Mexique : Le peuple Huichol ou Wixárica

Publié le 20 Avril 2013

 

 

By Tomas Castelazo - Own work, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3243000

 

Localisation

 

Les Huicholes vivent dans l’état de Jalisco dans les municipalités de Mezquitic et Bolaños ; dans l’état de Nayarit dans les municipalités de El Nayar et Tepic et il existe des groupes minoritaires dans le Zacatecas et Durango.

La région qu’ils habitent fait partie de la Sierra Madre Occidentale. L’altitude variée de 1000 à 3000 mètres, le climat dans les plaines peut être très chaud et dans les hauteurs, la neige est présente en hiver.

 

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Ces indigènes vivaient à l'origine sur le haut plateau désertique de San Luis Potosi qu'ils ont été obligés de quitter vers l'an 1200 pour trouver refuge dans la sierra madre. Ils se dénomment WIXARICA qui signifie dans leur langue uto-aztèque " les "gens".
ils vivent actuellement dans la Sierra madre septentrionale de Jalisco et dans la Sierra madre occidentale de Nayarit. Ils sont environ 19.000 répartis dans 3 communautés  sur une superficie d'environ 4200 m2 :

Santa Catarina, San Andrés et San Sebastián

Population : 61.000 personnes (2025)


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Ils vivent en harmonie au sein de ces communautés qui pourraient servir de modèles à notre civilisation moderne. Leur vie communautaire est issue d'une profonde spiritualité reflétée dans leurs habits colorés, leurs différentes formes d'art, les pratiques chamaniques ancestrales et les cérémonies mystiques.
Ils se sont adaptés à un environnement hostile et établi un mode de vie avec un système de valeurs, des relations avec la nature qui ont permis aux Huichols de maintenir leur culture traditionnelle. L'isolement dû au territoire inhospitalier qu'ils habitent  a contribué à maintenir ses traditions vivantes.

 

 

Langue

 

 

 

Le groupe linguistique Huichol appartient à la famille Uto-Aztèque. Il existe quatre variantes, qui sont parlées dans les États de Nayarit, Durango et Jalisco. Son groupe frère est cora, et un total de 47 625 locuteurs de huichol ont été enregistrés au Mexique :

1. Huichol du nord/wixárika 

2. Huichol du sud/ wixárika 

3. Huichol de l'est/ wixárika 

4. Huichol de l'ouest/ wixárika 




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Les indigènes Huicholes se considèrent comme "le miroir des dieux" et tentent de refléter cette vision sacrée du monde par le recueillement et des actions de haute discipline représentée par des divinités comme le feu qui est le père du soleil et de l'aigle WIRRARIKA.
Les techniques chamaniques fonctionnent depuis des siècles donnant à l'homme médecine la connaissance nécessaire pour maintenir le fragile équilibre entre santé et maladie, abondance, pénurie, vie et mort.
La religion guide la vie des Huichols, elle est organisée autour d'une trilogie sacrée :

cerf (VENADO)
maïs ( TATE)
peyotl (HIKULI en langue sacrée)

qui signifie :

chasse ( nourriture de l'homme sédentaire), agriculture ( culture de l'homme sédentaire), cueillette ( nourriture de l'esprit utilisée à des fins curatives ou rituelles)

Ces 3 éléments déterminent leur cycle de vie annuel célébré autour de cérémonies en juillet, août, septembre et octobre.




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Cosmovision

 

Dans les œuvres sont racontées les légendes, les exploits des ancêtres, la mythologie du peuple, son mode de vie, ses croyances.

Les symboles : travaux agricoles, fêtes, cérémonies du calendrier annuel, les saisons, les évènements vécus dans les rêves, les vœux et les remerciements.

 

Les dieux

 

Le panthéon huichol est l’un des plus riches et complexes de l’Amérique indigène. Néanmoins, le sort de l’univers dépend d’un nombre limité, les grandes puissances du monde étant le feu, le soleil, le vent, la terre et l’eau. Dans leur vision du monde, la création vient de l’union d’éléments primitifs, le feu et l’eau souterraine d’où sort un panthéon qui se répartit en deux groupes : les dieux de la saison sèche (ceux qui font preuve de virilité) et les déesses de la saison des pluies, divinités de la terre et de la végétation qui sont considérées comme féminines du fait de leur rapport à la fertilité et à la croissance.

