Chiapas : Des nouvelles concernant le cas d’Alberto Patishtán.

Publié le 18 Septembre 2013

Chiapas : Des nouvelles concernant le cas d’Alberto Patishtán.

Voici une partie de la conférence de presse du 13 septembre 2013, donnée
par Patishtán, depuis la prison n°5 de San Cristobal de las Casas au
Chiapas.

Le lendemain de la ratification par le tribunal de sa condamnation à 60
ans de prison, Patishtán insiste pour dire qu’il ne sollicitera pas la
grâce présidentielle pour être libéré, car il est innocent. Ce sont eux
qui devraient s’excuser pour ce qu’ils m’ont fait subir – a déclaré
Patishtán

« J’ai toujours dit que je ne demanderais pas la grâce présidentielle,
parce que : de quoi vais-je demander pardon ?; au contraire, ce sont eux
qui devraient me demander pardon pour ce qu’ils m’ont fait ; je souhaite
seulement que justice soit faite, rien de plus » – a–t’il déclaré”

- « s’ils vous offraient la grâce présidentielle : l’accepteriez-vous sans
l’avoir demandé ?"

- « je vous répète : je veux seulement qu’ils me libèrent parce que je
suis innocent ; je demande seulement qu’ils me libèrent un point c’est
tout. »

Il a soutenu que les magistrats du premier tribunal associé du vingtième
circuit siège, à Tuxtla Gutiérrez, ont refusé de le libérer « peut-être à
cause de ma couleur de peau ou parce que je suis indigène ; peut-être
parce que je ne suis pas étranger, ni blanc et parce que je ne parle pas
d’autres langues, ou parce que je n’ai pas le pouvoir économique de faire
autre chose ».

Il a déclaré qu’il fera appel aux tribunaux internationaux afin d’obtenir
sa libération. « Tristement je peux dire que nous devons sortir du Mexique
pour chercher la justice, ça ne devrait pas être ainsi. Nous devons aller
avec Amnesty International. J’ai dit ma vérité et elle ne peut pas être
sans fondement. »

Accompagné par sa fille Gabriela Patishtán Ruiz et sa petite-fille
Génesis, d’à peine trois mois, il a déclaré : « comme vous le savez bien,
hier on avait tous l’espoir que les autorités démontraient un peu de
justice, mais ça n’a pas été le cas, tout le contraire » – a-t’il signalé.

« Les autorités ne voient pas les choses comme je les vois ; si je leur
prêtais mes yeux, je crois que les choses seraient différentes ; si je
leur prêtais la conscience que j’ai, les choses seraient différentes »,
exprime-t-il, avant d’ajouter : « je ne me tairai pas, je continuerai à
lutter et la vérité se saura un jour. Je suis tranquille, un peu indigné
de ce qui s’est passé, mais ici je suis debout avec courage, je vais à la
recherche de la liberté. »

« J’ai la conscience tranquille et cela me donne du calme, du courage et
de la force pour continuer à vivre ; n’importe où que je sois, l’important
est de rester en vie » a-t-il dit. Il a également souligné que toute
solidarité était la bienvenue afin d’obtenir sa liberté et celle des
autres prisonniers injustement arrêtés.

D’autre part dans leur bulletin d’information n°26, du 12 septembre 2013,
le Centre des droits de l’homme Frayba déclare : « La « justice Mexicaine
» nous montre une triste leçon, indigne est la décision prise par les
magistrats du Premier Tribunal Collégial du Circuit, siégeant à Tuxtla
Gutiérrez, Chiapas : Freddy Gabriel Celis Fuentes, Manuel de Jesús Rosales
Suárez et Arturo Eduardo Zenteno Garduño, refusant la liberté au
professeur indigène Alberto Patishtán Gómez. » (…) « La barbarie du
système carcéral au Mexique a été mise à nu grâce aux témoignages tels que
celui du professeur Patishtán à qui le gouvernement mexicain, de façon
injustifiée et répressive a refusé la liberté à plusieurs reprises et en
ayant connaissance de son innocence. Durant son séjour en prison, diverses
violations aux droits humains se sont accumulées tels que : les
irrégularités au cours de son procès, l’isolement, des traitements
humiliants, cruels, inhumains et dégradants, la torture, la
discrimination, les violations graves à sa santé, tout ceci lié à son
intégrité et sa sécurité personnelle ».

