Mama coca
Publié le 3 Août 2012
Risal.info ne m'en voudra pas de reproduire ici les premières lignes d'un de
ses articles. On devine sans mal que ce sujet est d'une importance vitale, tant politiquement que spirituellement, pour nos cultures andines. Mama Coca est une déesse. Mama Coca n'est pas une
drogue. Mama Coca est immensément généreuse et bonne envers les hommes bons. ¡ Jallalla Mamita Coca, Jallalla ! (JLC)
Selon une prophétie andine, la feuille de coca représente pour les indigènes la force, la vie, c’est un aliment spirituel qui leur permet d’entrer en contact avec leurs divinités, « Apus, Achachilas, Tata Inti, Mama Quilla, Pachamama ». Alors que pour leurs ennemis, la coca crée la folie et la dépendance...
Pendant des siècles, la coca a été considérée comme une plante miraculeuse dotée de vertus extraordinaires. Jusqu’à ce que les occidentaux se mettent à en extraire la cocaïne. La panacée s’est alors transformée en arme fatale. Les intérêts politico-économiques se sont emparés de la controverse et ont pénalisé la plante sacrée, la condamnant à disparaître.
Quand les Espagnols ont conquis les sociétés andines, ils se sont aperçus que la coca était cultivée et qu’on lui attribuait des pouvoirs magiques. Elle était intimement liée aux coutumes religieuses des populations indigènes. Selon les légendes transmises de génération en génération, Manco Kapac, l’enfant « élu » du dieu Soleil, avait apporté la coca aux hommes de l’Altiplano. Ses feuilles servaient d’offrande aux dieux de la nature. On la déposait aussi dans la bouche des défunts pour qu’ils reçoivent un meilleur accueil dans l’au-delà. Si l’usage de la coca, en dehors de ce contexte mystico-religieux, resta longtemps le privilège du souverain et de la noblesse inca, sa consommation se généralisa très rapidement à l’époque de la Conquête. Les Espagnols ne croyaient pas dans les vertus prodigieuses de la plante. Ils soupçonnaient une œuvre du démon, à cause du rôle de premier plan qu’elle jouait dans les cérémonies religieuses des populations vaincues. Un conseil réuni à Lima interdit formellement sa consommation, car elle était considérée comme une coutume païenne et comme un péché. Mais les Espagnols changèrent rapidement de conduite, en constatant que les indigènes, s’ils étaient privés de coca, n’étaient plus en condition pour exécuter les durs travaux qu’ils leur imposaient dans les mines. Alors, ils décidèrent de leur distribuer les feuilles trois ou quatre fois par jour. On leur accordait aussi de petites pauses pour qu’ils mastiquent les « boulettes » de leur précieuse panacée de feuilles vertes. Jusqu’à nos jours, la coca a gardé toute son importance chez les peuples indigènes, et on trouve encore des traces de la vénération religieuse dont elle fut l’objet, en même temps que son pouvoir curatif et nutritionnel a été scientifiquement prouvé.
Les indigènes transportent toujours sur eux un petit sac contenant des feuilles de coca (appelé chuspa, bourse), ainsi qu’un morceau de pâte constituée de cendre de végétaux « llujkta ». Ils mélangent une
poignée de feuilles avec un peu de cendre, puis ils les mastiquent tranquillement, en secrétant beaucoup de salive. Une fois ingéré, le jus de la coca, mélangé à la salive, produit peu à peu ses
effets : diminution momentanée de la sensation de faim, de froid, de fatigue... C’est ce qui explique que la coca est consommée en grande quantité chez les personnes qui vivent dans des
conditions très difficiles.
Les feuilles de coca servent aussi aux « yatiris » (ceux qui savent) pour réaliser une grande partie de leurs sortilèges et de leurs augures. En jetant la coca sur
un tissu traditionnel « haguayo » préparé à cet effet, ils prétendent pouvoir découvrir les voleurs, et les objets disparus. (la suite de l'article est ici )