Vieillir ensemble

Publié le 31 Mars 2013

 

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Ils avançaient sur le chemin de la vieillesse

main dans la main comme dans la vie,

yeux dans les yeux un brin complices,

le chemin semblait long encore,

les roses à cueillir embaumant celui-ci

de son parfum d’avenir habillé en molleton.

La nuit je me souviens,

quand éveillés ils parlaient dans leur lit,

les questions revenaient sur leur devenir ;

ils se disaient : Si je meurs le premier,

si c’est moi qui pars avant, que feras-tu ?

Pour moi qui le savais, j’en étais triste à pleurer.

Jamais je n’aurais pensé

qu’il en était ainsi des hommes.

Ils avançaient d’un pas joli sur les chemins de l’âge,

un jour l’un d’eux sauterait le pas ;

ce fut elle qui un jour s’alita

dans la pièce commune sur son lit de misère

entourée par l’amour de son homme

et de sa famille.

Chaque jour elle s’éteignit comme une chandelle

qu’on laisse se consumer jusqu’à la lie.

Lui, il ne comprit pas.

C’était impossible qu’elle ne se relève pas.

Il vivait en aparté la regardant souffrir,

mais jamais il ne pensait que ça s’arrêterait.

Il croyait que pour toujours

elle resterait ainsi.

Un jour, elle mourut.

C’était la nuit, recueillie dans les bras de son fils

elle lui laissa son dernier souffle,

seul, il su son au revoir.

Lui, il ne comprit pas.

C’était comme si la vie lui avait joué un mauvais tour.

C’était impossible qu’elle se comporte ainsi;

et il se renferma.

Homme généreux, écorché d’une vie de galère

jamais une plainte, jamais un cri,

jamais de complainte pour chanter sa colère,

il parti seul jusqu’à sa fin à lui.

Puis un jour, il la rejoignit.

Je sais qu’il était content alors, la vie enfin

lui rendait sa demie, sa petite moitié à lui.

Parfois, je me demande si la vieillesse à deux

n’est pas la pire des sentences,

et je pense à Lafargue et Laura qui ensemble

sautèrent le pas de la mort,

pour ne pas décatir, devenir des poids morts.

C’est un choix de progrès dont le courage est digne.

Mourir de concert

avec l’élue de son cœur

n’est-ce pas aussi ça l’amour ?

 

Carole Radureau (31/03/2013)

 

 

 

A Pierre et Marie-Rose

 

 

Ce texte est libre de droit et diffusé sous licence creative commons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Mes anar-poèmes

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