Le Centre ajoute que la privation arbitraire de sa liberté, depuis ce 19
juin de l’année 2000, a déchiré son projet de vie, en lui arrachant treize
années de ses rêves, de son travail, de ses espoirs aux côtés de sa
famille et de son village indigène tsotsil. Cependant, aujourd’hui, depuis
la prison, il continue son cheminement de lutte, où la conscience de
dignité ne cède pas.

Enfin le Frayba signale qu’afin de faire reconnaître l’innocence du
professeur Patishtán, ce centre de Droits de l’homme a déposé, depuis le
mois d’ août 2010, une demande d’ouverture de pétition devant la Cour
Inter-américaine des Droits de l’homme (CIDH) contre l’État mexicain ; la
procédure a suivi son cours et, durant le mois d’octobre, sera relancée de
manière directe devant des mandataires et le secrétariat général de la
CIDH, jusqu’à obtenir que l’on remette le professeur Patishtán en liberté
et qu’il obtienne réparation pour les violations systématiques que l’État
mexicain a commis et commet encore contre l’un des prisonniers politiques
de plus grande qualité morale au Mexique.

Quant aux organisations solidaires adhérentes à la sixième déclaration
zapatiste, le groupe de travail « No estamos todxs » qui accompagne et
suit le cas du professeur Patishtàn de près, a signalé dans son communiqué
du 13 septembre : « La vergogne a un visage et la justice des peuples a
une mémoire, dans le cas de Patishtán entrent beaucoup des visages que
nous n’oublions pas. Corrompus, coupables de tortures, détestables et
traitres, tels sont les visages du président municipal de l’époque où
Patishtàn a été arrêté dans les années 2000 par vengeance politique :
Manuel Gómez Ruiz ; les présidents Zedillo, Fox, Calderón et Peña Nieto-
assassins et répresseurs ; les gouverneurs Juan Sabines Guerrero et Manuel
Velazco Coello, qui se sont seulement servis du professeur pour leurs
magouilles politiques sans jamais faire quoi que ce soit pour le libérer …
il s’agit de toute une famille de criminels remplie de pouvoir, et
aujourd’hui, nous pouvons rajouter les noms des bureaucrates tels que les
magistrats de la Cour suprême, qui ont accepté l’acharnement du mauvais
gouvernement contre un militant social ».

Les compagnons finissent leur communiqué en nous rappelant que « la lutte
continue, qu’Alberto va continuer la lutte, toujours en dénonçant les
mauvaises conditions carcérales dans lesquelles il se trouve séquestré. Il
va continuer à organiser beaucoup d’autres prisonniers en faisant de la
prison une usine de conscience. Il continuera à être un exemple pour tous
et toutes »

Et comme Alberto Patishtan disait dans une interview du documentaire
intitulé « Vivre ou mourir pour la vérité et la justice » :

«La lutte que je mène n’est pas seulement pour régler mon cas. C’est pour
tout le monde. Il n’y a pas que moi qui souffre. Beaucoup sont arrêtés
pour des injustices. Certains parce qu’ils sont pauvres : ils n’ont pas pu
se payer un avocat. D’autres parce qu’ils ne savent pas parler espagnol.
C’est pour ça que je me bats : parce qu’il n’y a pas de justice ».

Par Les trois passants
Corrections Myriam.

Sources :
Periódico La Jornada,14/09/2013, p. 33
Boletín N°26 del Frayba: Una más, la justicia en México oscura y decadente
Comunicado del GT « No estamos Todxs » 13/09/2013
Sitio del SIPAZ

Plus d’infos sur: http://liberonsles.wordpress.com/

Rédigé par caroleone

Publié dans #prisonniers politiques

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