Nous sommes les sans-noms
Publié le 6 Octobre 2012
Valeurs essentielles de l’existence pérennisez-vous au gré de vos semences
Humanité dans les yeux de l’enfant qui pleure en constatant le péril de l’absence
J’ai pétri mes sentiments pour en faire une farine de mots à vous souffler
J’ai cuit sur le réchaud la galette de mes lettres et celles-ci riaient à s’en égosiller
Je vous servirais cette dernière toute chaude et sa saveur sucrée d’humanisme
En vous à jamais se diffusera irriguant votre sang et vos pores de mon idéalisme
Dans ma milpa j’ai cueilli le maïs aux grains jaunes et dorés de la communauté
Mangez-le à pleine dents en mastiquant les rimes élastiques et fertiles en lui semées
Avec mon eau de source alimentée en germes de vie solidaire je vous désaltèrerais
Laissez couler en vous la liquidité ondoyante nourrie de nos sens généreux et si gais
Nous sommes les sans-visages telles des taupes nous vivons aux yeux du monde cachés
Nous sommes les sans-noms, les décriés sacrifiés à l’autel du sang-roi des suppliciés
Le monde des ténèbres recouvre nos jours de sa saleté de sa froideur de taule miteuse
Fièrement nous relevons la tête pour crier au monde que notre vie pourrait être heureuse
Dignité. C’est le nom principal que porte notre combat, digne et rebelle fleur indigène
Héritée des mayas qui fertilisent le monde de leur supériorité de leur science si pérenne
La terre est notre mère comme elle sa saveur âcre et pâteuse en nous à jamais adhère
La terre mère nourricière des ventres fleuris d’asters éternels et de gènes prospère
Nos armes sont nos larmes s’écoulant le long de nos cils qui se dessillent en vrilles
Nos armes sont nos veines s’ouvrant et s’offrant en se sacrifiant à travers les guenilles
La pauvreté originelle éclaire en nous son étincelle de pain farci aux vœux des malheureux
La crasse de nos mains éclabousse les nœuds et les crevasses des milliardaires foireux
Nos semences sont nos espérances nos semences enfantent la vie des fruits juteux des luttes réussies
Elles germent en une synergie d’avenir radieux cultivé sur les cailloux qui jonchent les orties
Notre terre de sa germination réunira nos liserons et nos passions d’un lien solide de raison
Et nous nous disséminerons en rondes joyeuses les ventres pleins et les mains riches à foison
Carole Radureau (06/10/2012)
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