Chaque grande puissance de l’univers a ses plantes et ses animaux et des émanations de leurs pouvoirs.

 

Religion

 

L’autorité civile est dirigée par un gouverneur appelé totohuani, renouvelé chaque année.

Les mara’akate ou maraakames chanteurs ou prêtres ont pour mission de préserver ou maintenir vivantes les traditions. 50% ont des croyances fortes aussi bien animistes que nativistes avec des racines religieuses préhispaniques et des influences moindres des catholiques. 50% de la population est catholique.

 

chaman maraakame  By Kila (kee-la) - https://www.flickr.com/photos/kilastravels/338576201/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5656808

 

Dans la religion traditionnelle, il y a 4 divinités principales : le maïs, l’aigle, le cerf et le peyotl. Tous descendent du soleil (Tau). Leurs services religieux ont lieu sur une montagne appelée Cerro del Quemado (Wirikuta) dans l’état de San Luis Potosi, cette montagne est divisée en 2, un côté pour les femmes, un côté pour les hommes.

 


Le peyotl


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image Frank Vincentz​




Ce cactus qui ne possède pas d'épines fait partie du rituel chamanique qui permet d'entrer en contact avec les esprits. La sommité des fleurs du cactus renferme les alcaloïdes dont la mescaline qui possède des effets hallucinogènes permettant le "passage" dans le monde des ancêtres. Les lieux de culte sont tenus secrets et ils parcourent quelquefois 500 km pour se rendre sur les lieux de récolte. Le peyotl pris à petite dose donne de l'énergie, ôte la soif et la faim et diminue l'énergie sexuelle. A plus fortes doses, il ouvre les portes de la conscience.
Toute la famille consomme le peyotl, même les enfants.

 

Le cerf

 

Représentation du dieu Kauyumari (Cerf bleu)  By AndresXXV - Trabajo propio. Sin embargo basado en el modelo de Santos Daniel Carrillo, pintor huichol., CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=37859879
 
C'est un animal sacré pour les Huichols, ils disent que ce dernier voit à 180 ° et très loin, il est le symbole d'une nourriture toujours abondante car il se sacrifie pour les hommes.

Autres caractéristiques rituelles:

► l'indigène a une conscience très développée de l'univers qui l'entoure: lorsque l'enfant est en âge de marcher, les parents l'emmène dans la montagne en lui bandant les yeux. Il marche ainsi sans rien voir ce qui lui permettra de développer sa conscience afin qu'elle devienne accrue. Ils peuvent se déplacer dans la nuit en étant attentif comme l'animal.
►Ils parlent avec les éléments avec lesquels ils sont en connexion permanente

le feu (TATEWARI) est très important pour prendre une décision, faire des offrandes, des cérémonies, on lui parle, on le respecte, on le remercie
►Ils représentent en permanence ce qu'ils croient, ce qu'ils vivent, ce qu'ils demandent aux dieux
►les élans et les loups parlent aux hommes
►les pumas sont les messagers des dieux
►les flèches transportent des prières
►les serpents amènent la pluie et transmettent les connaissances

 

Art huichol   

 

Des tableaux aux couleurs vives et à la symbolique forte qui ne passent pas inaperçus.

L’art huichol est un art traditionnel sacré qui s’exprime dans des peintures rupestres, des sculptures de pierre ou des tableaux tissés de fils de laine qui étaient autrefois destinés aux dieux.

La beauté des œuvres, des couleurs et des motifs a pour unique but d’attirer l’attention favorable des ancêtres et des dieux.

Dans les années 60 cet art devient une activité économique à part entière pour les huichols et il perd peu à peu de son caractère dévot et sa part spirituelle.

La nouvelle génération a tendance à utiliser plus souvent les perles que les fils de laine. Les objets en perdent leur signification religieuse et cela est critiqué par les garants de la tradition.

