La mort du Che
Publié le 16 Octobre 2012
Je t’ai vu mort l’autre jour à la télé
De ta honteuse mort soigneusement orchestrée
Et j’ai eu mal
Ton corps troué de balles, souillé de sang
Tes haillons déchirés par les griffes des buissons
Des mocassins de peau légère
Confectionnés à la hâte
Tenant encore des jambes maigres
Dont le sang s’écoulait de ta blessure
Ton visage non rasé non coiffé
Yeux encore entrouverts ainsi que la bouche
Révélaient ton expression finale
Expression de sérénité
Et non de frayeur
La mort en son impitoyable et injuste
sentence
Ne t’a pas effrayé au moment fatidique
Brave et courageux tu fus jusqu’à la fin
Il parait que de ta dépouille irradiait
Une lumière éblouissante
Présage de ton devenir post-mortem
Car c’est vrai : pour briller tu brilles
D’un éclat exceptionnel qui entre nul autre
Est pareil
Tu nous envoies des clins d’yeux éclairés
De malice qui ravissent
Nos jours toujours tristes
Tes rayons de miel d’humanité
Caressent nos luttes parfois désespérées
Ton rai passant sous la porte se faufile
Tel un baume dans le cœur des manants
Eclat de rire de tes yeux malicieux
Comme des échos retentissent
Dans la mémoire des adieux
Tu as gagné la gloire éternelle
Celle qui n’atteint que les êtres
D’exception
Je t’ai vu mort l’autre jour à la télé
Tes souffrances
Ton fardeau
Ton errance
Les traitres et les non dits
Les malfaisants propos des loups
Déformants tout à envie
Le manque d’air chaque jour
Pour irriguer ton sang trop riche
La faim creusant ses galeries
Dans les ventres dégarnis
Et dans les rides de la vie
Misère de la poursuite impitoyable
Qui ne laissa aucun repos
Ni aucune chance
Aux guérilleros de l’impossible
J’ai mal encore
Mes poumons s’atrophient
De ton manque d’air
Mon estomac se rétrécit
En solidarité aux ventres décharnés
Qui n’avaient point d’abondance
Mes nuits s’écourtent
En parallèle à vos veilles
de déroute
Je n’aime pas te voir mort compañero
Vivant tu es à jamais
Héros tu resteras pour l’éternité
Sourire aux lèvres, cigare en coin
Sourire en coin, regard droit et fier
Corps en action, résolution
Sur ta moto au rugby ou au travail volontaire
Vivant vivant vivant
Fort simple et beau
Carole Radureau (16/10/2012)
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