Le 12 octobre 1492 Colomb de malheur pose le pied sur Abya Yala

Publié le 11 Octobre 2012

Et oui, ce n'est pas une date précieuse à retenir mais plutôt une date de non-anniversaire mais néanmoins le devoir de mémoire nous donne l'opportunité d'en parler pour dénoncer le début de colonisation du continent sud-américain.


520 ans......de colonialisme, d'esclavage, de guerres, de libéralisme, d'épidémies, de massacres, de pillage des terres.


.....Et ça continue comme si de rien n'était.


Alors ce maudit Colomb un jour mon camarade Robert Lechêne a eu la sympathique idée de lui dresser le portrait. Non pas un portrait tiré à quatre épingles, digne d'une toile de maître mais le vrai portrait, vu par le petit bout de la lorgnette d'un militant progressiste et anti-colonialiste.

Et pour les 500 ans de cette découverte, il en a sorti un livre intitulé Colomb de malheur que j'ai la chance de posséder sur ce blog en lecture gratuite comme l'auteur à eu la générosité et la délicatesse de me le proposer.

 

Mais ce partage se fait à trois mains, car si Robert est l'auteur et signe son travail, si moi, je mets à disposition cet humble blog qui est la terre d'accueil des peuples indigènes, notre troisième camarade en réalise la mise en page et nous permet alors d'en prendre connaissance avec un maximum de confort. C'est de papy du blog Che4ever dont je parle et que je remercie encore d'avoir contribué avec son talent à ce partage culturel qui signe aussi notre devoir de mémoire.

 

Merci encore à Robert et à papy.

 

Caroleone

 

 

 

Prendre connaissance du livre en cliquant sur l'image

 

 

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L'INJUSTICE ORIGINELLE

Cet Ivryen qui s'est toujours révolté devant la misère et le malheur des autres a voulu montrer le vrai visage du conquérant de l'Amérique . L'auteur a «essayé de comprendre ce qu'il pensait, de connaître ses qualités s'il en avait». Il dénonce ce triste personnage dont l'arrivée en Amérique a marqué le début de l'extermination d'un peuple.

 

«IL a commis ce qu'on qualifie aujourd'hui de crimes contre l'humanité. Par intérêt, sans pitié, sans remords. Alors là, maintenant que je le sais, elle est finie, pour moi, la belle histoire pasteurisée de la découverte de l'Amérique. Tant de douleurs, tant de morts. Décidément, non, je n'aime pas Colomb. Pas du tout.»

 

Cette appréciation de Robert Lechêne sur le «découvreur» de l'Amérique fait de lui un peu l'empêcheur de tourner en rond dans la valse des éloges dithyrambiques qui entourent la célébration du 500e anniversaire de ce 12 octobre 1492 où: «Dans la nuit, un marin de la «Pinta», Juan Rodriguez Bermejo, dit Rodrigo de Triana, crie «Terre!» A l'aube, devant les indigènes qu'il se figure être des habitants des Indes, le grand amiral de la flotte océane, don Cristobal Colon, prend possession de l'île de Guanahani, dans l'archipel des Bahamas.»

 

Robert Lechêne, qui vient de publier à cette occasion son dernier livre, «Colomb de malheur» (1), est un Ivryen de longue date, que les habitants du quartier Casanova connaissent bien. Il fut - faut-il le rappeler? -, pendant près de quarante ans, journaliste à «Ce soir», à «Nous les garçons et les filles» et, surtout, à l'«Humanité Dimanche» où il s'est coltiné aux sujets les plus divers, ses livres sur l'histoire de l'imprimerie ou la conquête de la Lune en sont des exemples.

Robert Lechêne eut aussi l'occasion de faire de multiples séjours à travers les Amériques, et cet homme sensible à toute injustice fut révolté du triste sort réservé aux Indiens, la misère épouvantable que leur ont imposée les «civilisateurs». Aussi, dès qu'il eut le loisir de profiter de sa retraite dans le Loiret: «L'approche du cinquième centenaire de la découverte de l'Amérique m'a donné envie d'en savoir davantage sur celui à qui on la doit.» Il se lança dans une vaste recherche historique: «J'ai lu à son sujet tout ce que j'ai pu, à commencer par ses propres textes, journal de bord, relations de voyages, correspondance, etc. La caravelle passe, les écrits restent et le Colomb qu'on y trouve ne ressemble guère à son mythe.»

 

Le rayonnant combattant de la foi, lorsqu'il plante des croix sur les plages devant des indigènes éberlués, n'a rien d'un messager d'amour. Il leur signifie, «au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ», qu'il s'approprie leur île, leurs biens, leurs personnes, leurs pensées. Car ils auront à se convertir «de même que Vos Altesses ont détruit ceux qui n'ont pas voulu se confesser le Père et le Fils et l'Esprit saint», note-t-il en novembre 1492 sur son journal de bord. Une allusion obséquieuse à l'écrasement final de l'islam ibérique à Grenade en janvier et au décret royal d'expulsion des juifs d'Espagne en mars. Rude année pour les droits de l'homme! Et si le pape Pie IX envisagea, en 1856, sa béatification, les objections de sa liaison coupable et de son fruit illégitime lui interdiront finalement, en 1891, sous le pontificat de Léon XIII, la route de l'auréole.

 

Robert Lechêne montre que le navigateur portait aussi une grande dévotion à l'or: «Mais dès le 13 octobre, les indigènes de Guanahani avaient afflué à bord de la «Santa-Maria», et Christophe Colomb note dans son journal de bord: «J'étais attentif et travaillais à savoir s'il y avait de l'or, et vis que certains en portaient un petit morceau pendu à un trou qu'ils ont au nez.» Le terme d'or viendra sous sa plume près de cent cinquante fois!

 

L'auteur démonte aussi l'image de Colomb grand humaniste qui ne fut surtout qu'un expert en trafic de chair humaine: «Dès le premier voyage, il voit le parti qu'il pourra tirer de la vente des esclaves indiens (lettre aux souverains espagnols en 1496). Le deuxième voyage, à l'automne 1493, est déjà une expédition militaire. Trois cents soldats, dont les baroudeurs de la guerre des Maures. Février 1494, expédition des premiers «échantillons»; en mars, première expédition pour fermer la gueule aux Indiens récalcitrants et utilisation des chiens. Les opérations sont de plus en plus nombreuses et construites stratégiquement. Par exemple, les Indiens ne se battent pas la nuit, donc sont facilement capturables. Ces hommes avec leurs épées tranchantes et montés à cheval ne font qu'un seul et même animal fantastique pour les Indiens. L'utilisation de l'arbalète, qui transperce un homme à 300 mètres, fait un carnage.» D'ailleurs, son utilisation avait été interdite au concile de Latran, ou du moins ne devait être utilisée que contre les hérétiques.

 

Colomb avait tout réglé dans les moindres détails: forteresses, regroupement des populations, arrestations des caciques, déportation. Une technique de «pacification» qui ne sera pas oubliée au XXe siècle par les nazis en Europe, la France coloniale, sans oublier l'expérience des Américains qui s'acheva sur la tuerie de Wounded Knee.

«A Saint-Domingue, de son arrivée en 1492 à sa mort en 1506, tout est terminé. Des trois millions d'Indiens qui habitaient l'île, l'administration espagnole n'en recensera plus que 60.000 en 1512. L'extermination du Nouveau Monde a démarré sur les chapeaux de roue.» Que Colomb ait été un grand marin, Robert Lechêne en est d'accord, «mais on peut être excellent homme de mer et méchant homme tout court».

 



Yvon Le Ligeour pour l'humanité (le 9 mai 1992)

 

 

 


Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire

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