L’artisanat est devenu une activité économique importante après le mouvement contre-culturel des années 60 qui a suscité un intérêt général pour l’art huichol et son esthétique d’inspiration psychédélique. En raison de la renommée internationale acquise par les Huicholes, on observe dans certaines communautés de montagne, un début d’ethnotourisme. Cette pratique n’est pas souvent approuvée par le gouvernement traditionnel qui n’autorise pas la prise de photographies ou d’enregistrements audio et vidéo.

 

L’artiste et son but

 

Dans ses créations, l’artiste cherche à suivre l’exemple des créateurs en inventant des formes, les rythmes, des contrastes de couleurs particuliers.

La représentation est une réalité invisible et magique qui sert à abriter l’énergie spirituelle de l’homme ainsi que celle des dieux qu’il représente.

L’artiste huichol s’identifie avec les personnages mystiques qui participent à son tableau, il en est alors le porte-parole.

Les nierika ou « œuvres pour voir » rapportent des expériences ou des résultats d’état modifiés de la conscience obtenues par l’ingestion du peyotl, un cactus aux effets hallucinogènes. Les visions sont pour les huichols un don des dieux et les tableaux en sont leurs miroirs.



Une culture artistique très riche et colorée

Les Huichols sont dépourvus de culture écrite. C'est leur art qui transcrit leurs connaissances spirituelles, à travers lui, ils expriment leurs sentiments religieux, leurs croyances acquises au travers des rites et cérémonies.


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Peintures sacrées



Elles sont le reflet de la culture huichole à travers les traditions chamaniques. Comme les icônes, ce sont de véritables témoignages historiques. Cette peinture à débuté il y a environ une trentaine d'année au sein de communautés parties s'intaller en ville et elle a atteint sa maturité actuellement.
Le support appelé le NIERIKA est une offrande magique et sacrée. C'est une petite tablette ronde ou carrée percée en son milieu. Elle est enduite sur les 2 faces d'un mélange de cire d'abeille et de résine de pin sur laquelle sont collés des fils colorés. On les trouve dans les lieux sacrés ( temples, fontaines).
Les NIERIKAS représentent un visage, celui du soleil, de la terre, d'un élan, du vent, du peyotl. Ils facilitent l'accès au monde spirituel, l'orifice central est souvent assorti d'un petit miroir considéré comme un oeil magique par lequel l'homme et les dieux peuvent se voir.

 


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Les BOLES PERLES ( RAKURE)




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Le travail des perles trouve son origine avant la conquête espagnole. Les indiens utilisaient alors l'argile, les os du corail, du jade, de la pyrite, des coquillages, de la turquoise et des graines à la place des billes de verre actuelles. Les colorants provenaient d'insectes ou de teintures végétales. Les billes permettent de représenter des visages au fond des bols utilisés comme offrandes aux dieux. Les Huichols considèrent que lorsque l'on boit dans ces bols, les dieux boivent en même temps la requête du croyant et assimilent mieux la prière. La couleur est en fonction du dieu sollicité : le bleu signifie RARAWIYEME ( rapa, l'arbre de la pluie), le rouge indique WIRIKUTA ( lieu d'apparition du peyotl), le noir, l'océan pacifique, lieu du grand serpent de la pluie.
Avec les billes synthétiques plus fines et diverses, le travail est de plus en plus fin et recherché.

 

Artiste avec 3 oeuvres réalisées en perles de cristal   By Jpmotillaz - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=114275422


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D'autres objets sont réalisés également tels que bracelets, sacs, ceintures, bijoux  qui reprennent les motifs similaires aux peintures sacrées.


 

Arte Huichol - Cuadro de Estambre. Nayarit, Mexique.By Juan Carlos Fonseca Mata - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=90725468

Arte Huichol - Cuadro de Estambre. Nayarit, Mexique.By Juan Carlos Fonseca Mata - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=90725468

Histoire

 

 

Sur leurs origines possibles

Des hypothèses basées sur les sources archéologiques, linguistiques et mythologiques laissent penser que les Huicholes descendent de différents groupes de la famille uto-aztèques installés dans la Sierra Nevada. Certaines sources font référence au fait que les ancêtres pouvaient faire partie des tribus Chichimèques du nord.

