Tupac Amaru II
Publié le 8 Novembre 2012
TUPAC AMARU II
L’évènement
Le 4 novembre 1780 a eu lieu une révolte indienne dans la vallée de Tinta au Pérou.
Les tributs excessifs, la « mita* »et les abus des corregidores* en sont à l’origine et cette révolte est menée par le chef Gabriel Condorcanqui dit Tupac Amaru II.
Le mouvement devient vite indépendantiste en luttant contre les abus des espagnols. Tupac Amaru et ses troupes viennent à bout d’une troupe de 1200 espagnols à Sangara mais au lieu de continuer sa route vers Cusco, Tupac Amaru décide de revenir vers sa ville natale à Tangasuca afin d’y négocier la paix, car ce qu’il souhaite ce n’est pas la guerre contre les espagnols mais faire cesser les abus des corregidores.
Pendant ce temps-là, les espagnols s’organisent et les rebelles sont vaincus une première fois le 8 janvier 1781 par l’armée du vice-roi puis entre le 5 et le 6 avril à Tinta par les troupes du maréchal Del Valle.
Tupac Amaru est fait prisonnier par le général Ventura Landa à Tatanico, il est jugé le 18 mai 1781, il assiste à l’exécution de toute sa famille sur la place d’armes de Cusco.
Il est condamné à mort écartelé par quatre chevaux attachés à ses membres. Sa robustesse ne permet pas de le vaincre de cette façon, alors les bourreaux le détachent et doivent ensuite le décapiter.
Lors de son exécution il parait qu’il aurait dit ses mots :
« Je reviendrai et je serai alors des millions ».
Son corps est mis en morceaux, sa tête placée sur une lance sera exhibée à Cusco et à Tinta, ses bras furent envoyés à Tungasuca et Carabaya et ses jambes à Livitaca et Santa Rosa.
La rébellion malgré tout n’était pas éteinte et elle se poursuivit sous les ordres du demi-frère de Tupac Amaru, Diego Cristobal Tupac Amaru, elle s’étendra jusqu’en Argentine.
Qui était-il ?
José Gabriel Condorcanqui serait le descendant de Tupac Amaru I, le dernier inca de Vilcabamba qui fut exécuté sur la place de Cusco en 1572.
Tupac Amaru signifie en langue quechua : Serpent brillant.
Il est né le 19 mars 1738, c’est le deuxième fils de Miguel Condorcanqui et de Rosa Noguera.
Il est éduqué par les jésuites de San Francisco de Borja à Cusco. Il présente une forte identification avec la population indigène.
Préparé aux hautes fonctions que son rang lui permet, José Gabriel se cultive en lisant notamment les Commentaires royaux de l’Inca Garcilaso de la Vega (1539-1616). Cet ouvrage d’histoire, oeuvre remarquable d’un noble métisse de sensibilité humaniste, raconte le passé préhispanique du Pérou en analysant autant qu’en idéalisant l’organisation sociale de l’Empire inca. Il participe pleinement du mouvement général qui touche les Andes au cours du siècle des Lumières : « la renaissance inca » permet aux descendants de l’empire conquis en 1532 par le conquistador Francisco Pizarro de relever la tête et, par mimétisme, nombre de délaissés de la société coloniale s’identifient à ce glorieux passé. José Gabriel est sensible à ce courant d’idées, surtout lorsqu’il observe la dure réalité qui l’entoure.
Après l’âge de vingt ans il épouse Micaela Bastidas Puyucahua.
Il est un riche propriétaire ainsi qu’un curaca (chef de familles indigènes), il possède des champs de coca à Carabaya, des champs de maïs à Tinta, des mines etc…..
Il est à l’origine en 1776 d’une pétition officielle pour que les indiens soient libérés du travail obligatoire dans les mines . Face au refus des autorités de Lima il prend des mesures plus radicales et en 1780 prend la tête d’une rébellion populaire qui sera la plus importante de l’histoire de la vice-royauté.
En effet, la société coloniale péruvienne est stratifiée en couches sociales pyramidales recouvrant les distinctions raciales : les Espagnols de métropole occupent les plus hautes charges ; les créoles (hispaniques nés au Pérou), partagés entre grosses fortunes et gens modestes, sont en concurrence avec les fonctionnaires royaux qui les regardent de haut ; les métisses, dont le nombre s’accroît, se fraient un chemin entre la réussite et les préjugés ; la masse indienne, majoritairement paysanne, soumise et méprisée, récolte les miettes de cet édifice, tandis qu’une minorité d’esclaves africains est tenue à l’écart (quelques mulâtres se mêlent aux métisses).
Il devient une figure mythique de la lutte péruvienne pour l’indépendance et la reconnaissance des droits indigènes.
Par la suite, les mouvements indigénistes (fin XIXe - début XXe siècle) valorisent les cultures amérindiennes des nations latino-américaines en rappelant Túpac Amaru II. Célébré dans des romans (Ramón J. Sender), des pièces de théâtre (Osvaldo Dragún et David Viñas) et dans des formes d’expression populaire, les historiens étudient aussi sa geste. Le Pérou également, avec les fameux essayistes Mariátegui, Haya de la Torre, Luis Valcárcel.
L’arrivée au pouvoir de militaires de gauche à Lima en 1968, sous la direction du général Velasco, projette Túpac Amaru dans le panthéon de l’histoire nationale. La « troisième voie » neutraliste et socialisante de cette junte particulière en fait un symbole officiel patriotique et anti-impérialiste.
En Uruguay, le mouvement MNL/T Tupamaros de guérilla urbaine prend naissance en 1966 en se référant au nom de Tupac Amaru. En savoir plus ce ce mouvement ICI.
Caroleone
Et voyons ce que nous en dit Pablo :
TUPAC AMARU ( 1781)
Condorcanki Tupac Amaru,
Sage seigneur, père impartial,
Tu vis le printemps désolé
Gravir jusqu’à Tungasuca
Les gradins de la Cordillère,
Il apportait sel et malheur,
L’iniquité et le tourment.
Seigneur Inca, père cacique,
tout était gardé dans tes yeux
comme en un coffre calciné
Par l’amour et par la tristesse.
L’indien tourna vers toi son dos :
de fraîches morsures y brillaient
dans les anciennes cicatrices
de châtiments presque oubliés,
un dos, des dos, des dos, tu vis
toute l’altitude secouée
Par les cascades du sanglot.
PABLO NERUDA ( Chant général)
Les mots savants
- Corregidor : Les corrégidors sont des fonctionnaires royaux espagnols. Leur fonction s'est développée durant le règne des Rois Catholiques même si cette institution fut créée vers 1348. Ces fonctionnaires sont les représentants du pouvoir royal dans des petites villes ou villages, mais ils ont aussi un rôle de contrôleur lors des procès organisés dans leurs juridictions.
- La mita : Travail obligatoire à l'origine chez les incas, puis sous la colonisation espagnole, dans l'Empire du Pérou.
Sources : America.fr.com, wikipédia, cocomagnanville, tourisme Pérou.com