L'autarcie, ce beau pays
Publié le 10 Septembre 2013
Fragment d’une petite chambre de bonne
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Dans un tiroir de ma petite chambre de bonne
j’ai puisé un mot-souvenir :
autarcie.
Il réveille en moi un parfum si lointain,
un goût d’authentique pensée
un jour ébauchée, effleurée,
malgré tout si présente encore.
L’autarcie serait-elle liberté ?
Une vie sans chaînes,
une vie-aigle royal.
L’autarcie serait-elle bol d’air ?
Vif, froid, vivifiant, pur et cristallin,
celui qui jamais n’est souillé par la pollution des hommes.
L’autarcie c’est vrai, c’est la vie rude.
Parfois l’avenir ne vient la troubler
car les maux de la ville
ne sont pas sa vérité.
L’autarcie puise au plus profond du puits de l’humanité
ses racines aux cheveux longs et frisés.
Elle remonte avec eux les leçons de la vie
celles que les premiers hommes ont écrites pour leur survie,
une mémoire en nos cœurs sauvegardée
quand l’homme à lui-même est livré.
La nature loin d’être une ennemie
revêt ses plus beaux habits,
simplement l’homme libre et nu les aperçoit sous la lune
en transparence comme peu d’êtres les voient.
L’autarcie fabrique dans les cervelles
une énergie à nulle autre pareille.
Les neurones débarrassés des soucis
d’une vie conformiste
se creusent leurs méninges oxygénées
pour chauffer l’air vif,
mettre le feu sous la casserole,
cuisiner un ragoût avec si peu de choses,
abriter la maison des intempéries,
trouver les solutions d’un confort précaire,
solutionner mille et un petits soucis
d’une vie au grand air,
d’une vie sobre et austère.
Si je t’avais choisie, autarcie
au lieu de changer mon chemin
j’aurais aimé dépenser ma vitalité
au gré d’une vie rustique,
cultiver mes chères simples dans leur simple appareil,
tester les espèces qui plaisent à mon quotidien :
la bourrache aux fleurs bleues étoilées,
la saponaire mousseuse,
le raifort pour les sauces relevées,
les groseilles et leur rougeur craquante,
la roquette à saveur de noisette qui chauffe les esprits,
le serpolet aux vertus généreuses,
puis la sarriette ou poivre d’âne qui parfume les haricots l’été.
Je ne t’ai pas choisie autarcie
pour accompagner mon chemin,
pourtant,
ton nom résonne, exotique aux oreilles de mes enfants
comme un jardin d’Eden à conquérir,
comme un rêve lointain qui s’échappe peu à peu.
La vie bien entamée ne ressert pas les cartes
à ceux qui ont raté le coche du destin.
Carole Radureau (29/07/2013)
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