Un sanctuaire pour la biodiversité

Publié le 13 Août 2010

13-08-2010
 

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L’archipel de Riou est la seule réserve nationale qui se trouve sur le territoire d’une grande ville et le dernier archipel sauvage de France métropolitaine. Son patrimoine biologique est d’une exceptionnelle diversité. STEPHANE CLAD
Sur une île (4/6). Tour à tour repaire de pirates et poste de guet par le passé, l’archipel de Riou est à présent une réserve naturelle. Elle veille sur les oiseaux qui l’ont choisie pour refuge.

 

Le bord de mer a lui aussi ses edelweiss, de magnifiques fleurs blanches qui, avec les années, se sont dangereusement raréfiées : les lys des sables. Autrefois présentes sur toutes les plages, elles en ont été chassées par le béton et les milliers de serviettes de bain. Les survivantes se sont réfugiées dans les seuls endroits inaccessibles à l’Homme : les îles de la Méditerranée et notamment celles de l’archipel de Riou. Seule réserve nationale qui se trouve sur le territoire d’une grande ville et dernier archipel sauvage de France métropolitaine, son patrimoine biologique est d’une exceptionnelle diversité. Le Conservatoire du littoral, qui l’a acquis en 1992, continue de lutter pour sa préservation.
Au sud de la rade de Marseille, ce sont quatre îles (Riou, Maïre, Jarre et Plane) et six îlots de calcaire blanc qui constituent les 162 hectares de l’archipel de Riou. Situées de 50 à 3 000 mètres de la côte mais réputées difficiles d’accès, elles ne facilitent pas la découverte des milieux insulaires, contrairement à leurs voisines du Frioul qui sont accessibles par navettes depuis le Vieux-Port. Et c’est tant mieux ! L’écosystème du lieu, très fragile, ne pourrait pas supporter une fréquentation aussi importante que celle observée dans les autres calanques de Marseille.

Lieu de reproduction des oiseaux de haute mer

Riche en abris, l’archipel constitue un refuge idéal pour la nidification des oiseaux de haute mer. C’est le seul site français où nichent ensemble le cormoran huppé et trois oiseaux marins de haute mer (le puffin cendré, le puffin yelkouan et le pétrel tempête) qui rejoignent les îles, la nuit, en période de reproduction. Plus de 200 espèces d’oiseaux y ont été observées.
Son microclimat très particulier (sécheresse, vents fréquents et très violents, embruns) et l’extrême pauvreté de son sol ont favorisé le développement d’une végétation d’une grande originalité : des pistachiers lentisques, arbres de moins de 50 cm de hauteur, s’étalant sur plusieurs mètres au sol, des fleurs aux noms pittoresques, comme l’astragale de Marseille, la passerine hirsute, la perce-pierre… En tout, plus de 350 espèces végétales ont été recensées dont 16 rares et donc protégées.
Cet écosystème insulaire est cependant perturbé. Le Conservatoire-Etudes des écosystèmes de Provence-Alpes du sud (CEEP), qui gère la réserve, se heurte à deux problèmes : l’augmentation des populations de goélands et d’espèces introduites par l’Homme (rats, lapins) qui menacent les populations nicheuses d’oiseaux marins, et la fréquentation humaine qui perturbe, et parfois dégrade, le site naturel.
Les gardiens de l’environnement luttent contre ces menaces et veillent au « bon état de santé des îles », selon les termes d’Alain Mante, responsable du CEEP. Leurs actions s’accompagnent d’études scientifiques visant à connaître l’évolution des espèces et des habitats, et à évaluer les effets des mesures prises : les plantes sont répertoriées, le climat enregistré (grâce à une station météo installée sur l’archipel), les oiseaux sont bagués, les terriers marqués…

A l’écart des perturbations humaines
Aujourd’hui inhabité, l’archipel de Riou a été occupé par l’Homme dès le néolithique. C’est surtout l’emplacement stratégique du lieu qui les attira : isolé, mais tout de même accessible, il fut, dès le Moyen Âge, alternativement un poste de guet ou un repaire de pirates. Dès le XVe siècle, des gardiens s’y installèrent pour protéger des invasions, la population de la côte.

A l’instar des autres îles de Marseille, l’archipel servit de site de quarantaine alors que la peste se répandait en Provence au XVIIIe siècle. Il fut également le lieu d’activités économiques humaines. Un toboggan à sable, vestige d’une exploitation de 1850 en témoigne. Le sable récolté alors servit notamment à paver les rues de Marseille.
Dans les années 1950, une grande affaire de contrebande retentit dans la région : des trafiquants de cigarettes cachaient leurs chargements dans les abris rocheux de l’archipel. Puis sciences et technologies investirent les lieux avec, en 1960, la première plongée archéologique. Rendue possible par la récente invention des scaphandres autonomes, elle regroupa Albert Falco et Georges Beuchat pour l’exploration d’une épave romaine.
Enfin, une base militaire occupa l’archipel jusqu’à son rachat par le Conservatoire du littoral. Et on peut remercier l’armée, car l’excellente conservation du patrimoine naturel du lieu n’aurait été possible sans les restrictions imposées aux civils quant au débarquement sur l’archipel.


DELPHINE PERRIAT  pour le journal la marseillaise

 

     

Rédigé par caroleone

Publié dans #PACHAMAMA

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Commenter cet article
C
<br /> toute la région marseillaise est d'une richesse biologique exceptionnelle....c'est vraiment de plus ma région de coeur !!<br /> <br /> <br />