La milpa

Publié le 20 Novembre 2012

La MILPA : Un exemple indigène d’agro écologie millénaire

 

 

 

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Il y a environ 6000 ans, les mayas.......

 

Les mayas cultivaient le maïs (zea mays) principalement ainsi que les haricots (dont phaesolus vulgaris) et les courges ou citrouilles (cucurbita pepo) en utilisant le système sur brûlis ou milpa.

 

Cette technique Maya est un terme dérivé de la phrase Nahuatl mil-pa signifiant


"Ce qui est semé dans les champs"


Le Popol Vuh, livre sacré des Mayas, fait référence à cette triade agricole et alimentaire.

 

 

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La milpa est le plus ancien modèle agricole de Mésoamérique ainsi que le plus répandu qui demeure encore vivant de nos jours.

Au Mexique cette tradition est toujours pérenne et préservée avec force car elle permet aux peuples de vivre pratiquement en autosuffisance et de perpétuer leurs traditions ancestrales qui sont toutes et toujours liées au culte du maïs. Les milpas de traditions maya existent également au Guatemala.

 

 

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Milpa dans l'Oaxaca

 

 

 

 

 

 

3 soeurs milpa

 

 

Comment procèdent-ils ?

 


 

-        L’essartage : il s’agit du défrichage de la parcelle de terre boisée ( à l’époque les mayas ne possédant que des outils en pierre, ce travail était très pénible) : les broussailles sont coupées ou arrachées, laissées à sécher sur le col puis ensuite brûlées.


-        Le semis :

 

  1. On forme de petits monticules aplatis de 30 cm de haut environ, espacés en tous sens de 50 cm.
  2. On sème les graines de maïs en poquets au centre de chaque monticule.
  3. Quand le maïs atteint 15 cm de haut, on sème les courges et les haricots tout autour en alternant les deux espèces.

-       La jachère : Ce procédé permet à la terre de se reposer et de se régénérer, les mauvaises herbes ainsi repoussent dans la jachère en étant en compétition avec les plantes établies et sélectionnées. Ce système permet avec le temps l’extinction des plantes inutiles dont la durée de maturation est inférieure au temps de jachère. Les jachères de nos jours impliquent deux années de culture suivis de huit années de croissance en jachère ou secondaire.


 

 

Association positive des trois espèces

 


 

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Le maïs qui nécessite une bonne irrigation et un fort apport en azote pour sa croissance bénéficie de celui-ci dans le sol grâce aux plants de haricots qui se servent eux des tiges de maïs pour grimper. L’espace horizontal , le sol, quand à lui est occupé par les plants de courges ou de citrouilles qui offrent une couverture végétale évitant l’érosion, conservant l’humidité et captant les insectes.

Souvent la milpa est associée à un jardin potager (solar) dans lesquels les campesinos cultivent les poivrons, les pimenst et les herbes médicinales, le cacao et le café.

 


Tous les avantages de la milpa

 


-        Le système de rotation des parcelles agricoles dans le système d’abattis-brûlis permet la régénération de la végétation secondaire, la création d’écosystèmes favorables à la gestion traditionnelle des forêts et de la chasse de subsistance.


-        Dans les zones de jachère on peut trouver un habitat pour les oiseaux et les petits mammifères ce qui préserve la biodiversité

 

 

 

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-        Tous les besoins de la communauté agricole sont couverts y compris les cultures vivrières de subsistance, les cultures fourragères (pulpe de courge entre autre), le matériel de construction en milieu rural, le bois de chauffage, la végétation secondaire pour l’apiculture, la chasse.


-        Les milpas sont de tailles réduites (moins de 2 hectares en moyenne) et permettent l’utilisation optimale des ressources naturelles.


-        La milpa permet l’utilisation minimale de produits agrochimiques toxiques promus par les programmes de développement gouvernemental.


-        Les variétés traditionnelles sont perpétuées par une conservation génétique.


-        L’association de culture intercalaire de maïs/haricots/courges augmente la fixation biologique d’azote et le contrôle des insectes et des maladies


-        La diversité génétique des cultures est élevée dans les communautés utilisant les systèmes de milpa avec plus de 15 variétés locales de maïs, 5 de haricots, la courge et 3 des 6 piments.


-        Parfois des plantes aux feuilles comestibles comme l’amarante (qui est le pire ennemi du maïs en monoculture) sont préservées pour servir d’aliment ou de fourrage.

 

 

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Milpa dans le Yucatan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les trois sœurs des Iroquois et des amérindiens du nord

 


 

 

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Les Amérindiens voyaient aussi leur esprit comme trois sœurs qui aimaient rester l'une près de l'autre: l'esprit du maïs, l'esprit du haricot et l'esprit de la courge. Les plantes que ces esprits représentaient étaient considérées comme des cadeaux du Créateur. Selon la croyance iroquoise, ces trois plantes «sœurs" devaient vivre en symbiose. Certains prétendent qu'au clair de lune, elles prenaient des formes humaines féminines et dansaient à l'ombre des champs de maïs, chantant des louanges à leur mère, la terre.

 

 

Après les semences, ils priaient l'Esprit du tonnerre de ne pas brûler la terre et de donner aux trois sœurs toute l'eau dont elles avaient besoin. Plus tard, alors que la moisson était mûre, ils fêtaient la croissance des trois sœurs. A la pleine lune qui suivait, ils dansaient en l'honneur de la moisson. Le cycle de la vie était complété. Ce jour-là, les femmes chantaient: «Les trois sœurs sont heureuses parce qu'elles sont de retour à la maison après avoir passé l'été dans les champs».

