Nouveau Mexique : Le peuple Zuñi
Publié le 11 Décembre 2012
Les zuñis
Peuple autochtone occupant autrefois des territoires au Nouveau Mexique et en Arizona.
De nos jours, ils vivent sur une réserve indienne du nom de Zuñi indian reservation au sud de Gallup (Nouveau Mexique) sur leurs terres ancestrales. La réserve à une superficie de 162.800 hectares.
Un site : The pueblo of zuni
Le nom zuñi : il provient d’une déformation espagnole de « keresan suny-yitsi » de signification inconnue.
Eux s’appelaient : ashiwi = la chair
Leur territoire : shiwona = la terre qui produit la chair
Population : 9651 (2000)
Langue : zuñi, langue isolée
Histoire
Zuni Pueblo-Pack Train, courtesy Smithsonian Institution and The Indian Pueblo Cultural Center
- Xe/XIe siècle : période appelée Pueblo III, les ancêtres des indiens publos vivent dans les grands villages (Chaco canyon, Mesa verde), à la fin du Xe siècle, les agglomérations sont abandonnées (on ne sait pas pourquoi, supposition période de longue sécheresse ?)Les pueblos alors migrent , un groupe se mêle à des clans venant du sud-ouest, du pays des Salados pour former la tribu zuñi actuel.
- Ils descendraient d’un peuple qui vivait sur leurs territoires ancestraux depuis plus de 1000 ans, bien avant l’arrivée des blancs, les anasazis.
- 1540 : Arrivée des premiers espagnols conduits par Marcos de Niza, un franciscain venant du Mexique qui a l’intention de s’emparer de l’immense pueblo nommé Cibola (Shiwona) pour le roi d’Espagne Charles Quint . Et puis en profiter pour convertir les indiens au catholicisme Les zuñis à cette époque vivent à Hawikuh et dans 5/6 autres villes qui sont appelées les 7 villes de Cibola. Les zuñis résistent et les espagnols partent.
- 1541 : Nouvelles tentative avec Francisco de Coronado avec une centaine de cavaliers et 30 fantassins. Les zuñis sont défaits et vont se réfugier sur un plateau facile à défendre du nom de Thunder Mountain.
- 1680 : Les zuñis aidés par les hopis, excédés par les exactions des espagnols se soulèvent contre l’envahisseur : plus de 2500 zuñis y participent.
- 1692 : Retour des espagnols en force pour punir les rebelles. Les zuñis se retranchent à nouveau sur Thunder Mountain et y resteront plusieurs années et se rendront finalement aux espagnols et subiront les frais de leur résistance.
La civilisation des pueblos
Les pueblos parlaient plusieurs langues et appartenaient à des tribus différentes : les hopis, les zuñis, les taos et les tiguas. Ils habitaient des villages dont les maisons étaient édifiées avec des pierres agglomérées les unes aux autres par de l’adobe, une argile que l’on trouve dans ces régions. Ces indiens avaient une curieuse coutume qu’ils avaient héritées de leurs lointains ancêtres : le peuples des vanniers. Ils construisaient sous terre des maisons appelées kivas, réservées aux hommes et utilisées comme lieux de cérémonie. On y pénétrait par le toit. Les murs de certains kivas portent encore la trace de plus de cent couches de peinture.
image Les kivas rondes de Mesa verde
Religion
Leur vie est entièrement tournée vers la religion avec une vénération au dieu soleil source de vie, le changement des saisons et une dévotion particulière au dieu de la pluie . Le chamanisme est aussi présent. C’est un peuple très paisible comme les hopis, ils sont préoccupés par la religion et non par les guerres.
La société est théocratique, le conseil suprême est formé par les chefs des confréries religieuses.
Cérémonies
La plus célèbre et la plus impressionnante est celle des katchinas shalakos (vierges de maïs) se déroulant fin novembre à début décembre dans chaque peuple zuñi. Une partie seulement est ouverte aux étrangers. Les shalakos géants représentent des katchinas sacrées. Cette cérémonie est celle de l’étrangeté car les danseurs portent des masques qui ne semblent représenter ni des animaux ni des êtres humains et ne sont pas non plus destinés à faire peur. Les masques katchinas sont des visages inventés pour incarner les pensées comme des livres dans lesquels ont peut lire.
Les Katchinas sont très nombreux et ils ne sont pas exactement les mêmes dans les diverses tribus. Mais ils sont toujours conçus comme des êtres doués de pouvoirs surnaturels qu'on personnifie au cours de certaines cérémonies par des danseurs revêtus de masques. Il y a certains Katchinas qui sont communs à plusieurs tribus, avec quelques variantes dans les noms, les masques et les attributs. Il y a eu manifestement, entre les divers groupes d'Indiens pueblos, de nombreux échanges culturels. Les Zunis ont emprunté à leurs voisins certaines divinités masquées, et ils leur en ont donné d'autres.
