par Iván Paredes Tamayo le 8 septembre 2022

Les incendies ont pénétré dans deux zones protégées boliviennes : le parc national d'Otuquis et le parc national Noel Kempff Mercado, tous deux situés dans la région orientale de Santa Cruz.
Selon le gouvernement bolivien, il y a jusqu'à présent 14 grands incendies actifs. Des équipements aériens sont utilisés pour éteindre les flammes.

Le 4 septembre, la Bolivie a célébré avec inquiétude la Journée nationale des zones protégées et a été touchée par la propagation des incendies de forêt. Le point le plus critique et le plus préoccupant se situe dans le parc national Noel Kempff Mercado, l'une des zones naturelles les plus importantes du pays. Dans cette zone, le feu ne faiblit pas. L'alerte est élevée et les autorités ont mis en place des mesures spéciales pour tenter d'éteindre l'incendie. Au 5 septembre, selon l'Observatoire de la forêt sèche chiquitana de la Fondation pour la conservation de la forêt chiquitana (FCBC), 42 320 hectares du parc national, situé dans le département de Santa Cruz, avaient brûlé. Ce chiffre a également été confirmé par le bureau du gouverneur de Santa Cruz.

L'Observatoire FCBC a envoyé à Mongabay Latam un rapport actualisé sur les incendies dans le parc national Noel Kempff Mercado. L'entité a recueilli des images du satellite Sentinel entre le 28 août et le 5 septembre 2022 qui montrent que les incendies se situent au sud de la zone protégée, au milieu de la Chiquitania bolivienne. En outre, il a été constaté que les incendies se trouvent dans des zones très difficiles d'accès.

L'Observatoire a également constaté que 81 % de ces zones brûlées ont également été touchées par des incendies en 2020, année où la Bolivie a atteint un niveau record de dégâts causés par les incendies : quatre millions d'hectares détruits par le feu.

De même, la Fondation des Amis de la Nature (FAN), par le biais du Système de surveillance et d'alerte précoce des risques d'incendie de forêt (SATRIFO), a confirmé que le parc Noel Kempff Mercado est touché par plus de vingt incendies. "Selon différentes sources d'information, la présence de points chauds dans la zone nationale protégée Noel Kempff Mercado est observée depuis sept jours, et ils sont situés au sud de la zone. Cette trajectoire des points chauds change en fonction de la direction du vent", indique le rapport envoyé à ce journal le 1er septembre.

De même, la plateforme de surveillance par satellite Global Forest Watch, consultée par Mongabay Latam, indique que depuis le 28 août à ce jour, 1250 alertes au feu ont été enregistrées dans le parc, dont 115 ont une fiabilité très élevée. Quant aux 1135 alertes restantes, les experts indiquent qu'elles peuvent être associées à deux causes : les températures élevées résultant des incendies ou la réflexion du soleil sur la zone surveillée.

Ce qui est certain, c'est que le feu ne s'arrête pas et s'étend sur le plateau de Caparú, où se concentrent la plupart des points chauds. Ces incendies sont actifs depuis le 28 août et la sonnette d'alarme a été déclenchée immédiatement. Il a fallu que les autorités de l'État unissent leurs forces pour pénétrer dans la zone. Le gouvernement central, en collaboration avec le gouvernement de Santa Cruz et la mairie de San Ignacio de Velasco, a commencé à éteindre les incendies. Une équipe aérienne est entrée sur le plateau le dimanche 4 septembre, mais il y avait encore des feux.

Outre Noel Kempff, l'incendie touche également le parc national d'Otuquis et se rapproche dangereusement de la zone naturelle de gestion intégrée (ANMI) de San Matías. Ces trois zones protégées se trouvent dans le département de Santa Cruz.

L'incendie d'Otuquis, une zone protégée située au milieu des marais boliviens, est classé comme un incendie de sixième génération, ce qui signifie que le feu peut se propager rapidement et créer de nouveaux foyers. Selon le gouvernement de Santa Cruz, au 5 septembre, plus de 43 000 hectares de la réserve avaient été touchés par le feu, qui est entré depuis le Paraguay il y a trois semaines. L'entité de Santa Cruz a ajouté que cet incendie a un comportement extrême, avec des flammes de plus de cinq mètres et des colonnes de fumée de plus de 30 mètres. Il s'étend sur plus de dix kilomètres du parc.

Un feu difficile à éteindre

Yovenka Rosado, directeur des ressources naturelles du gouvernement de Santa Cruz, a déclaré à Mongabay Latam que l'incendie dans le parc Noel Kempff Mercado est situé sur un plateau, de sorte que les gardes forestiers ont été invités à se rendre sur place pour concevoir la meilleure stratégie d'attaque de l'incendie, et que le feu est difficile à éteindre.

"La seule solution pour pénétrer dans les incendies du parc national Noel Kempff Mercado est de recourir à la voie aérienne, bien qu'il existe toujours des risques pour le personnel, aussi bien formé soit-il. Les incendies sont situés sur de hauts plateaux et il est presque impossible de les atteindre par voie terrestre", a déclaré M. Rosado.