Certains historiens pensent qu’ils sont originaires du désert de San Luis Potosi supposant que le pèlerinage à Wirikuta n’était qu’un souvenir fragmentaire de leur origine. Seulement, le corpus de croyances des Huicholes démontre l’importance de l’océan Pacifique et certains rituels utilisent des coquillages d’espèces uniques à l’océan.

Des preuves indiquent qu’ils pratiquaient le commerce, surtout du sel avec d’autres groupes ethniques de la région avant l’arrivée des Espagnols.

Ces mouvements ont favorisé des échanges culturels avec d’autres peuples et il est possible que les Huicholes descendent de la fusion de groupes ethniques dont les Tepehuanes et les Guachichiles.

 

Guachichiles

Sur la base de certaines sources du XVIe siècle, ils occupaient une position frontalière entre la frontière de San Luis de Colotlán, un territoire militarisé administré par le gouvernement vice-royal et le royaume de Nayar, une petite enclave indigène indépendante gouvernée par une lignée Cora de Tonatis depuis sa capitale sur la Mesa del Nayar. L’influence des Coras était plus forte sur les Huicholes occidentaux et à ce jour une proximité culturelle est observée avec ce groupe.

 

Pendant et après la colonisation

 

Lors de la conquête espagnole de l’actuel Jalisco en 1531, Nuño de Guzmán connu pour sa cruauté envers les indigènes provoque le départ de ceux-ci qui vont se réfugier dans les zones montagneuses du nord de Jalisco moins accessibles.

 

Guerre du Mixton Por Davidevoza123 - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=128444387

Lors de la Guerre du Mixton en 1540/1541, on ne sait pas ce qui est arrivé aux Huicholes et aux Guachichiles. Cette guerre a poussé des groupes indigènes à se déplacer vers la vallée de Banderas sur la côte de Jalisco et les Huicholes se seraient déplacés vers la Sierra del Nayar.

Ils arrivèrent dans la région du ravin de Bolaños en tant que réfugiés et s’installent parmi les peuples Tepehuanes. Certainement se mélangent-ils entre eux car ils partagent toujours de nombreuses traditions rituelles (utilisation de chimales et du peyotl dans les cérémonies) et ils ont souvent unis leurs forces pour se défendre contre les incursions espagnoles et pour se rebeller contre le gouvernement colonial espagnol.

Les activités d’évangélisation commencent après la chute de la Mesa del Nayar en 1722 ; ce sont les franciscains qui s’occupent de cette mission mais ils ne peuvent maintenir une présente constante dans les montagnes.

A la fin du XVIIIe siècle, le peuple huichol a reçu des titres constituant aujourd’hui la base juridique de la propriété foncière communale et définissent les limites de chaque communauté.

Vers 1850, l’effort d’évangélisation culmine avec la construction de temples catholiques et la destruction des principaux centres cérémoniels callihueyes ou tukipa.

 

Manuel Lozada   By Unknown author , Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1294696

1856-1873 : au cours des années d’indépendance sous le gouvernement du Tigre d’Alica (Manuel Lozada), les centres cérémoniels de la tradition préhispanique sont reconstruits et un rituel complexe est consolidé incorporant des éléments du catholicisme populaire dans une matrice culturelle indigène.

Le porfirato est une période difficile pour les Huicholes car les compagnies d’arpentage harcèlent les habitants des territoires indigènes des montagnes pour les exproprier de leurs terres supposées vacantes et les vendre à de grands propriétaires terriens. Les communautés de l’extrême nord-est sont dépossédées de leurs terres et perdent rapidement leur identité indigène.

Les maisons des dieux à Te'akata . Photographie de Carl Lumholtz dans L'art symbolique et décoratif des Huichols (1902) (Pueblos originarios.com)

Au cours des mêmes années, l’exploration anthropologique de la Sierra commence. Parmi les chercheurs les plus célèbres figurent le français Léon Diguet, le norvégien Carl Lumholtz, le tchèque Ales Hrdlicka et l’allemand Konrad Theodoro Preuss.

La révolution mexicaine rend possible la défense des terres communales.

