Lettre d'Omarcito, d'Itandewi et d'Omar Esparza

Publié le 15 Mai 2010

À nos amis et frères,

À ceux qui ont partagé la douleur et l'angoisse,

À l'opinion publique consternée et en colère,

Aux peuples indigènes du Mexique et du monde,

À ceux dont la solidarité nous enveloppe avec les condoléances les plus

profondes,

À vous tous, avec votre chaleur, votre solidarité, votre présence, vos

dénonciations, qui nous montrent le chemin que nous avons et que nous

devons suivre.

 

À ceux dont le cœur a déjà souffert de la perte d'un être cher,

Nous voulons leur dire qu'ils n'existent pas de mots pour exprimer la

colère que nous ressentons, l'impuissance l'angoisse et le désespoir de ne

plus pouvoir être au côté de celle qui a été la compagne, la mère de deux

enfants, la meneuse, l'amie, la sœur, L'AMOUR DE NOTRE VIE. La colère, la

fureur et la haine ont enlevé sa vie, pour une lutte que nous avions

décidé de mener durant des années.

 

À vous tous, et au nom de mes enfants, merci.

 

De nouveau, comme en 2006, l'État terroriste, assassin et répressif

d'Ulises Ruiz, cherche à démontrer sa force, à imposer sa politique et à

démontrer sa haine contre tout ce qui ne lui ressemble pas, qui ne se

suborne pas, ne se plie pas et qui est en plus incorruptible. Car cela est

né du bas et est plein de vie, parce que cela se construit avec la

fraternité de ceux qui ont décidé d'avancer vers la construction d'un

monde différent, un monde plus humain, où fleurissent la terre et les

rêves que nous semons jour après jours. Bety, ou plutôt Beto, comme

l'appelait son père, de son véritable nom Alberta Cariño Trujillo, n'est

pas morte ! Ton message grandit en donnant la voix à celles qui n'en

avaient pas, en devenant la sœur des femmes de Copala, de la Mixteca et du

monde.

 

Ton être de femme, ta détermination de sœur, et ta lutte vers l'autonomie

qui est l'essence d'une mère, résistent contre la colère, la haine et le

mépris des paramilitaires de l'UBISORT dirigés par Rufino Juárez et

Antonio Cruz.

 

Te détruire est aujourd'hui plus difficile. Tu es vivante et brûlante dans

les cœurs des femmes et des hommes dignes, tu représentes la voix d'un

nouveau chemin qui s'appelle Espoir pour la véritable paix du peuple

triqui, pour la municipalité autonome de San Juan Copala. Ceux qui nient

ou jugent ton chemin sont complices des mercenaires d'une politique de

"donner et recevoir" en échange de la souffrance et de la douleur du

peuple triqui, qui négocient les dons pour soumettre et exploiter la

condition de pauvreté des personnes, qui se sentent les propriétaires des

avant-gardes révolutionnaires. J'espère qu'ils vont garder pour eux leurs

discours rhétoriques et sans sens. Ton acte d'affronter, d'être restée en

face quand la vie est en danger, fait de toi un être humain digne et

respectable, bien qu'ils disent que ce fût "une erreur tactique", "une

provocation questionnable et équivoque". Mais quand la vie de l'humanité

est en péril n'est il pas digne d'assumer les mêmes risques que tu as

assumés ?

 

DÉFENDRE LA VIE AVEC TA PROPRE VIE EST POUR L'HISTOIRE L'EXEMPLE QUE NOUS

MARCHONS ENSEMBLE

 

À toutes et à tous qui continuent de lutter pour la justice, nous voulons

exprimer notre plus sincère remerciement. Nous savons qui est le

responsable, son nom et son visage, et qui sont ses membres opérateurs.

Aujourd'hui nos ennemis s'appellent Ulises Ruiz Ortiz, Evencio Martinez et

les paramilitaires de l'UBISORT. Où est donc le gouvernement qui lutte

pour un changement ? Où est le respect de la vie ? C'est pour cela que

nous lançons un appel à la section XXII, aux organisations sociales et

démocratiques, pour qu'elles luttent et résistent, pour que leurs rôles

soient déterminants ainsi que celui de toute la communauté d'Oaxaca, pour

enlever le pouvoir, de toutes les manières possibles, à la classe

politique et à ce gouvernement assassin.

 

Brech comme je te l'ai toujours dit ! Je n'abandonnerai jamais

l'engagement de faire quelque chose pour quelqu'un à chaque jour de ma

vie, comme nous l'avons toujours dit et c'était à ça que tu t'étais

engagée de tout ton être. Nous ne l'oublierons jamais ! Que Dieu nous

donne l'opportunité d'aider ceux qui en ont besoin et d'être au côté de

nos enfants, Omar et Ita. Ils sont aujourd'hui les enfants du mouvement

qui réclame justice, l'esprit fraternel que nous vivons est immense. Tes

enfants seront certainement les disciples de ta lutte et de l'engagement

de s'indigner devant les injustices, d'offrir nos vies pour les autres,

parce qu'il est nécessaire, urgent, de continuer, d'être révolté par la

douleur, la misère et les injustices qui sont commises jour après jours,

et de prendre positions en faveur des plus pauvres, c'est une obligation

humaine.

 

Au nom de tous, nous te disons que nous t'aimons, que nous t'aimerons et

que tu seras dans nos cœurs et nos têtes, en ces jours où parfois les

pieds et l'âme tremblent, ton exemple nous lèvera pour que nous disions :

¡¡¡Ya basta !!!

 

Il y en a assez de nous taire, de baisser la tête et d'attendre que tout

passe sauf la colère, la haine et l'irritation de ne pas pouvoir changer

ce destin fictif que nous ont obligés à vivre les politiciens corrompus,

les corps policiers, militaires, parapoliciers et paramilitaires, les

propriétaires du capital, la classe politique putréfiée, qui ne se font

écouter que par le dialogue des armes. Le peuple peut changer son destin

et construire ses propres chemins d'autonomie et d'autodétermination,

comme nous l'avons toujours rêvé et partagé dans les mouvements, avec

l'Autre Campagne, avec le réseau des radios du Sud-Est mexicain, dans

l'AMAP, dans la REMA, dans la RMALC, dans le mouvement indigène, avec les

organisations nationales et internationales avec les personnes sur notre

chemin et avec les frères et sœurs de lutte qui résistent et cherchent ce

monde pour lequel tu as décidé d'offrir ta vie. Celle que tu as emportée

avec une partie de nous, nous qui sommes restés ici émus, enragés,

consternés.

 

Parce que tu es la fleur, ta graine est le fruit du chemin digne à suivre,

nous ne t'oublierons jamais.

 

Omar, Ita et moi, nous te disons jusqu'à la victoire...

 

La prison pour Ulises Ruiz, Evencio Martínez, Rufino Juárez, Anastasio

Juárez, Antonio Cruz et les autorités de La Sabana !!!

 

Mort au mauvais gouvernement répressif et assassin d'Ulises !!!

 

Nous briserons l'encerclement dans lequel ils emprisonnent San Juan

Copala !!!

 

Ni la mort ni les mitraillettes ne tairont Bety !!!

 

Terre, liberté ou mort !

 

Avec tout notre plus grand amour,

Omarcito, Itandewi et Omar Esparza

Traduction Djaya.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique

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C
<br /> Tiera y libertad..... quelle humilité, quelle humanisme. Cela me change tellment de mon quotidien !!<br /> <br /> <br />
T
<br /> Quel courage!<br /> <br /> <br />