Patagonie libre, sans barrage ni multinationales

Publié le 14 Juin 2011

 

Pour l'info de mon papy.....

 

 

 

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                                                       Patagonie © Jean-Claude Caron janvier 2004

 

 

http://rebellyon.info/

 

 


 

« Qui ne connait pas la forêt chilienne ne connait pas cette planète », Pablo Neruda ; qu’en est-il de ceux qui ne la verront jamais ???


“Qui ne connait pas la forêt chi­lienne ne connait pas cette pla­nète”, Pablo Neruda. Et j’ajou­te­rai que ceux qui ne la connais­sent pas devrait venir vite avant qu’il n’en reste plus rien…

Je m’expli­que. A Santiago du Chili, le 9 mai 2011, a été voté par les douze mem­bres de la com­mis­sion d’évaluation envi­ron­ne­men­tale le projet Hydroaysen, qui auto­rise la cons­truc­tion de cinq cen­tra­les hydro­élec­tri­ques dans la 11e région, située au Sud du pays, avec la mise en rete­nue des fleu­ves Baker et Pascua.

Ce même jour, à 19h, soit une heure après le vote et grâce à l’accé­lé­ra­tion des modes de com­mu­ni­ca­tion qui nous permet de rester connec­tés et de suivre en direct n’importe quel événement, s’agroupe quel­ques mil­liers de per­son­nes autour de la Plaza Italia, centre névral­gi­que du trafic auto­mo­bile san­tia­guino. S’ensui­vront plu­sieurs heures de course pour­suite et de jeu de piste entre les « fuer­zas espe­cia­les », les CRS locaux, tout aussi bien équipés qu’en France, et les mani­fes­tants. Ces der­nies sont pour la majo­rité des jeunes étudiants, sen­si­bles au thème de l’écologie ou tout sim­ple­ment excé­dés par la déca­dence néo­li­bé­rale du pré­si­dent actuel, Sebastian Piñera.


« Patagonia y Chile no se venden ! », mais quel­les sont les consé­quen­ces de l’accom­plis­se­ment de ce colos­sal projet, dont le budget l’est tout autant ?


Pragmatiquement :


 la rete­nue des fleu­ves entrai­nera, en plus de la séche­resse des ter­ri­toi­res privés des res­sour­ces en eau, un désé­qui­li­bre pour ne pas dire la des­truc­tion de l’écosystème local : faune, flore, forêts, en plus de la dis­pa­ri­tion annon­cée de nom­breu­ses espè­ces nati­ves ; notons que la Patagonie fait l’objet d’une can­di­da­ture pour être nommé « site mon­dial patri­moine de l’huma­nité » de l’UNESCO.


 au niveau social, nous pou­vons aisé­ment ima­gi­ner les consé­quen­ces sur les com­mu­nau­tés loca­les de la venue des équipes de tra­vail, plu­sieurs mil­liers de per­son­nes : désin­té­gra­tion des modes de fonc­tion­ne­ment cou­tu­miers, qui cimen­tent les liens sociaux au sein de grou­pes numé­ri­que­ment peu impor­tants et géné­ra­le­ment pro­té­gés des effets de l’urba­ni­sa­tion mas­sive.


 notons aussi la défi­gu­ra­tion des pay­sa­ges, sans doute parmi les plus beaux de cette pla­nète, haut lieu du tou­risme plus ou moins res­pon­sa­ble.


 la cons­truc­tion des cen­tra­les est une chose, la trans­mis­sion de l’énergie pro­duite en est une autre, qui entrai­nera la cons­truc­tion sur plus de 1000 km de lignes et de pylô­nes électriques, détrui­sant parcs natio­naux, forêts, champs des­ti­nés à l’agri­culture etc…


Pourquoi un tel projet si des­truc­teur ?


L’indus­trie minière, cœur de la richesse économique du Chili, bien que vendue aux mul­ti­na­tio­na­les, est la plus grosse consom­ma­trice d’énergie, dans un pays où la moitié de la popu­la­tion vit dans la capi­tale. En effet, malgré ces 4000 km de long, le Chili pos­sède une géo­gra­phie pres­que inhos­pi­ta­lière, entre désert aride au Nord, et gla­ciers au Sud.