1926-1929 et 1935-1940 : la cristiada est un épisode traumatisant pour tous les acteurs concernés où les communautés se sont alliées à différents camps et se sont battues entre elles. De nombreuses familles, en raison de la violence ont migré vers le Nayarit et Durango où elles ont fondé de nouvelles communautés et plus tard des ejidos. Aujourd’hui, la moitié des Huicholes vivent dans ces villages, parmi lesquels El Colorado de la Mora, Sitacua, l’ejido Salvador Allende, Roseta et Zoquipan à Nayarit et Bancos de Calitique et El Potrero à Durango.

Au cours des dernières décennies du XXe siècle, le peuple huichol connaît une poussée constante de modernisation (des pistes d’atterrissage sont construites puis des routes, des écoles avec abris, des centres INI, des entrepôts CONASUP, quelques cliniques ou centres de santé).

De nombreuses villes se développent autour de ces « centres de développement » et la migration vers les EU et certaines villes du Mexique augmente.

Por Davidevoza123 - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=128444387

Por Davidevoza123 - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=128444387

Organisation et justice

 

L’Union des Communautés Indigènes Huicholes de Jalisco UCIH-JAL est fondée pour coordonner les politiques communautaires avec diverses agences gouvernementales et organisations non gouvernementales afin de réaliser des projets productifs et culturels.

Plusieurs décisions de justice favorables sont obtenues dans la lutte contre les invasions de bûcherons et éleveurs métis.

Des progrès importants sont réalisés dans la protection des sites sacrées tels que Wirikuta, le paysage désertique près de Real de Catorce, Hauxamanaka (Cerro Gordo, Durango), Haramaratsie (sanctuaire situé sur la plage de San Blas, Nayarit), Xapawiyemeta (l’île de Scorpion dans le lac de Chapala, Jalisco). (détails https://cocomagnanville.over-blog.com/2019/06/geographie-sacree-huichole.html)

 

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pèlerinage à Wirikuta By Feria de Productores - https://www.flickr.com/photos/feriamx/49465632027/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=98527780

pèlerinage à Wirikuta By Feria de Productores - https://www.flickr.com/photos/feriamx/49465632027/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=98527780

Organisation sociale et religieuse

 

Elle est basée sur l’intégration des rancherias dispersées qui constituent le modèle d’établissement dominant dans la région. Chaque rancheria est habitée par une famille élargie dans laquelle se trouve une cour d’honneur autour de laquelle sont distribuées les pièces séparées les unes des autres et le xiriki, un temple dédié aux ancêtres du groupe de parenté. Certaines familles peuvent avoir plusieurs rancherias à différentes altitudes.

La construction des maisons est faite en pierre et boue ou adobe avec un toit en herbe. Aujourd’hui de plus en plus de maisons sont construites avec des murs en briques ou autres matériaux avec un toit en tôle.

Les coamiles et les corrals sont parfois situés autour de la rancheria mais parfois, ils sont à plusieurs heures de marche. Le maïs est stocké dans des chariots surélevés faits de roseaux.

Les organisations communautaires sont stables et composées d’organisations politiques dont la plus importante est l’assemblée communale qui se réunit au moins 4 fois par an. Les responsables de rancherias ont l’obligation d’être présents aux assemblées ainsi que les hommes et les femmes adultes célibataires.

L’assemblée exerce les fonctions suivantes :

►ratification de la répartition des postes

►nomination des commissions

►convocation des travaux

►discussion des questions politiques et économiques

►résolution des conflits de toute sortes

Le système des offices est présidé par le conseil des anciens (le kawiterutsixi). Les postes sont à vie et réservés aux seniors les plus remarquables qui sont généralement des chamans maraakate (ceux qui savent rêver) qui ont occupé plusieurs postes importants, qui connaissent la mythologie, qui consultent les ancêtres et les ancêtres divinisés lors des expériences de rêve.

Le gouvernement traditionnel travaille en étroite collaboration avec le groupe des autorités agraires dirigé par le président des communes qui est responsable des questions liées aux terres communales.

Le tepuyani est le siège des mayordomos et des tenanches chargés du culte des images et des saints issud de la reltigion catholique et de la tradition populaire métisse : Tanana (la vierge de Guadalupe), Xaturi (le Christ), Hapaxuki (St Domingue)Teiwari Yuawai (le petit christ = métis bleu foncé ou charro noir, le soleil nocturne).

