La calanque de Port-Miou a été retirée du cœur de parc mais la commune de Cassis devra respecter des règles d’urbanisme très strictes. LAURENT
SACCOMANO
Les grandes orientations du projet sont soumises au vote lors d’une assemblée générale cet après-midi. Mais les poches de résistances
sont loin d’être toutes vaincues.
Manifestation de dernière minute, déclarations intempestives tous azimuts… Une fois de plus, comme à chaque étape cruciale du dossier, la tension
monte autour du parc national des Calanques. Il s’agit cette fois-ci d’entériner la deuxième version de la charte qui édicte les grands principes de gestion du parc. Le document
passera ensuite entre les mains du Conseil national de protection de la nature puis du Comité interministériel des parcs nationaux.
Auparavant, représentants de l’Etat, des collectivités territoriales, des associations et des propriétaires privés devront entériner quatre
délibérations concernant la réglementation, les périmètres, la charte et la gouvernance du parc lors d’une assemblée générale du Groupement d’intérêt public (GIP) des Calanques
cet après-midi. A quelques heures du rendez-vous, les discussions agitent encore les différents collèges, quitte à mettre en péril un vote de majorité.
Un périmètre redéfini bon gré mal gré
Parmi les points d’achoppement, les limites du parc. Il est découpé en deux zones distinctes : un « cœur » où la protection est totale et « une aire optimale d’adhésion »
soumise à des principes de développement durable.
Passés ces écueils géographiques, se pose encore la question des usages. Notion tout aussi explosive malgré les heures de concertation et de
réunions publiques au cours desquelles le GIP n’a eu de cesse de rassurer les habitants. Pourtant la charte confirme un certain nombre d’engagements. Pour commencer sur « l’art
de vivre au cabanon »... Les habitants « pourront continuer à accéder à leurs biens et jouir de cette qualité de vie », stipule noir sur blanc le texte. Pour ce qui est de
l’immobilier, les propriétaires pourront vendre ou léguer leur bien et « le parc national ne sera pas prescripteur de règles d’urbanisme nouvelles. » Entendre que les règles
actuelles sont déjà censées être drastiques…
De leur côté, les chasseurs pourront continuer à chasser. Autorisation assortie de mesures pour « pérenniser » l’activité, de type diminution des
lâchers, limitation du nombre de chiens… D’ailleurs, la gente canine sera aussi autorisée aux côtés des promeneurs dans des zones bien précises afin de ne pas déranger la
faune.
Randonnée, VTT ou escalade ont aussi leur place. Là encore, un compromis a été trouvé avec les grimpeurs sur la mise en place de « réserves
intégrales ». A la muraille de Chine à Vaufrèges et la réserve naturelle de Riou déjà interdites à l’escalade s’ajoutent deux espaces exceptionnels : une zone autour du cap de
Devenson qui accueille entre autres oiseaux des faucons pèlerins et une partie des falaises Soubeyrannes qui abritent des genévriers très rares.
En mer, navigation, plaisance et bien sûr la pêche sont encadrées. Si le conseil d’administration du parc fera un certain nombre de propositions,
des principes sont déjà établis. Comme celui de l’interdiction des concours de pêche sous-marine dans le cœur de parc ou la mise en place de zones de non-pêche. Ces dernières
vont permettre de laisser au poisson le temps de se reproduire en toute tranquillité. Mais sur une partie de cette zone, à l’image de ce qui se passe dans la réserve corse de
Scandola, les artisans pêcheurs disposeront d’autorisations spéciales pour continuer leur activité. De cette façon, en accord avec les prud’homies de Cassis et de La Ciotat, un
tiers de la réserve de la Cassidaigne sera dédiée à la pêche aux petits métiers.
Là encore, les accords arrachés par le GIP restent fragiles. En témoigne la mobilisation du comité régional des pêches ce matin sur le Vieux-Port
(à lire dans la version papier) qui ajoute à la tension ambiante. Pas franchement de quoi garantir une après-midi sereine…
MIREILLE ROUBAU journal la marseillaise,
D’aucuns dénoncent le grignotage du cœur, d’autres se félicitent de passer finalement en aire d’adhésion. Aux revendications locales, se sont
mêlées les visions bien arrêtées du ministère de l’Ecologie. Dans une lettre au préfet de région en novembre 2010, Nathalie Kosciusko-Morizet dictait clairement sa feuille de
route : maintenir le Frioul dans le périmètre marin du cœur de parc et, sur terre, en exclure les vignobles de Cassis ainsi que les communes de Ceyreste et de
Roquefort-la-Bédoule. Alors même que le président du GIP Guy Teissier avait annoncé la décision d’exclure la rade Sud du Frioul du cœur de parc et prônait le classement en cœur
pour les deux communes.
A lire le contenu de la charte version II, des compromis ont été trouvés. La rade Sud du Frioul reste proposée en zone d’adhésion mais en
contrepartie, la « zone de non-prélèvement », prévue à proximité du Planier, sera agrandie.
Sur terre, Roquefort-la-Bédoule se retrouve en zone d’adhésion « à la demande du président du conseil général et en accord avec le maire de la
commune », note le document. S’engouffrant dans la brèche, Ceyreste obtient, elle aussi, son retrait du cœur. A Cassis, la calanque de Port-Miou recule en aire d’adhésion. Mais
la commune se doit de respecter des règles d’urbanisme très strictes pour réhabiliter le site. Même consigne environnementale pour les vignobles cassidains. Egalement intégrés
dans l’aire optimale d’adhésion, ils sont soumis aux principes « d’une agriculture raisonnée et durable », se félicite-t-on au GIP. A Marseille, le principe retenu est simple :
les sites déjà classés font partie du cœur de parc à quelques exceptions près. Les Goudes, Luminy, le camp de Carpiagne et une partie de la Barasse se retrouvent en zone
d’adhésion.
Et puis il y a La Ciotat où se profilent de « petits soucis », résume poliment une source proche du dossier. Sur le papier, pas d’évolution, «
conformément aux accords passés avec le maire en avril 2010 », stipule la charte. Mais dans les faits, le maire de la commune, Patrick Boré, semble vouloir profiter de la
pression ministérielle pour revoir la copie (lire également ci-dessous).
Faire accepter la réglementation des usages
Parc des calanques : le projet de charte adopté
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11-02-2011
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Dernière mise à jour : ( 11-02-2011 )
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Les discussions ont été vives mais le vote a été sans appel. Avec 231 voix « pour » sur 291,
le projet de charte qui fixe les grandes orientations du parc national des calanques a été adopté vendredi 11 février. Le dossier doit maintenant passer l’étape parisienne.
Une réunion avec le Conseil national de protection de la nature est prévue mardi 15 février a indiqué le président du GIP (Groupement d'Intérêt Public) des
calanques, Guy Teissier.
Toutefois les opposants au projet restent mobilisés : les plaisanciers manifestent samedi matin devant l'hotel de ville à Marseille.
Mireille Roubaud
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