Le mystère Pablo
Publié le 1 Avril 2013
Photo Sarah Facio : Pablo Neruda et Matilde Urrutia à l'isla negra
Ils ont décidé de réveiller
ta géographie mortuaire
d’inciser ta chair de poète
imprégnée de mots clamés haut,
ils ont décidé de briser le mystère :
Pablo, t’ont-ils tué ces immondes pourceaux ?
Pinochet a-t-il éteint la lumière du Chili
tout comme franco ordonna
de briser celle de l’Espagne ?
Nous le saurons assez tôt c’est écrit.
De héros ton futur poétique
continuera t-il en étant celui de martyr ?
Ta poésie était arme de guerre,
elle en a creusé des tranchées,
des boulets rimés rouges déboulant
dans les pattes,
l’ennemi en tombait sous ses balles criblé.
Elle en a raviné des esprits factieux
aux mines patibulaires de faces de rat,
cloué les bouches aux dents si cruelles,
elle criait la justice, l’humanité de la terre,
elle s’écriait sans peur, sans faire marche arrière.
Tu leur as fait peur.
De mots d’amour en mots de rage
ta poésie épée tranchante
sabrait le fer de l’espoir,
sectionnait net les idées fascisantes.
Le poète quand il est habillé de ces mots de combat
est un soldat qui en vaut mille sur le front,
son front à lui réfléchit aux frimas
qu’il couchera pour écrire la raison,
le poète quand il signe de son glas,
son nom glorieux vainc tous les bastions.
Le lecteur quand il dit : Neruda
il a franchi la barrière du son,
plus jamais les proses ne lira
sans en perdre sa partition.
Si les factieux t’ont tué
cela veut dire que tu avais gagné,
cela veut dire que la poésie avait gagné,
ta mort factice
t’as ravi à nos âmes complices,
plus jamais nous te verrons tel, poète,
si en martyr méconnu tu dormais depuis 40 ans,
ton aura alors brillera de plus belle,
dans nos cœurs ton image collera
à celle de Federico, ton si cher compagnon
Carole Radureau (31/03/2013)
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