Donc, ce projet de ther­mo­élec­tri­ques a été écrit, débattu et voté afin de sub­ve­nir aux besoins énergétiques de l’indus­trie la plus pol­luante du pays, qui enri­chit les mul­ti­na­tio­na­les comme, mais ne permet pas de régler le pro­blème des iné­ga­li­tés révol­tan­tes du Chili. Ici, le salaire mini­mum est de 172 000 pesos, soit l’équivalent de 250€. A titre de com­pa­rai­son, un étudiant à peine sorti d’une uni­ver­sité privée et entrant dans une entre­prise pour la pre­mière fois peut espé­rer un salaire de 800 000 pesos, soit un peu plus de 1000€. C’est dans ce même pays, cette même capi­tale, que pul­lu­lent les 4/4 et les cen­tres com­mer­ciaux, mais aux alen­tours de laquelle cer­tains vivent encore dans l’insa­lu­brité la plus révol­tante, par­fois même sans accès à cette fameuse énergie électrique. Un pays dans la capi­tale duquel les citoyens de cette péri­phé­rie misé­ra­ble sont condam­nés à y rester, décou­ra­gés par le prix exor­bi­tant et en cons­tante hausse des trans­ports en commun.


Quelques mois après la catas­tro­phe nucléaire du Japon, alors que la France conti­nue d’être une puis­sance nucléaire mon­diale, et alors que le thème énergétique devient de plus en plus sen­si­ble face à l’appau­vris­se­ment des res­sour­ces fos­si­les et l’aug­men­ta­tion des scan­da­les et acci­dents hyper conta­mi­nants, plu­sieurs ques­tions se posent à moi :
  Quel pour­cen­tage de la popu­la­tion chi­lienne n’a jamais, et ne mettra jamais, les pieds en Patagonie ? La grande majo­rité me dit-on.


  Quel pour­cen­tage de la popu­la­tion chi­lienne, fran­çaise, japo­naise et autre n’a pas encore cons­cience de l’impor­tance cru­ciale du débat ?


  Comment géné­rer une dis­cus­sion sociale, un débat, un mou­ve­ment global, dans un pays comme la Chili, gan­gréné par les iné­ga­li­tés et le néo­li­bé­ra­lisme ?


Aujourd’hui, c’est la Patagonie qui est en péril, pour le béné­fice des mul­ti­na­tio­na­les comme Transelec. En Colombie, ce sont 40% du ter­ri­toire qui sont mena­cés par les pro­jets miniers , et demain ?


Demain, j’irai mani­fes­ter de nou­veau, j’irai m’étouffer à tra­vers les fumées des gaz lacry­mo­gè­nes, et je ren­tre­rai de nou­veau chez moi trem­pée et glacée, pour m’être trou­vée encer­clée sur une place publi­que, ou piégée entre deux rues, avec tous les autres, face à ce fameux camion cra­cheur d’eau, qui parait beau­coup plus grand vu de près. Ici ils l’appel­lent « le gua­naco » , je vous laisse savou­rer la méta­phore… Et oui, parce que de nou­veau, une mani­fes­ta­tion paci­fi­que, paci­fiste, s’est trans­for­mée en répres­sion d’Etat, qui ne dis­cute pas son budget « dis­per­sion de mani­fes­tants » (même l’héli­co­ptère était là, c’est dire), mais n’écoute pas non plus les reven­di­ca­tions, ne se résout pas à inno­ver pour de bon afin de sortir, enfin, de ce schéma qui nous mène droit à l’échec.


Ca vous rap­pelle quelqu’un ?

P.-S.

Sources : http://latercera.com/noticia/nacion...

http://www.patagoniasinrepresas.cl/..., Patagonia sin represas est l’association principale de lutte contre ce projet, et presente sur son site internet de nombreuses informations détaillées, à partir desquelles j’ai extrait ces éléments.


http://www.elciudadano.cl/2011/05/0...


http://www.clinamen.cl/Nortegrande/..., une sorte de Lama

 

 

 


Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #PACHAMAMA, #Chili

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