La grève de la faim à la prison n°5 de San Cristobal
Publié le 6 Juillet 2011
Dans cet article les compagnons prisonniers politiques nous racontent
comment s'est déroulée la grève de la faim générale dans la prison n° 5 de
San Cristóbal, celle-ci a impliqué 580 prisonniers et a permis d'obtenir
le départ immédiat du directeur répressif de cette prison : David Montero
Montero.
Il faut mentionner que cette prison est toujours surpeuplée, de 8 à 10
prisonniers vivent par cellule de 3m x 3m et sous la menace constante des
opérations du "Groupe Loup" (Grupo lobo), groupe spécialisé dans la
répression dans les prisons.
La situation avant et après la grève de la faim générale.
Par ce communiqué, la voix de L'Amate et les solidaires de la voix de
L'Amate, nous exprimons que dans cette prison la majorité des détenus,
presque 95 %, sommes indigènes et venons surtout de la zone haute
du Chiapas, qu'auparavant nous vivions relativement bien ensemble, entre
indigènes, sans avoir beaucoup de violations de nos droits, mais depuis
l'arrivée du directeur de la prison David Montero Montero il y a quatre
mois, peu à peu nos droits de détenus ont été attaqués.
Comme la mauvaise alimentation qu'ils nous donnent, en grande partie
malsaine, pourrie ou périmée : la consommation de ces aliments a provoqué
beaucoup de maladies intestinales, comme la diarrhée, la gastrite, des
douleurs au ventre, entre autres. Ensuite nous allons voir le médecin pour
demander des médicaments pour soigner ces maladies et ils nous disent
qu'il n'y a pas de médicaments.
Le directeur, précédemment cité, a commencé à interdire les visites
familiales de nos oncles, tantes, cousins, cousines, beaux-frères,
belles-sœurs, beaux-pères et belles-mères, les mardis et jeudis, jours des
visites familiales.
Tout détenu qui se rend d'une zone à l'autre pour un quelconque besoin
personnel, est par ordre du sous-secrétaire et du directeur, menotté pour
pouvoir passer les différentes zones, mais il y a quelques compagnons qui
vont à l'infirmerie pour recevoir des injections de médicaments
qu'eux-mêmes ont achetés, et les infirmières nous font les injections avec
les mains menottées sans pouvoir baisser ou lever nos vêtements.
Le 25 mai 2011 aux environs de 16 h 20, les éléments du « groupe loup »
ont réalisé une fouille surprise dans nos cellules et dans les chambres
individuelles,ils ont ensuite commencé à emporter les appareils
électroménagers, CD, DVD, des films et ils ont même volé de l'argent que
plusieurs prisonniers avaient laissé dans leur chambre, et tous ces
appareils que nous avions nous servaient beaucoup, autant pour nous
distraire que pour notre éveil personnel et notre réadaptation durant
notre enfermement.
Le 26 mai le directeur de la prison a ordonné à son geôlier de nous dire
que tous les détenus qui avaient eu un appareil confisqué devaient faire
un courrier au sous-secrétaire corrompu des sanctions pénales. Plus tard
le directeur a dit : les propriétaires de chaque appareil doivent fournir
les factures des appareils, ceux qui n'ont pas de factures perdront
complètement leurs appareils… mais, la majorité des appareils
électroménagers ont été achetés à l'intérieur de la prison à d'autres
prisonniers, à cause de tout cela, la population de prisonniers s'est
énervée.
De nouveau le 7 juin à 6 h 45 du matin a eu lieu une autre fouille
surprise du « groupe loup » accompagné de ses chefs, le sous-secrétaire
Gustavo Francisco Ferreira Jiménez et le directeur de cette prison.
D'abord ils ont procédé à la fouille des cellules et après ils ont
commencé à dévaliser les chambres sans se soucier du prix des matériels,
parce que les chambres avaient des macrocel qui nous ont beaucoup servi à
nous protéger du froid et des maladies dues au climat et la population a
été incommodée par ces types de violations et d'humiliations envers nos
humbles personnes en tant que détenus.
