Le sirop d'érable : Légendes amérindiennes
Publié le 23 Novembre 2012
La légende des Fendilles, ou légende iroquoise
Par un beau matin froid et piquant, il y a fort longtemps, un chef Iroquois du nom de Woksis sortit de sa hutte. Puisqu’il devait aller à la chasse, il retira son tomahawk (hache) de l’érable dans lequel il l’avait plantée la veille au soir. Le tomahawk avait fait une profonde fente dans l’arbre mais Woksis n’y fit pas attention. Il partit chasser. Un récipient en écorce de bouleau était posé au pied de l’érable. Goutte à goutte, la sève qui ressemblait à de l’eau s’écoula de l’entaille faite dans le tronc de l’érable et remplit le récipient.
Le lendemain, la femme de Woksis remarqua que le récipient était plein. Pensant que la sève incolore était de l’eau, elle s’en servit pour faire un ragoût de gibier. Le soir venu, au souper, Woksis sourit et dit à sa femme: «Ce ragoût est délicieux. Il a un goût sucré.» N’y comprenant rien, la femme trempa son doigt dans le ragoût qui avait mijoté tout l’après-midi. Woksis avait raison: le ragoût était sucré. On venait de découvrir les fendilles sucrées qui nous donnent le bon sirop d’érable.
Nos ancêtres ont imité les Indiens. Au tout début, on faisait une fente à la hache dans l’érable, puis on fixait un petit morceau de bois ou de tôle pour laisser l’eau s’écouler dans une petite boîte en écorce de bouleau appelée cassot d’écorce. Depuis les techniques de fabrication du sirop d’érable ont bien évoluées mais les résultats n’en demeure pas moins DÉLICIEUX.
Origine des sucres
Bien avant l'arrivée des colons européens en Amérique du Nord, les tribus amérindiennes de l'est du Canada et du nord-est des États-Unis auraient découvert comment recueillir la sève des érables et la transformer en sirop. Certains racontent que les chiens des Amérindiens, par leur comportement, auraient mis la puce à l'oreille de leurs maîtres: une branche s'était cassée et les chiens se bousculaient tout autour pour lécher la sève qui coulait, et c'est ainsi que les Amérindiens eurent l'idée d'y goûter.
Une autre version indique qu'un petit écureuil grimpa le long d'un tronc d'arbre et mordit une branche... et se mit à boire. Un Amérindien au bas de l'arbre le regardait et se demandait pourquoi, puisqu'une source d'eau fraîche coulait tout près. Il imita l'écureuil en faisant une fente de son couteau... quelle surprise! Jusqu'alors, sa tribu ne trouvait du sucre que dans les fruits sauvages. Et voilà un arbre qui pleure du sucre en larmes de cristal. En plus, il venait de découvrir un remède contre le scorbut dont les siens souffraient souvent au printemps. Tout ça parce qu'il avait regardé et imité un écureuil se désaltérer avec la sève d'un érable...
Marie-Victorin, grand naturaliste et savant québécois, auteur illustre de la Flore laurentienne, affirme carrément que les
Amérindiens apprirent de l'écureuil roux l'existence du sirop et de la tire d'érable. En effet, lorsque qu'une branche d'érable à sucre casse sous le poids du verglas, la blessure causée coule au
printemps. De cette entaille naturelle, la sève suit toujours le même trajet, parfois même jusqu'au pied de l'arbre. Jour après jour, le chaud soleil printanier évapore l'eau et il ne reste
finalement qu'une traînée de tire d'érable que les écureuils roux lèchent goulûment.
La tire.
Les Amérindiens l’appelaient le » sucre de cire « . C’est encore l’écureuil roux qui montra aux hommes cet autre délice de l’érable. Lorsqu’une branche d’érable à sucre casse sous le poids du verglas, elle forme une entaille naturelle d’où s’écoule la sève au printemps. Celle-ci suit toujours le même trajet, parfois même jusqu’au pied de l’arbre. Jour après jour, le chaud soleil printanier évapore l’eau et il ne reste finalement qu’une traînée de tire d’érable que les écureuils roux lèchent goulûment. Il suffit de verser le sirop d’érable bouillant sur la neige. Il se coagule sous la forme d’une pâte souple. À l’aide d’un bâton ou d’une spatule de bois, on l’enroule et on le déguste immédiatement. Une vraie gourmandise.
La légende de Nokomis
Une légende amérindienne attribue la découverte du sucre d'érable à Nokomis (la Terre), grand-mère de Manabush, héros de nombreuses légendes indiennes.
Nokomis aurait été la première à percer des trous dans le tronc des érables et à recueillir la sève. Manabush, constatant que cette sève était un sirop prêt à manger, alla trouver sa grand-mère et lui dit : "Grand-mère, il n'est pas bon que les arbres produisent du sucre aussi facilement. Si les hommes peuvent ainsi sans effort recueillir du sucre, ils ne tarderont pas à devenir paresseux. Il faut tâcher de les faire travailler. Avant qu'ils ne puissent déguster ce sirop exquis, il serait bon que les hommes soient obligés de fendre du bois et de passer des nuits à surveiller la cuisson du sirop.
Il n'en dit pas plus long, mais, craignant que Nokomis ne fût indifférente à ses paroles et qu'elle n'omît de prendre des mesures pour empêcher les hommes de devenir paresseux, il grimpa au haut d'un érable avec un vaisseau rempli d'eau et en versa le contenu à l'intérieur même de l'arbre dissolvant ainsi le sucre qui se trouvait dans l'érable.
(Tiré de L'industrie du sucre d'érable dans la province de Québec/par Cyrille Vaillancourt)
Légende Mic mac
Une autre légende de la tribu MicMac raconte que par une journée de printemps, alors que le vent était encore frisquet, une vieille femme alla ramasser la sève des érables et, comme elle la goûte meilleure chaude, elle en mit dans un pot qu'elle plaça au-dessus de son feu de teepee.
Fatiguée, elle alla s'étendre pour se reposer.
Lorsqu'elle se réveilla, le soir était déjà là. Dans le pot, elle trouva un sirop doré, clair et sucré.
Croyance populaire
Les premiers cris des corneilles annoncent l’arrivée du temps des sucres.
Les premiers cris des outardes annoncent la fin de la saison.
Si on entaille les érables lors du croissant de lune, la coulée est abondante.
Si l’érable coule trop vite au moment de l’entaille, la coulée ne durera pas longtemps.
L’apparition de l’oiseau des sucres signifie qu’il est temps d’entailler (bruant des neiges).
Cet oiseau est fréquent lorsque le temps d’entailler les érables est arrivé.
Les papillons des sucres annoncent la fin de la coulée.
C’est un papillon gris et blanc qui fait son apparition à la fin de la saison des sucres et qui se noie dans les chaudières d’eau d’érable.
Jean Cadieux, coureur des bois
Le dieu Nanabozho
Il y a bien longtemps, du sirop pur, comme celui dont on arrose ses crêpes, coulait des érables. Lorsque le dieu Nanabozho y goûta, il le trouva tellement bon qu'il se dit que les habitants de la Terre n'apprécieraient pas ce sirop s'ils pouvaient se le procurer aussi facilement. Nanabozho ajouta donc de l'eau à l'épais sirop fourni par l'arbre, tellement d'eau que le liquide finit par ressembler à de l'eau sucrée. Il dissimula ensuite cette sève au plus profond de l'arbre. Depuis ce temps-là, les hommes doivent travailler fort pour obtenir du sirop d'érable.
Sur une idée d'Almanitoo
Sources : les sommeliers de l"indépendance,la cabane à sucre, radio canada, éricweb légendes québécoises