 

vue d'un tukipa

 

Le tukipa ou callihuey est un centre cérémoniel de tradition préhispanique dédié au culte des ancêtres divinisés de la communauté.

Le temple principal, le tuki est situé à l’ouest de la cour. C’est une structure circulaire ou ovale semi enterrée avec un toit d’herbes soutenu par 2 poteaux de pin, une représentation des « arbres cosmiques » (haurite) qui soutiennent le ciel.

La taille du tuki varie selon chaque centre cérémoniel, son diamètre et la hauteur du toit sont en moyenne de 10 mètres.

Les xirikite sont de petits sanctuaires rectangulaires avec des toits à pignon.

Chaque temple est dédié à un dieu huichol spécifique.

 

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Parmi les dieux du panthéon huichol se trouvent :

-Tatewari ("Notre Grand-Père", le dieu du feu associé au centre),
-Tayau ("Notre Père", le dieu solaire),
-Tatutsi Maxakwaxi ("Notre Arrière-Grand-Père queue-de-cerf"),
-Tamatsi Parietsika ("Notre Grand Frère, Celui qui marche dans l'aube"),
-Tamatsi 'Eaka Teiwari ("Notre Grand Frère, le Voisin [= métis] Vent"),
-Tamatsi Teiwari Yuawi ("Notre Grand Frère, le Voisin [Métis] de Couleur bleu clair"),
-Tamatsi +r+ye ("Notre Grand Frère avec la flèche"),
-Tamatsi Wak+r+ ("Notre Grand Frèrer, leTepehuano"),
-Tamatsi Kauyumari ("Celui qui ne sait pas son nom"; un personage "trickster"),
-Kam+kime (le loup),
-Xurawe Tamai ("Le Jeune Etoile", la lumière de l'aube),
-Na+r+ (el dieu des torrents),
-Tsakaimuta (le dieu cerf de la Mesa del Nayar, Nayarit),
-Takutsi ("Notre Grand-Mère" o "Notre Graine Germée", l'ancienne déesse de la fertilité),
-Tatei Kiewimuka ("Notre Mère" de la Mesa del Nayar,la déesse de la pluie de l'ouest),
-Tatei Nia'ariwame (la désse mère ou serpent de pluie du sud),
-Tatei Y+rameka ("Notre Mère du Rosaire", la déesse de la pluie du nord qui vit dans une grotte près de El Bernalejo, Durango),
-Tatei Xapawiyeme ("Notre Mère, le Chalate [figuier mexicain] de Pluie",la déesse qui vit dans la lagune de Chapala  correspond au sud),
-Tatei Ut+'anaka (la déesse mère du poisson),
-Tatei Wierika Wimari ("Notre Mère, la Vierge Aigle", la déesse du ciel), et
-Kuixuxure ("la buse à queue rousse").

La structure architecturale du tukipa exprime les concepts huicholes d’espace et de temps. l’intérieur correspond au lieu sombre d’origine situé en dessous, à l’ouest, le monde souterrain et la mer.

La place où se déroule la danse représente le désert de Wirikuta et le sanctuaire Tamatsi Parietsika situé à l’est représente le Cerro del Amanecer (Cerro Quemado) à l’extrémité est du désert de Wirikuta.

Dans toute la région huichol, il existe environ 20 centres cérémoniels.

Activités économiques/agriculture

 

coamil San Luis Potosi  By Feria de Productores - https://www.flickr.com/photos/feriamx/49465632027/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=98527780

Aujourd’hui, les principales activités économiques sont la culture du coamil (milpa) travaillée avec bâton de plantation ou coa ainsi que l’élevage et le travail salarié lors des migrations saisonnières et la vente d’artisanat. La culture de coamil est une activité de subsistance, sont produit n’est pas destiné au commerce. Ils distinguent 5 variétés sacrées de maïs qui correspondent aux 5 directions du cosmos. Ils plantent dans une parcelle cultivée avec le système de l’abattis-brûlis du maïs, des courges et des haricots selon le procédé de la milpa, les haricots s’enchevêtrent dans les tiges de maïs et fournissent au sol l’azote nécessaire.

