Pierre de sang : Figés pour l’éternité
Publié le 19 Juillet 2013
photo : High Contrast
De la pierre,
en veux-tu, en voilà !
C’est à Pompéi qu’il faut se rendre
pour plonger son regard dans le minéral,
voir à perte d’horizon
l’étendue froide et sombre.
Là où la lave passa,
tout n’est que pierre et désert,
là où la lave passa,
l’histoire se scella.
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Ici une arène et ses gradins :
il n’y manque que les cris
des habitants attirés par la curée prochaine.
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Ici le patio et sa fontaine de pierre,
ici les murs des maisons
pris sur le vif du moment,
peu ébranlés
par la colère du géant.
A Pompéi on se perd.
La ville étend ses quartiers
comme une pieuvre allonge ses bras,
seul le volcan pouvait la détruire,
seul le volcan pouvait bâtir
son lit sur l’ordonnance des hommes.
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A Pompéi deux visions
choquèrent mon âme adolescente :
un homme couché, surpris dans son sommeil.
Je me demandais
s’il eut le temps de dire OUF,
de se rendre compte que le drap
sur sa peau était de lave,
si la caresse n’était pas plus brûlante
que de coutume.
Je me souviens de son pied,
de la sandale figée,
et de l’os à vif pris sur le vif.
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Je vis aussi un chien.
Il essayait de fuir.
Je l’imaginais tirant sur sa laisse,
la braise se rapprochant irrémédiablement.
Et lui, tirant, tirant, tirant…..
…..Trop tard !
Il est statue de pierre pour la nuit des temps,
une célébrité achetée
dans l’atrocité d’une minute ultime.
Je revois ce jour des images,
et je retrouve leurs traces :
images figées de mon passé,
images figées de la mort,
la pierre a gravé votre sort
dans l’éternité de son remord.
Carole Radureau (16/07/2013)
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