Les koyemshis (clowns sacrés)
Dans le culte officiel, les Koyemshis (clowns sacrés) occupent pourtant une place à part et font contraste avec les autres Katchinas. On ne peut pas les ignorer, car leur rôle est primordial. Leurs masques sont très particuliers : ils sont représentatifs et ils sont laids. Leur attitude, également, est en contradiction avec l'idéal de mesure et de sérénité qui semble être celui des Zunis .Les Koyemshis, malgré le mythe qui les présente comme sexuellement impuissants, ont un caractère nettement phallique. Le thème général de leurs plaisanteries et leur association avec certaines cérémonies de fécondité en est la preuve. De même aussi les pouvoirs magiques qu'on leur attribue. Surtout, les Koyemshis, tout, peuvent se permettre tout ce qui est contraire aux règles habituelles, et se moquer de n'importe quoi, même de ce qui est sacré.
Leur mythologie éclaire leur caractère. Les Koyemshis sont le produit d'un inceste. Ils incarnent le héros mythique Shiwelusiwa et les 9 enfants qu’i a eus suite à des rapports incestueux avec sa sœur. Résultats de la violation d’un tabou fondamental ils sont tous laids mais ils ont des pouvoirs extraordinaires sur la pluie, la fertilité et les oracles. Ils portent alors des masques hideux et des foulards noirs et se conduisent en bouffons, ridiculisent les gens et se permettent toutes les plaisanteries.
Les études sociologiques de Caillois ont montré que, dans la mythologie des Grecs et des Romains comme dans celle des peuples traditionnels, on trouve souvent des héros, des demi-dieux, qui ont manifestement pour fonction d'assumer une culpabilité collective en violant des tabous.
On les redoute parce que celui qui viole les tabous acquiert par là même la puissance magique. Les Zunis, précisément parce qu'ils sont un peuple où la règle prédomine, avaient besoin de cette soupape de sûreté. Les Koyemshis représentent ce que Caillois nomme le « Sacré de transgression ». Ils rachètent l'humanité et payent leur faute par la laideur du masque, symbole du malheur, aux yeux d'un peuple particulièrement attaché aux valeurs esthétiques.
Les savoirs ainsi que la mythologie sont transmis par la tradition orale, aussi des versions parfois différentes existent mais seuls les détails varient.
L’univers dans la conception général des zuñis est rituellement divisé en 7 régions ou directions dont voici les symboles qu’ils leur attribuent :
- Le nord : jaune – vent, air, hiver, guerre
- L’ouest : bleu – eau, printemps, guérison, chasse
- Le sud : rouge – feu, été, agriculture, médecine
- L’est : blanc – terre, automne, magie, religion
- Le zénith (le haut) : multicolore (arc en ciel)
- Le nadir (le milieu) : noir
- L’itiwana (le centre)
Le milieu étant mis à part, c’est le chiffre 6 et non le chiffre 7 qui revêt une importance pour les zuñis. La hiérarchie des 6 directions joue un rôle important dans toute la religion. La répartition des couleurs se reflète dans le choix des ornements du culte. La zénith et Nadir, eux ont un rapport mal défini avec les 6 divisions.
Le chiffre 4 a comme chez les navajos et les autres pueblos une valeur sacrée : c’est le chiffre de la vérité.
Mode de vie
Artisanat
Poterie
Le savoir-faire des potiers zuñis est d’une grande qualité. Les anciennes poteries étaient faites avec de l’argile blanche décorée de motifs peints en noir. Après la conquête espagnole les zuñis s’en désintéressent mais ils reprennent bien plus tard cette tradition presque perdue en ajoutant des pigments rouges et des motifs originaux.
Ce sont les femmes qui fabriquent les poteries ainsi que les vanneries.
Leur artisanat est important, ils travaillent l’argent dont les bijoux se distinguent aisément des autres pueblos.
Ils fabriquent des bijoux avec les turquoises, des céramiques en coquillages dont ils extraient les perles. Leur travail est élaboré avec incrustation de pierres sur les bagues, bracelets et colliers.
"WLA brooklynmuseum Pueblo Zuni Water Jar" by Wikipedia Loves Art participant "shooting_brooklyn" - Uploaded from the Wikipedia Loves Art photo pool on Flickr. Licensed under CC BY-SA 2.5 via Wikimedia Commons -
Les hommes sont parfois spécialisés dans la réalisation de l’orfèvrerie et le travail des turquoises.
Bracelet en turquoises
Broche zuni, antilope kachina (katchina, katsina) , 1950-1960. Turquoise, jais, ormeau, corail.
Bijou contemporain zuni. Bracelet d'argent créé par Albert et Dolly Banteah, avec corail, lapis, abalone, jais avec décor inscrusté d'oiseau cardinal
Société matrilinéaire
Ils étaient répartis dans 13 clans matrilinéaires. Dans cette société les femmes possèdent les maisons et les réserves de blé ainsi que les enfants. L’homme quand il se marie part vivre dans la famille de sa femme. Les hommes ont la responsabilité de ce qui a trait aux cérémonies et à la religion, ils s’occupent de la culture du maïs. Ils construisent les habitations et vont à la chasse.
Mode de vie traditionnel
Ils vivaient de l’agriculture (maïs, courges, haricots) et de la chasse .Ils élèvent également des volailles.
caroleone
Jeune danseur zuñi
En savoir plus sur les pueblos (villages) sur cocomagnanville ICI
Sur les Puebloans ICI
- Une lecture essentielle au sujet du Peuple Zuñi
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Rituels et Pouvoirs chez les indiens Zunis : Voyage d'un anthropologue au Nouveau Mexique de Barbara Tedlock
Sources : wikipédia, regard éloigné, encyclopédie universalis et larousse