Nouvelle embuscade contre la Commune autonome de San Juan Copala
Publié le 23 Août 2010
AUX PEUPLES D'OAXACA, DU MEXIQUE ET DU MONDE
AUX ORGANISMES DE DROITS HUMAINS
AUX ORGANISATIONS SOCIALES
À L'AUTRE CAMPAGNE
À L'ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE
Avec douleur, avec rage, mais avec la dignité de savoir qu'on marche dans
la vérité en suivant la décision du peuple qui commande de ne plus se
taire, nous nous adressons à vous pour vous dire qu'à nouveau notre sol
indigène est la proie du chagrin pour la mort d'hommes dignes et justes,
qui ont rêvé d'un monde meilleur. C'est pour avoir voulu faire de ce rêve
une réalité, pour que nos enfants puissent avoir une vie meilleure, qu'on
massacre le village de San Juan Copala.
Nous dénonçons le fait qu'hier après-midi, à nouveau, le pervers qui est
au pouvoir a massacré nos frères par l'entremise de ses jaunes. Cette
fois-ci, trois compañeros sont morts et deux autres ont été blessés par
des balles qui s'achètent dans les bureaux du gouvernement et qui sont
tirées par les armes de tueurs à gages mal payés. Des tueurs à gages qui,
pour quelques sous, ont vendu la grandeur de leur histoire, car ce sont
des criminels au service des dirigeants.
Ce sont les groupes paramilitaires du MULT et de l'Ubisort qui ont réalisé
cette action criminelle. Il y a trois jours à peine, quelqu'un écrivait,
en réponse à notre dénonciation, qu'il est immoral d'occuper les premières
pages des journaux nationaux avec la mort de nos compañeros. Aujourd'hui,
nous demandons à nouveau ce qui est le plus immoral : dénoncer, ou se
taire comme si la vie de nos frères ne valait rien ; ou, pire encore, se
taire pour aller ensuite aux palais du gouvernement se mettre d'accord sur
le prix de la vie d'un indigène, et remettre alors à sa famille un
pourcentage sur ce qu'on a réussi à négocier. C'est là la morale des
dirigeants du MULT que nous rendons directement responsable, avec
l'Ubisort, de la mort de nos compañeros. Nous les rendons responsables
également de tout ce qui pourrait arriver aux personnes blessées dans
cette embuscade qui a eu lieu à Hierbasanta, alors qu'ils se déplaçaient
vers San Juan Copala pour amener les femmes qui devaient participer à la
caravane motorisée du 23 août à destination de la ville de Mexico.
Nous disons clairement que nous ne nous tairons pas, et nous lançons de
nouveau à tous les compañeros de la lutte sociale au Mexique et dans le
monde un appel à se solidariser avec les communautés de San Juan Copala.
Aux compañeros de l'Autre Campagne, nous leur demandons de réfléchir et de
voir au fond de leur cœur, ils se rendront compte que nous, nous n'avons
aucun problème avec aucune communauté du peuple triqui ; c'est la
direction métisse du MULT qui, sans connaître nos villages et notre
culture, a perverti la lutte que depuis des siècles San Juan Copala a
menée aux côtés du peuple d'Oaxaca, à la recherche d'une vie meilleure. Il
faut que le peuple engagé revoie l'histoire de chaque lutte dans notre
région, et là il donnera raison à ceux qui se battent pour la justice, la
paix et la dignité.
Les paramilitaires tendent à nouveau des embuscades aux gens du village de
San Juan Copala et tuent de sang-froid les organisateurs de notre caravane
motorisée qui devait partir pour la ville de Mexico le 23 août. À cause de
la douleur que nous ressentons, nous avons décidé d'annuler l'action
prévue pour cette date, et nous demandons à nouveau à tous les hommes et
femmes dignes et solidaires de notre cause et de notre lutte qu'ils
comprennent notre douleur et élèvent leurs voix pour exiger JUSTICE,
LIBERTÉ, RESPECT DE L'AUTODÉTERMINATION DES PEUPLES INDIGÈNES D'OAXACA.
MORTS :
ANTONIO RAMÍREZ LÓPEZ, 72 ans et dirigeant moral de notre commune,
ANTONIO CRUZ GARCÍA, 39 ans, tous les deux de Santa Cruz Tilapa Copala,
RIGOBERTO GONZALES, 40 ans, d'Agua Fría Copala.
BLESSÉS :
VÍCTOR DE JESÚS GONZALES, 25 ans, de Santa Cruz Tilapa Copala,
ALFREDO MARTÍNEZ GONZALES, 28 ans, d'Agua Fría Copala.
22 août 2010.
COMMUNE AUTONOME DE SAN JUAN COPALA.
Traduit par el Viejo.