Les présidents d’Amérique latine parlent d’une seule voix au Sommet des Amériques pour soutenir Cuba et condamner son exclusion décrétée par les Etats-Unis
Publié le 17 Avril 2012
Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Les désaccords entre Amérique latine et États-Unis sur l’isolement nord-américain de près d’un demi-siècle vis-à-vis de Cuba a remis en cause la publication ce dimanche de la déclaration finale du Sommet des Amériques, anéantissant les tentatives de Barack Obama de retrouver une influence déclinante dans la région.
Pour la première fois de son histoire, l’Amérique latine s’est opposée d’une seule voix à l’exclusion de Cuba du forum de l’Organisation des Etats américains (OEA), qui a expulsé l’île en 1962.
Il s’agit d’un nouveau coup dur pour Obama, qui désirerait lors de cette rencontre dans la ville colombienne de Carthagène approfondir les échanges dans la région pour relancer la croissance aux États-Unis.
Au contraire, au cours de ces deux jours de réunion, il a dû écouter des plaintes portant sur le rôle ambivalent joué par Washington dans la lutte contre la drogue et des critiques Brésiliennes sur ses politiques économiques. Pour faire empirer les choses, il a dû faire face à un scandale de prostitution qui a mouillé 16 membres de son équipe de sécurité, une question qui a plombé l’ambiance du sommet dès samedi.
Le refus des Etats-Unis et du Canada d’approuver la proposition que Cuba participe à la prochaine réunion continentale devrait aboutir à ce qu’il n’y ait pas de résolution finale du sommet.
« Comment est-ce possible que Cuba ne soit pas présente au Sommet des Amériques ? De quelle intégration peut-on parler si nous excluons Cuba ? » a déclaré le président bolivien Evo Morales samedi après-midi, un des principaux alliés de l’île communiste.
« Sans le soutien du gouvernement des Etats-unis, il n’y a pas d’intégration possible alors », a-t-il ajouté, laissant entendre que Washington et Ottawa ont posé leur veto à ce que cette question soit discutée dans les réunions.
La Bolivie, Cuba, l’Equateur, le Nicaragua et le Venezuela ont décidé de ne pas participer au Sommet des Amériques tant que Cuba ne serait pas invitée, a déclaré samedi dansun communiqué l’Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique (ALBA).
Le président équatorien, Rafael Correa, a même manifesté publiquement son refus de venir à Carthagène pour protester contre l’exclusion de Cuba. Le vénézuelien Hugo Chavez, principal allié de l’île dans la région, a lui aussi refusé de participer au sommet.
Depuis le Nicaragua, le président Daniel Ortega, qui n’a pas participé non plus au sommet, a assuré qu’il n’avait aucun écho des discussions des présidents de Carthagène, des débats qui ne seraient pas communiqués pour ne pas nuire aux intérêts des Etats-unis.
« Comme on allait débattre de questions qui allaient mettre en évidence le fait que ce n’était pas Cuba qui était isolée mais bien l’Empire, alors ils ont posé comme condition que ces débats ne soient pas communiqués », a déclaré Ortega.
Les temps changent
Lors du dernier sommet, il y a trois ans, Obama avait soulevé l’enthousiasme des leaders latino-américains avec des promesses et même des mesures concrètes, comme l’assouplissement de certaines restrictions contre Cuba. Mais depuis, il est revenu sur ses engagements.
« Fréquemment dans la presse, l’attention se focalise lors de ses sommets sur des controverses. Parfois des controverses naissent où il n’en existait pas », a déclaré Obama samedi pendant le sommet face à un public de patrons américains.
« Et parfois j’ai l’impression dans certaines discussions, ou tout du moins dans les comptes-rendus de la presse, que nous sommes pris dans une machine à remonter le temps, un retour aux années 1950, la diplomatie des canonnières, les yankees et la Guerre froide, et ceci et cela. Ce n’est pas le monde dans lequel nous vivons actuellement », a-t-il ajouté.
Mais Cuba continue de subir le même blocus commercial imposé par les États-Unis il y a plus d’un demi-siècle, qui continue d’opposer la même rhétorique vieille de 50 ans à la présence de l’île aux Sommets des Amériques.
La Colombie, bien qu’elle soit un de leurs meilleurs alliés dans la région, a critiqué le blocus commercial mis en place par les États-Unis depuis près d’un demi-siècle contre Cuba.
« L’isolement, l’embargo, l’indifférence, la politique de la sourde oreille ont montré toute leur inefficacité. Dans le monde d’aujourd’hui, rien ne justifie cette voie-là, c’est un anachronisme qui nous fige dans une ère de la Guerre froide déjà dépassée depuis des décennies », a déclaré le président Juan Manuel Santos lors de l’inauguration du sommet des chefs d’Etat face à 30 présidents.
« Il serait tout autant inacceptable que nous organisions un autre rendez-vous continental avec un Haïti exsangue, que la prochaine édition se déroule sans Cuba », a-t-il conclu.
Source : CubaDebate, sur la base des dépêches de presse