Une compagnie en Palestine

Publié le 27 Juillet 2010

mercredi 21 juillet 2010 / "le Patriote"      http://www.le-patriote.info/

 

La Compagnie Sîn se trouve actuellement en Cisjordanie pour y faire poser les jalons de projets d’actions culturels et de créations artistiques. La Cie travail à construire des échanges avec les artistes des territoires occupés palestiniens depuis 2002. Emilien Urbach, directeur artistique de Sîn, accompagné pour ce séjour d’Emilie Pirdas (comédienne), Lisie Philip (danseuse) et d’Olivier Baudoin (photographe) nous livre ici ses réactions après sa rencontre avec l’Association des Combattants pour la Paix.

 

17 juillet 2010.

 

 Aujourd’hui, j’ai pris un bol d’air.

 

Je n’ai pas été me balader au bord de la mer morte ; Je ne pense pas non plus à la petite heure passée au frais dans l’Eglise de la Nativité.

 

Mais j’ai pris un bol d’air.

 

Une respiration.

 

Je ne suis pas allé sur le Mont des oliviers observer Jérusalem.

 

Mais j’ai senti un vent frais ;

 

Je ne me suis pas promené sur les remparts d’Al Quods ou de Jéricho. Ni même visité les jardins d’Haïfa.

 

Mais j’ai été caressé par une brise rafraichissante.

 

Je n’ai pas nagé le long des plages de Gaza ou de Tel Aviv. Je n’ai pas trouvé l’ombre d’un amandier dans les campagnes vertes de Naplouse. Mais une fenêtre s’est ouverte sur la pestilence de la situation ici. Nous nous sommes rendu à la célébration du cinquième anniversaire de l’Association des Combattants pou la Paix.

 

A Beit Jala, dans la banlieue de Bethléem, se réunissaient une flopée de pacifistes palestiniens et israéliens. Soldats déserteurs ou repentis de l’occupation. Résistants armés cherchant une nouvelle issue. Militants pacifistes convaincus. Tous étaient réunis pour un temps de convivialité et peut-être même de fraternité.

 

Un temps à la limite du réel.

 

De quoi faire taire en France les salauds de tout bord. Qu’il s’agisse de ces quelques militants soit disant pro-palestiniens qui jouent sur l’ignorance et la crise identitaire de certains jeunes habitants des quartiers ghettos de la République. Ou qu’il s’agisse des fous paranoïaques qui crient sans cesse à l’antisémitisme.

 

Dans cet hôtel de Cisjordanie, ils étaient, certes ultra minoritaires, mais parler de combats communs pour la fin de l’occupation et la mise en place d’un dialogue entre les peuples palestiniens et israéliens. Tous ont déjà goûté à la violence et à la violence qu’engendre la violence. Militants de groupes armés ou politiques, anciens soldats ayant servis dans l’armée d’occupation, chacun a décidé de penser par lui-même s’appuyant sur le dénominateur commun partagé partout par tous : Notre humanité.

 

Celui-ci se rendait compte qu’en tant que juif il pouvait aussi accepter son identité arabe. Celui-là, encore militant au sein du fatah de Yasser Arafat et qui a fait cinq ans de prison pour faits de résistance, comprenait qu’il devait proposer autre chose à ses enfants. Un autre encore, ayant fini il y a quelques années à peine son service militaire dans Tsahal, vit aujourd’hui une histoire d’amour avec une libanaise rencontrée à Paris et choisi d’utiliser le théâtre comme lieu de rencontre des cultures du Proche-Orient.

 

Ce ne sont pas des pacifistes bien pensants qui placent palestiniens et israéliens dos à dos. Tous militent pour la fin de l’occupation et la destruction du mur construit par Israël en Cisjordanie comme préalables à toute réconciliation. Mais tous osent aussi l’espoir.

Personne ne s’excuse. Personne ne pardonne ou tend l’autre joue. Chacun prend acte de son humanité et la reconnait dans l’autre, révélant l’absurdité de la guerre, des destructions et des discours de haines.

 

Un bol d’air.

 

Un temps de repos bien mérité.

 

Malgré ça, pour rentrer chez nous à Doha, il nous a bien fallu passer devant le casernement de militaires israéliens installé en plein Beit Jala. Malgré ça, il nous faudra sans doute essuyer quatre ou cinq contrôles militaires pour nous rendre à Jenin. Montrer plusieurs fois nos passeports aux soldats de l’occupation.

 

Mais ces personnes sont des justes.

 

Ici, personne n’a le luxe du désespoir et la résistance est aussi un combat contre soi-même.

Alors, merde à tout ceux qui au nom du martyr des frères de mon grand-père humilient notre espèce et salissent le nom de tous les résistants au nazisme et des enfants gazés.

 

Merde à ceux qui utilisent la foi des oncles et tantes de mes enfants pour en faire des fous de dieu.

 

Merde à la mort et ses anges.

 

Merde à la peur et à la connerie qu’engendre la peur.

 

J’en reprendrai bien avant de dormir… Un bol d’air

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Palestine libre

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Commenter cet article
C
<br /> c'est vrai que cela change et le moins que l'on puisse dire, c'est que la palestine suscite dans le monde entier de gros comités de soutien et le sort des malheureux palestiniens ne laisse pas<br /> indifférent, et c'est tant mieux!!<br /> Tu vois, je trouve que la cause mexicaine et colombienne ne fédère pas autant, ce sont d'autres problèmes mais politiques également, seulement, ils ne sont pas autant médiatisés et les partis<br /> politiques ne s'en occupent pas !!<br /> <br /> <br />