Le maïs est un élément fondamental de l'économie de subsistance Huichol. Malgré le fait que leur territoire ne regorge pas de sols aptes à l'agriculture, ils pratiquent la culture du coamil - la milpa travaillée à l'aide d'un coa (houe) ou d'un bâton planteur - dans les collines où poussent ensemble maïs, citrouille et haricots.

La culture du maïs est aussi une pratique religieuse : seuls ceux qui sèment les variantes sacrées du maïs peuvent participer aux cérémonies parentales ou communautaires, et seuls ceux qui participent à ces cérémonies ont le droit d'utiliser la terre.

Suivant leurs traditions religieuses, ils fertilisent symboliquement la terre avec le sang d'un cerf précédemment sacrifié.

Les femmes prépareront tortillas*, gorditas*, tamales*, pinole*, atole* et tejüino* (boisson fermentée) avec du maïs.

Il existe cinq variantes de maïs sacré qui correspondent aux cinq directions du cosmos :

Taxawime : jaune, est.
Talawime : violet, ouest.
Yuawime : bleu foncé, sud.
Tuxame : blanc, nord.
Tsayule : pinto ou multicolore, centre.

La culture du maïs fait partie d'une cérémonie dont la réalisation est essentielle pour la préservation de l'ensemble du complexe symbolique Huichol. L'identification de cette communauté au maïs implique que le cycle agricole annuel est aussi une métaphore de la vie humaine. Et, dans un sens plus large, la vie humaine est une métaphore des cycles de création et de renouvellement du cosmos.

Des fleurs de cempoasúchitl , un pesticide naturel et de l’amarante sont plantés sur les bords du coamil. La charrue n’est utilisée que dans les parties plates du territoire huichol. Le bétail circule librement dans toute la Sierra mais il est tenu à l’écart des coamiles pendant la période de croissance des plantes.

 

Alimentation

 

Elle se compose principalement de maïs, haricots, courges et autres légumes et fruits dont certains sont obtenus par la cueillette et la récolte (nopales, champignons, quelites, pitayas, myrtilles, miel). La pêche concerne surtout le poisson-chat cuisiné en bouillon.

Parmi leurs plats principaux, on trouve les huachales, un plat préparé avec du maïs et des courges séchées. On y trouve également du temachaca, l'écorce comestible d'un arbre local, et des orejones, qui sont des citrouilles tendres déshydratées pour le ragoût, en plus du poisson et des fruits de mer cuits au bois et mélangés à la célèbre sauce Huichol à base d'écorce et de piments séchés.

Si nous parlons de desserts, il y a les arepas sucrées (pain avec levure et piloncillo) ; polvorones; melcochas (bonbons piloncillo) ; et le chocolat .

Les boissons essentielles de la cuisine Huichol sont l'atole blanc, le thé d'écorce d'arbre (cuachalala), la tequila au cola, le tepache, l'eau d'orge et le tejuino.

La viande est rarement consommée sauf pendant les rituels et les cérémonies.

L’atole de tejuino est préparé par les femmes à partit de maïs fermenté et servi lors des cérémonies.

 

Quelques exemples d'aliments et boissons en images :

 

*Tortillas de maïs - galette de farine de maïs.

 

 

* Tamales - papillotes faite dans des feuille de maïs, comprenant de la farine de maïs nixtamalisée, de l'huile, de la viande

 

 

*Pinole - Maïs moulu et torréfié, mélangé à du cacao, de l'agave, de la cannelle, des graines de chia, de la vanille ou des épices.

 

 

* Gorditas - Pâtisserie à base de farine de maïs fourrée au fromage, à la viande ou autre.

 

 

 

 

* Atole – Boisson chaude, sucrée, à base de farine très fine de maïs, cuite dans l’eau pour augmenter la viscosité, en y ajoutant des saveurs.

