Les mots s'envolent pour Angye Gaona
Publié le 8 Juillet 2012
Les mots s’envolent pour Angye
Angye, toi qui là-bas dans ton beau pays
Attends impatiemment que l’on règle le conflit
Tes paroles en liberté le pouvoir n’admet
En colombie la vérité il faut taire à jamais
Reçois ces mots simples écrits à l’emporte-pièce
Ils émanent d’un cerveau embrouillé qui encaisse
Des secousses poétiques et des doutes bleuissant
Les mots couchés en rime font frémir les passants
D’un ange tu as le nom et comme lui possède les ailes
Elles porteront tes mots qui libéreront leurs étincelles
Tout autour du monde ton message se balade en liberté
Semant les tendres messages, les doutes et les vérités
A tire d’aile, tes colombes rejoindront l’aigle des sioux
Si les hommes sont en prison alors que ces oiseaux si doux
Emportent les paroles dans leurs petites pattes messagères
Elles fertiliseront gaiement les pensées sur la terre entière
Angye ta poésie ne connaîtra pas le sort tragique de tes consœurs
Federico, Victor, Alexandre, Vladimir l’emportèrent dans la mort
Ton destin est parmi nous et ta prose se répandra tel un éclair
Les poètes rebelles du monde s’enchaînant autour de tes vers
On ne peut tuer ni étouffer la poésie qui engage et dénonce
Cette libératrice féconde héritière de Marti vit en nous et fonce
Vers les êtres pour qui le combat d’une vie s’appelle humanisme
Nous sommes UN autour des mots des écrivains de l’utopisme
Carole Radureau (08/07/2012)
En Colombie, nous avons tous conscience qu'il ne fait pas bon s'opposer et critiquer le pouvoir en place, surtout en ce qui concerne les actes des paramilitaires qui soit-disant font la chasse au narcotrafic, ni pour dévoiler les disparitions d'opposants et des syndicalistes. "Toute vérité n'est pas bonne à dire" pourrait servir d'adage à ce pays particulier qui subit 60 années de guerre civile et qui rêve d'une liberté plus que tout autre pays au monde ai-je envie de dire.
Combien sont-ils les innocents qui croupissent en prison, incarcérés grâce à des preuves fabriquées de toute pièce ?
Syndicalistes, communistes, intellectuels de gauche, journalistes, indigènes, poètes ?
Je n'ai de mon côté aucun scrupule ni aucune honte à défendre tous ces camarades, leur innocence est toujours évidente à mes yeux car je sais très bien où est le mal et où est le bien. Il est en prison !!
Aujourd'hui je vous présente avec ce poème ( enfin pour ceux qui ne la connaissent pas encore) la poétesse colombienne Angye Gaona.
Elle est née en 1980 à Bucaramanga, elle est membre de Prométhée et de l'équipe organisatrice du festival international de poésie de Medellin.
C'est une artiste complète car elle est également sculpteur et produit des émissions culturelles à la radio, enfin elle exerce des activités destinées à promouvoir la poésie dans sa ville natale.
Sa vie artistique
- Poémes inclus dans des anthologies et pubilcations imprimées en Colombie et d'autres pays
- 2009 : publication de son premier livre "Naissance volatile"
- 2009 : participation aux rencontres internationales du surréalisme à Santiago du Chili
- 2010 : poème expérimental "Les fils du vent"
- 2011 : elle remporte le prix du salon métropolitain des arts avec "Regarde"
Mais que lui reproche t-on ?
Lisons les paroles d'André Chenet pour le comprendre :
Le procès débutera le 23 janvier et le verdict devrait être rendu au plus tard dans deux mois. Nous avons encore la chance dans notre pays (France) de ne pas subir la répression terrible sévissant en Colombie (appuyée par le tout-puissant gouvernement de la pseudo démocratie US), par conséquent soyons tous solidaires de cette femme, poète au demeurant très talentueuse, qui risque d’être condamnée avec trois autres personnes _ une syndicaliste, un étudiant et un défenseur des Droits de l’Homme, eux-aussi, comme par hasard, inculpés des mêmes chefs d’accusation _ arrêtées, à quelques jours d’intervalles, en janvier 2011 pour servir d’exemple et intimider tout ce qui reste d’esprits libres en Colombie.
Le seul crime véritable d’Angye Gaona est d’être poète et de ne pas approuver les exactions commises par son gouvernement, comme il nous arrive à nous aussi dans nos pays respectifs de le faire en France sans être inquiétés outre mesure, du moins jusqu’à maintenant….
Selon son avocat, un deuxième chef-d’accusation pourrait venir s’ajouter au premier: celui de: « rébellion ». Elle se retrouverait alors doublement prise au piège dans la mesure où si elle demandait l’asile dans une ambassade étrangère, elle tomberait immédiatement sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour narcotrafic. N’ayant pas beaucoup de ressources, elle a du opter pour l’aide juridictionnelle.
A tous ceux qui ont encore assez de cœur et de cran pour défendre la liberté mise en péril, j’adresse ce message.
Il est grand temps de nous relier dans l’action, de mettre en pratique la solidarité qui n’est pas un état d’âme ni un confortable exercice de style
philanthropique. Aujourd’hui, si l’on considère l’état général du monde, l’indignation, malléable à merci, ne suffit plus. Il est arrivé bien des fois que des poètes, quand ils n’ont pas été
poussés au suicide, aient été condamnés ou proscrits (Hikmet, Lorca, Unamuno, Senac, Milosz, Laâbi et dernièrement Aung Than…) parce ce qu’ils avaient de l’existence
humaine une vision profonde, parce qu’il leur était inconcevable de se résigner à subir le joug des tyrans, de tolérer sans rien dire au monde la souffrance infligée au peuple terrorisé et
surtout parce qu’il leur était impossible d’avilir la poésie avec la « bonne conscience moralisatrice » des laquais de service.
Angye Gaona en dépit des menaces qui l’enserrent, fait montre d’une témérité et d’une énergie peu communes: elle a décidé de se battre pour la cause commune dont la liberté d’expression est l’une des conditions fondamentales.
Ne recueille plus de larmes, cœur tendre.
Et si un enfant prisonnier pleure, tu le diras,
et si un homme est torturé, tu le diras.
Ce n’est pas le moment de rentrer la colère, te dis-je.
C’est l’heure de forger et de faire luire le tranchant."
Angye Gaona, extrait du poème tendre
tissu
Traduction: Pedro Vianna
Un site pour Angye : Danger poésie
Merci à Serge du blog Hobo lullaby pour m'avoir permis de trouver l'inspiration.