Sarkozy mis en examen, la droite s’en prend à la justice
Publié le 23 Mars 2013
Au pouvoir comme dans l’opposition, la droite garde une dent contre la justice libre et indépendante des juges d’instruction. D’autant plus qu’en c’est un certain Nicolas Sarkozy, en pleine opération de communication pour préparer son retour, qui est mis en examen pour abus de faiblesse dans l’affaire Bettencourt.
Le juge Jean-Michel Gentil avait "déshonoré la justice" en mettant en examen l'ex-chef de l'Etat, s’est plaint Henry Guaino,
fidèle parmi les fidèles. "Je conteste la façon dont il fait son travail, je la trouve indigne, je trouve qu'il a déshonoré un homme, les institutions, la justice".
"Je suis stupéfait par cette décision de mise en examen qui m'apparaît aussi injuste qu'extravagante", a écrit de son côté
François Fillon. Estrosi dénonce lui avec flou "ces méthodes au relent politique évident".
Plusieurs députés UMP réclament que chaque citoyen fasse un petit effort d’imagination : "Est-ce que vous voyez
Nicolas Sarkozy, président de la République, abuser d'une vieille dame en état de faiblesse ?"
Suite à ces charges contre la justice, la gauche de gouvernement, qui vient tout de même de se faire démissionner un ministre du Budget suite à un soupçon de fraude fiscale, salue l’indépendance de la justice. Harlem Désir "met en garde" la droite contre toute "pression" sur la justice. "Nicolas Sarkozy est un justiciable comme les autres", "il n'a pas à être traité différemment, il n'est pas au-dessus des lois". "La justice doit travailler sans instruction individuelle, c'est l'attitude du gouvernement, c'est la politique de la garde des Sceaux, elle laisse les juges mener leurs enquêtes".
Le parti de gauche a de son côté réagit sobrement, sous la plume de ses co-présidents : "Après Jacques Chirac, voici le deuxième président de la Ve République inculpé pour des motifs extrêmement graves moralement. Dans les deux cas, la racine des problèmes est dans un modèle de démocratie où l’argent règne sur tout et sur tous, dans les choix politiques comme dans les pratiques personnelles. Vivement l’heure du coup de balai général sur le système. Et la refondation de notre République."
Le cas Bettencourt, et les autres
Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir abusé de l’état de faiblesse de la richissime Liliane Bettencourt pour financer sa
campagne électorale de 2007. A l'issue d'une confrontation avec plusieurs membres du personnel de la milliardaire dans le bureau bordelais du juge d’instruction Gentil, l'ancien chef de l'Etat
est mis en examen pour des abus de faiblesse. L'enquête a mis au jour de nombreux abus de la fortune de la milliardaire avec notamment des retraits en espèces de plusieurs millions d'euros sur
ses comptes suisses en 2007-2009. Ces retraits, notamment deux de 400.000 euros en 2007, pourraient avoir servi à financer la campagne de Nicolas Sarkozy.
Rappelons qu’un certain Takkieddine accuse l’ancien président d’avoir également touché plusieurs millions d’euros du
dictateur libyen Kadhafi, toujours pour financer sa campagne de 2007. Un point en marge de l’affaire Karachi, pour laquelle plusieurs amis très proches de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert et
Nicolas Bazire, sont déjà mis en examens, pour avoir convoyé ou reçu frauduleusement des sommes en espèces provenant de la vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d'euros) et de frégates à
l'Arabie saoudite (200 millions d'euros) dans les années 1990.
Enfin le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire de police contre Nicolas Sarkozy, à la suite d'une plainte pour détournement de fonds publics visant des sondages d'opinion commandés par l'Elysée sous sa présidence pour un total de 9,4 millions d'euros.
La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a assuré vendredi les magistrats de son soutien, elle "rappelle que l'indépendance de l'autorité judiciaire est garantie par la Constitution", a indiqué la Chancellerie dans un communiqué, ajoutant que la ministre "regrette tous propos qui porteraient atteinte à l'honneur des juges et assure les magistrats qui seraient mis en cause de son soutien".
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