 

 

 

* Tejüino – Boisson froide à base de maïs fermenté

 

 

(source https://cocomagnanville.over-blog.com/2019/06/le-mais-des-huicholes.html)

Tenue vestimentaire

 

Un exemple de tenue masculine lors du pèlerinage à Wirikuta   By Juan Carlos Fonseca Mata - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=90725468

 

Les Huicholes sont connus pour leurs tenues colorées.

La tenue des hommes

Le kamirra (kamixa, chemise) ou kutuni « chemise longue » s’ouvre sur les côtés set se ferme à la taille avec le juayame, ceinture large et épaisse en laine ou en fil.

Au-dessus de la ceinture plusieurs pochettes brodées(huaikuri)sont attachées ensemble avec un cordon. Ils n’y rangent rien, elles servent seulement à compléter la tenue.

Ils portent plusieurs kuchuri ou sacoches tissées ou brodées sur leurs épaules.

Un châle (tuwaxa, tubarra) brodé est noué autour du cou et comporte une bande de flanelle rouge le long du bord.

Le chapeau (rupurero) est fabriqué en palme et décoré de différentes manières selon l’usage (perles, plumes, fil, fleurs, épines, morceaux d’écorce).

 

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L’homme est toujours celui qui porte les vêtements les plus décorés.

L’épouse prend soin de s’assurer que les vêtements soient magnifiquement brodés.

Le costume des femmes et plus simple, il se compose d’un chemisier descendant à la taille (kutuni) d’une jupe à ceinture (iwi) avec une large bande de broderie sur le bord inférieur, la même que celle du chemisier ; la tête est recouverte du xikuri (rricuri) composé de 2 carrés de couverture blanche joliment brodés.

Pour les fêtes, ils peignent leur visage avec des dessins symboliques.

Lors des cérémonies rituelles, les maraakates utilisent des muwieri, des bâtons décorés de plumes.

 

 

Festivités

 

Les cérémonies les plus importantes des Huicholes sont liées au cycle agricole, à la vie politique ou au sanctuaire catholique. Les principales fêtes sont de type mitote, Hikuri Neixa, Namawiat Neixa et Tatei Neixa qui se déroulent dans les centres cérémoniels Xiriki et tukipa en relation avec 3 moments critiques du cycle de la culture du maïs : la préparation du coamil, le semis, l’obtention des premiers épis.

Les éléments caractéristiques d’un mythe sont une ou plusieurs nuits de chants de mara’akate et danse circulaire et à claquettes.

Les mara’akate dialoguent avec différentes divinités et ils racontent des épisodes de la création des choses existant dans le monde et la vie des divinités ancestrales.

A l’aube, dans presque toutes les fêtes, a lieu le sacrifice d’animaux dont le sang est étalé sur des offrandes comme des jicaras, du maïs et des flèches.

VIDEO  Hikuri Neixa, danza del peyote

IMAGE  Tatei Neixa

 

Musique et danse

 

Les deux expressions sont étroitement liées à leur cosmovision.

La danse du peyotl est exécutée à la fin de la saison sèche qui représente l’arrivée du serpent de pluie dans le désert de Wirikuta.

Lors de la fête de Namawita Neixa, un groupe de 5 hommes représentent les déesses mères de la pluie.

La musique est très variée, associée à la pratique cérémoniale ; c’est une forme de communication avec les dieux et les hommes :

►chants kawitu expriment le savoir mythique des anciens

►chants de guérison

►chants d’adieu de l’âme d’une personne décédée

►musique pour le changement d’autorités

►musique de xaweri (petit violon) et de kanari (petite guitare) avec des vers improvisés de passages mythiques ou des expériences de voyage à Wirikuta.

►chants de divertissement ou d’expériences personnelles de la vie quotidienne des musiciens huicholes.

 

Médecine traditionnelle

 

 

La maladie selon les Huicholes peut provenir de la non-observance des dieux ou la mauvaise orientation de l’âme. Dans ce cas des offrandes sont faite et il convient de satisfaire aux exigences requises des dieux recueillies par l’intermédiaire du chaman.

 

Sources : wikipédia en espagnol , INPI, unesco.org, El don de ver. El proceso de iniciación y sus implicaciones para la cosmovisión huichola de Johannes Neurath

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Peuples originaires, #Huichol, #Wixárica

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