De son côté, Alberto Terrazas, directeur du parc Noel Kempff Mercado, a déploré que chaque année, le parc soit touché par des incendies, qui se produisent parfois dans des endroits inaccessibles et finissent par s'éteindre. "C'est une zone très spéciale, qui a ses propres conditions et qui est très compliquée à atteindre", a déclaré le garde forestier du parc, qui a ajouté que deux équipes, composées chacune de six gardes forestiers, sont entrées dans le parc pour tenter d'éteindre l'incendie.

Le parc national Noel Kempff est l'un des plus grands parcs de Bolivie, couvrant 1 523 000 hectares. Son extension le place entre la Chiquitania et le bassin amazonien. Elle présente une riche mosaïque de types d'habitats, de la savane et de la forêt du Cerrado aux forêts amazoniennes à feuilles persistantes des hauts plateaux. Le site a jusqu'à présent enregistré 1 142 espèces de vertébrés. Elle abrite 139 mammifères, 617 espèces d'oiseaux, soit 21% des espèces d'Amérique du Sud, pour la plupart d'origine amazonienne. Elle abrite également 250 espèces de poissons, 74 espèces de reptiles et 62 espèces d'amphibiens. Il y a 24 espèces menacées d'extinction.

Parmi les plus grandes menaces qui pèsent sur le parc Noel Kempff Mercado figurent la déforestation, les implantations irrégulières, les incendies de forêt et le trafic de drogue.

L'urgence continue

Selon un rapport du système d'alerte précoce des incendies de forêt (Satif), qui dépend du gouvernement de Santa Cruz, 50 % du département bolivien est exposé à un risque extrême d'incendie de forêt, avec une superficie touchée de 70 545 hectares depuis le début de l'année et 2 776 brûlures signalées au cours du seul mois de septembre.

Ce système a détecté des feux de forêt actifs dans les municipalités de Concepción, Carmen Rivero Tórrez, Porongo, Santa Rosa de Sara, Santa Cruz de la Sierra, Warnes, Gutiérrez et San Ignacio de Velasco. Le plus grave d'entre eux se trouve à l'intérieur du parc national Noel Kempff Mercado.

La FAN, qui est une organisation dédiée à la recherche et à la conservation de la biodiversité en Bolivie, a expliqué que dans le Noel Kempff Mercado, les niveaux de risque d'incendie sont encore élevés, en raison de différents facteurs. "Pour les prochains jours, des niveaux élevés de risque d'incendie sont encore maintenus, ce qui nous maintiendrait en alerte car les incendies détectés dans la zone pourraient se poursuivre", indique le rapport du système de surveillance de l'organisation.

Le ministre de la Défense, Edmundo Novillo, a indiqué que dimanche dernier, le 4 septembre, une incursion a commencé depuis le ranch de Tres Lagunas avec une mission d'hélicoptère pour combattre les feux de forêt. Le camp central a été installé dans la zone avec 16 pompiers forestiers du commandement conjoint pour la réaction aux événements indésirables.

" Leur mission est de lutter contre les feux d'herbe et de brousse, typiques de la région, sur le plateau de Caparú, situé à 40 kilomètres du camp central, dans la réserve forestière du parc national Noel Kempff. Dimanche (4 septembre), il y avait quatre feux de forêt actifs dans cette zone", a déclaré M. Novillo lors d'une conférence de presse.

Pendant ce temps, le vice-ministre de la défense civile, Juan Carlos Calvimontes, a déclaré à Mongabay Latam qu'il se trouvait dans la région de la Chiquitania pour diriger des actions visant à éteindre les incendies dans la zone, en particulier dans le Noel Kempff Mercado. "Nous travaillons avec l'hélicoptère avec le système 'bambi bucket', qui déchargera 550 litres d'eau et au sol, nous utiliserons le travail des pompiers pour éteindre les restes de l'incendie", a-t-il déclaré.

Selon le vice-ministre Calvimontes, jusqu'au lundi 5 septembre, 18 grands incendies ont été signalés dans 18 municipalités de l'est de la Bolivie, dont 14 ont été éteints et quatre sont encore actifs : trois dans le département de Santa Cruz et un dans la région de Beni.

La Bolivie connaît à nouveau des jours difficiles en raison des feux de forêt. Selon M. Calvimontes, au 31 août, 299 503 hectares du territoire bolivien avaient été touchés par les incendies. Santa Cruz représente à elle seule 77,5 % des zones brûlées, et le département amazonien de Beni est touché à 19 %. Le reste des incendies - sur 3,5 % du territoire - ont été enregistrés dans les régions de La Paz, Chuquisaca et Tarija.

Selon les données officielles, le nombre d'hectares touchés par les incendies a diminué cette année par rapport à la même période en 2021. L'année dernière, selon les données du ministère de l'environnement et de l'eau, environ 3,6 millions d'hectares ont été touchés en Bolivie.

Le brûlage des prairies a généralement lieu chaque année afin d'étendre les frontières de l'agriculture et de l'élevage. Le brûlage commence généralement en mai et juin, et se poursuit parfois jusqu'en septembre. La conséquence directe est que ces incendies échappent souvent à tout contrôle et finissent par toucher des territoires sensibles tels que des zones protégées.

Image principale : La plupart des zones touchées comportent d'immenses prairies, ce qui favorise la propagation de l'incendie. Crédit : Ministère bolivien de la défense

traduction caro d'un reportage de Mongabay latam du 08/09/2022

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