Un collier de coquillages pour Pablo (Pablo Neruda, 40 ans déjà)

Publié le 18 Septembre 2013

Un collier de coquillages pour Pablo (Pablo Neruda, 40 ans déjà)

Pour toi qui aimait la vie dans toutes ses substances laiteuses

Je couche sur ta mémoire

Un collier de coquillages aux nuances nacrées

Pour toi qui palpait au plus profond de la terre généreuse

La vérité de notre histoire

J’accroche au cou de tes ténèbres ce message irisé

Chaque petite vie de notre Terre-mère, précieux trésor

Tu enfouissais au cœur de ton savoir

Bout d’ongle incrusté tel un éclat lustré

Fixant à jamais son origine, collectionneur d’ivoire

Le sang limpide et transparent d’une huitre

Te faisais écrire un poème à la chaux blanchie

Des piquants neigeux comme des stalagmites

Tu t’écriais miracle : et les vers luisaient sous tes doigts ravis

Un collier de coquillages pour Pablo (Pablo Neruda, 40 ans déjà)

A toi grand malacologiste d’une poésie minérale à souhait

Je dédie ses mots maladroits et empruntés

Les enfilant, petites perles infimes

Entre la nacre et le feuilleté marin

Je te confie ce collier messager d’un signe de la main

Qu’il arrive à toi

Souffle de ce qui fut

La passion d’une vie

Celle qui à l’affût

Du monde vivant sacré

Fut la tienne, poète aux bras chargés

Carole Radureau (06/09/2013)

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Un collier de coquillages pour Pablo (Pablo Neruda, 40 ans déjà)
Mes autres poèmes pour Pablo :

* Mon compagnon de route Pablo

* Echo de Pablo

* Le mystère Pablo

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Un collier de coquillages pour Pablo (Pablo Neruda, 40 ans déjà)
Je m’arrête ici (1949)

Ici prend fin ce livre qui est né

de la colère comme une braise, comme

les territoires

de forêts incendiées, et je désire

que tel un arbre il continue

à propager sa flamme claire.

Mais dans ses branches tu n’as pas trouvé

que la colère : si ses racines

ont cherché la douleur elles cherchèrent aussi la

force,

et je suis cette force de pierre pensive,

cette joie de mains rassemblées.

Oui, je vais et viens libre dans les êtres.

Je vis parmi les êtres comme l’air.

De la solitude traquée,

je sors me mêler à la foule des combats,

libre puisque dans ma main va ta main

et que nous conquérons des joies qui ne se domptent pas.

Livre commun d’un homme, pain ouvert :

cette géographie est celle de mon chant.

Un jour, des paysans communautaires

recueilleront son feu et à nouveau

sèmeront ses flammes et ses feuilles

sur le navire de la terre.

Et ma parole renaîtra,

dans un autre temps sans douleurs peut-être,

Sans ces brins impurs qui fixèrent

leurs végétations noires à mon chant.

Et l’on verra flamber à nouveau et très haut

mon cœur brûlant et étoilé.

Ici s’achène mon Chant général,

un livre écrit

dans la persécution, en chantant sous

les ailes clandestines de ma patrie.

Aujourd’hui 5 février de l’année

1949, au Chili, à

« Godomar de Chena ». J’aurai,

dans quelques mois, quarante-cinq ans.

Un collier de coquillages pour Pablo (Pablo Neruda, 40 ans déjà)
Pablo Neruda (Je suis, Le chant général)

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

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