Le Parti communiste Chilien : un siècle de luttes
Publié le 9 Juin 2012
Avec la même force que lorsqu’il fut fondé, le 4 juin 1912, le Parti communiste chilien (PCCh) arive à son centenaire. En ces temps de nouvelles batailles, les communistes chiliens suivent la voie tracée par Luis Emilio Recabarren, le typographe qui fonda, dans la ville d’Iquique, le Parti ouvrier socialiste (POS). Dix ans plus tard, le 2 janvier 1922 au Congrès de Rancagua, cette organisation rejoignit l’Internationale communiste, prenant alors son nom actuel.
Dans sa Déclaration de principes, le Parti de la classe ouvrière soulignait la nécessité de supprimer l’exploitation de l’homme par l’homme, propre au capitalisme, et d’instaurer une société communiste. Pour ce faire, il fallait constituer « un organisme d’avant-garde aux objectifs clairs et avec des décisions précises qui ne peut être autre que le Parti communiste ».
Le PCCh avait également pour mission de hisser la lutte des classes du prolétariat à son plus haut niveau et à une forme supérieure d’organisation. C’est alors qu’il adopte l’idéologie du prolétariat : le marxisme-léninisme.
Ce Parti, avec d’autres forces politique, fut protagoniste de la geste glorieuse du gouvernement de l’Unité populaire du président Salvador Allende (1970-1973). Ces journées allaient constituer l’expression la plus haute de la lutte des classes au Chili, et témoigner du niveau d’organisation atteint par le prolétariat et d’autres secteurs sociaux.
À la suite du putsch perpétré par Augusto Pinochet, le Parti retrouva son rôle dirigeant dans la lutte insurrectionnelle contre la dictature. À cette époque les communistes chiliens vécurent leur expérience la plus difficile. Les rangs du PCCh furent décimés par la répression. Des milliers de dirigeants et de militants furent assassinés et d’autres furent contraints à l’exil.
Cependant, la dictature militaire ne parvint pas à faire taire la voix de ceux qui avaient assumé un rôle d’avant-garde au sein du PCCh. Des figures de la taille de Pablo Neruda, Victor Jara, Gladys Marin et Volodia Teitelboim, entre autres, poursuivirent la lutte en faveur des secteurs les plus démunis de la société chilienne. Les communistes chiliens se distinguèrent par leur engagement infatigable dans la lutte pour la justice sociale et l’équité.
Aujourd’hui, alors que le PCCh s’apprête à fêter un siècle d’existence, en jouissant d’un grand prestige au sein de la gauche latino-américaine, nous viennent à l’esprit les paroles de Ricardo Fonseca, qui fut l’un des secrétaires généraux de cette formation politique. Fonseca soulignait qu’un communiste était indestructible parce que son existence obéissait aux intérêts, aux besoins et aux luttes des classes populaires.
Laura Bécquer Paseiro
Il s'appelait Recabarren.....
Le chant général (1921)
Il s'appelait Recabarren (....)
Il concerta les solitudes.
Apporta les livres et les chants
aux murailles de la terreur,
joignit entre elles chaque plainte,
et l'esclave sans voix ni la bouche
- l'homme à la si vaste souffrance -
prit un nom et s'appela Peuple,
Prolétariat et Syndicat,
il devint présence et prestance.
Et cet habitant transformé
qui se forgea dans le combat,
cet organisme courageux,
cette implacable tentative,
ce métal que rien n'altérait,
cette unité du crève-coeur,
cette forteresse de l'homme,
ce chemin vers le devenir,
cette cordillère infinie,
ce printemps de germinations,
cet armement de ceux d'en bas,
sortant alors de l'affliction,
du plus profond de la patrie,
du plus dur et du plus meurtri,
du plus haut, du plus éternel,
s'appelèrent Parti.
Parti
Communiste.
Ce fut son nom.
(....)
Pablo Neruda