avec une concentration de 400 g/l. (source : https://belchim.fr/producten/fresco/ ). Voici sa classification de dangerosité selon l’ANSES : C2 Cancérogénicité - Catégorie 2 ; C2 Toxicité spécifique pour certains organes cibles après une exposition répétée - Catégorie 2 ; TAC1 : Dangers pour le milieu aquatique - Danger aigu, catégorie 1 ; TCC1 : Dangers pour le milieu aquatique - Danger chronique, catégorie 1. (source : https://ephy.anses.fr/ppp/fresco)

Mais c’est quoi au juste le métobromuron ? C’est du C9H11O2N2Br. Un biocide, destructeur pour les algues et les abeilles. Mais selon l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industiel et des Risques) il n’existe tout simplement « pas de donnée disponible » sur son impact sanitaire ! (source : https://substances.ineris.fr/fr/substance/pdf/1238). Le produit est pourtant bien reconnu comme un polluant par l’État puisque soumis à « la redevance pour pollution diffuse » instituée par le code de l’environnement. (source : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046829534 ), et il est bel et bien utilisé par l’agro-industrie.

La recherche du CDDM, dans le cadre du programme écophyto consiste « à réduire les doses employées ». Combien faudra-t-il de scandales comme celui du metamsodium pour que cette industrie cesse de nous empoisonner ? Les expérimentations de réduction d’emploi d’herbicides de fongicides ou de pesticides visent simplement à maintenir l’acceptabilité sociale de l’usage de ces produits toxiques. Leur utilité sociale et écologique est nulle. Les vrais maraîchers, eux, ont fait pousser des légumes sans ce type de produits pendant des siècles et des siècles.

Il ne faut donc pas s’étonner que face à cette mal-adaptation d’une industrie en bout de course, des manifestant-e-s s’organisent pour désarmer ce qui nous empoisonne et réclament un démantèlement progressif de l’agro-industrie nantaise et la restitution des terres aux paysans !

Les soulèvements de la terre sur fb

 

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