 

 

Légende des trois sœurs

 

 

La légende raconte que ces trois sœurs inséparables vivaient dans un champ. La plus petite vêtue tout de vert rampait depuis sa naissance, la seconde portait une robe d’un jaune brillant, elle avait le don de se cacher du soleil ardent et du souffle du vent. La troisième des sœurs, était très grande et mince. Elle avait une posture d’une droiture incomparable.  Sur ces épaules, elle portait un châle d’un vert pâle et sa longue chevelure blonde flottait au gré du vent.  Les trois sœurs s’aimaient beaucoup, elles ne pouvaient s’imaginer un instant d’être séparer l’une de l’autre.

 

Un jour un étranger vint leurs rendre visite dans le champ. D’une allure fière comme l’aigle, ce jeune amérindien marchait d’un pas rassurant en direction des trois sœurs. On pouvait apercevoir dans son regard, la force et la sagesse de l’ours. Ses longs cheveux couleurs de jais, contrastaient avec la couleur de ses vêtements garnis de plumes de faisans et de dindes sauvages. Les sœurs étaient bien intriguées de le voir aussi près d’elles. Il portait sur son épaule, un carquois et des flèches. Il s’assit tout près d’elles afin de sculpter avec minutie des objets en bois avec un petit couteau taillé dans la pierre. Elles se demandaient avec une intense curiosité, ce qu’il pouvait faire à cet instant et où partirait-il la nuit venue. Vers la fin de l’été l’amérindien revint une nouvelle fois, mais lorsque la noirceur fût tombée à la fin de la journée, la plus jeune des sœurs avait disparu en même temps que lui.

 Les deux sœurs avaient tellement de chagrin de la disparition de la cadette, qu’elles pleurèrent jusqu’à l’automne. Pour la seconde fois, l’homme revint ramasser des roseaux afin de fabriquer des flèches. Les deux sœurs épiaient avec admiration le moindre de ses  gestes.  Quand il passa près d’elle, elles s’émerveillèrent devant l’empreinte de ses pas laissée dans la terre fraîchement mouillée de rosée.   Le soir venue la seconde sœur disparût ne laissant aucune trace. Que de peine pour l’aînée qui se retrouvait seule  au champ. Pendant plusieurs semaines elle resta  là sans se cambrer malgré son immense chagrin. Chaque jour, elle appelait ses sœurs d’une voix remplie de tristesse en espérant les retrouver. 

Lorsque le temps de la récolte d’automne arriva,  elle sentit de nouveau la présence du jeune homme près d’elle.  Il fût tellement attristé par les plaintes qu’il entendit, qu’il prit la troisième sœur dans ses bras et l’apporta chez lui.  Que de joie elle eut quand elle vit ces deux sœurs en sécurité et à l’abri dans la demeure de l’amérindien. Ces deux sœurs lui expliquèrent qu’elles l’avaient suivi par curiosité et qu’une fois entrées à l’intérieur elles avaient aimé la chaleur confortable de cet endroit. Elles faisaient tout leur possible pour apporter de l’aide au jeune amérindien. Les trois sœurs avaient pour tâche de veiller à ce qu’il y ait toujours de la nourriture pendant la période hivernale. L’haricot la plus jeune des sœurs veilla à garder les casseroles pleines tandis que  la courge séchait patiemment afin de garnir un repas au cours de l’hiver. L’aînée des sœurs le maïs apporta son aide pour broyer le grain afin de subvenir au besoin du jeune amérindien.

 

 

 

Caroleone

 

 

Sources : Chichilan.org, bio-logiques.org, les moissons du futur MM. Robin sur arte, pour le conte : création otsitsia.com

 

 


Rédigé par caroleone

Publié dans #indigènes et indiens, #ABYA YALA, #Savoirs des peuples 1ers

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D
Merci pour ces explications historico-agricoles ainsi que pour la joilie petite histoire
C
De rien.
A
<br /> L'histoire est belle, et cette façon intelligente d'envisager la culture des plantes nécessaires à la nourriture des populations semble d'un tel bon sens qu'on se demande pourquoi au fil du<br /> temps, on l'a abandonner...enfin, nous savons pourquoi, bien sur.<br /> <br /> <br /> Ce seront certainement ces populations "sous évoluées" comme le disent certains, qui nous réapprendrons le B A BA de la vie telle qu'elle devrait être.<br /> <br /> <br /> Merci Caro, pour cet article plein d'enseignements. <br />
C
<br /> <br /> Il y a pas mal de temps que j'en parle de la milpa et j'étais contente de voir que MMRobin partait au mexique pour faire un reportage sur les traditions héritées des mayas et aussi dénoncer<br /> l'aléna. Parce que de mon côté je peux peu et comme je rabâche souvent sur les qualités des indigènes descendants des mayas on doit penser que je suis partisane (ce qui est le cas je l'avoue).<br /> Mais comme je me sens bien avec ces peuples, je l'ai toujours dit, même si tous les autres me sont chers, ce sont toujours les mayas qui ont la plus grande place dans mon coeur et les mexicains,<br /> je ne sais pourquoi : une vocation certainement.<br /> <br /> <br /> Il y a énormément d'enseignements à tirer des peuples originaires j'en suis convaincue, est-ce que leurs savoirs pourraient être des réponses aux maux de la terre, je pense que oui en les<br /> adaptant à l"aide de la science pour en faire des méthodes à plus grande échelle évidemment, mais pour se faire une seule condition : se débarrasserr des monsanto, gates et cie !<br /> <br /> <br /> Et former les agriculteurs autrement.<br /> <br /> <br /> Mais ce n'est pas une gageure, il faut y croire et pousser dans ce sens.<br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caro<br /> <br /> <br /> <br />