Le 8 juin 2011 à peu près vers 10 h 30 du matin, le directeur de la prison
a convoqué les prisonniers à une réunion où il a dit que tous les
visiteurs n'auront plus le droit de passer à l'intérieur de la prison,
encore moins à la salle à manger, il a dit qu'ils pourraient seulement
rester dans la cour c'est-à-dire à l'extérieur. C'est à cause de ces abus
que la population de prisonniers s'est énervée, parce que depuis de
nombreuses années nous avons partagé des moments ensemble avec nos
familles
tranquillement dans cette prison.
Les prisonniers ont supporté pendant très longtemps les abus des mauvaises
autorités pénitentiaires, mais les restrictions que nos familles et
nous-mêmes subissions, nous on fait dire ça suffit ! C'est alors que la
population est venue vers nous, en tant que voix de L'Amate et solidaires
de la voix de L'Amate, pour voir ce que nous pensions des abus commis.
Nous leur avons demandé ce qu'ils voulaient faire et ils ont dit qu'ils
voulaient faire une grève de la faim, nous leur avons dit que nous
attendions seulement que quelqu'un se décide. La population des
prisonniers a dit qu'ils ne feraient rien sans nous, et comme nous, la
voix de L'Amate et les solidaires de la voix de L'Amate, avions déjà de
l'expérience, nous leur avons dit de se mettre d'un seul coup en grève de
la faim, et c'est ainsi qu'a été déclarée la grève de la faim générale.
À 9 h 30 du matin le 9 juin la population de prisonniers a demandé au
Centre des droits de l'homme FRAYBA d'être l'interlocuteur de ces actes,
après une banderole qui disait "grève de la faim générale" a été mise en
place, et le prisonnier politique Alberto Patishtán Gómez a été présent
durant la grève ainsi que les solidaires de la voix de L'Amate, chacun
participait à quelque chose, comme s'occuper de contrôler la population
des prisonniers, de leur dire de ne pas s'agiter, certains de nous
offrions des sucreries, entre autres. L'après-midi du 9 juin, un mandaté
des droits de l'homme de l'État, nommé Pensamiento est arrivé, il est
entré accompagné par le directeur et son geôlier ainsi qu'un commandant.
Le mandaté a commencé à parler mais la population l'ignorait, et même
quelques compagnons voulaient crier des slogans aux autorités mais les
solidaires de la voix de l'Amate et la voix de l'Amate nous avons commencé
à leur dire : non compagnons ne criez pas... Mais le compagnon Díaz Méndez
de la voix de L'Amate et le compagnon Alfred López Jiménez solidaire de la
voix de L'Amate, ont été menacés par le directeur en présence du supposé
mandaté des droits de l'homme de l'État, et même le mandaté a commencé à
dire : que voulez-vous messieurs ? Parlons, dialoguons… mais il a vu que
la population des prisonniers restait totalement muette, alors il a
commencé à dire : messieurs regardez, ne vous laissez pas manipuler par
quatre4 ou cinq personnes qui cherchent des intérêts personnels. Comme
personne n'a répondu ils sont sortis, plus tard il est revenu accompagné
d'un représentant du FRAYBA, là on a dit au mandaté des droits de l'homme
de l'État que nous ne voulions pas parler avec lui, encore moins avec
Ferreira. Cela a été le premier jour de la grève, la nuit est venue et
nous sommes restés réveillés toute la nuit, veillant tout le temps.
Le 10 juin 2011.
Nous avons de nouveau commencé à travailler, à parler à la population de
prisonniers, à leur dire de ne pas désespérer, parce que d'une manière ou
d'une autre nous allions obtenir nos demandes, tandis que le directeur
commençait à crier dans le haut-parleur pour nous tenter et nous provoquer
en nous offrant de la nourriture ; et lorsqu'à 13 h 40 les fonctionnaires
du gouvernement sont arrivés pour dialoguer avec nous, nous avons exposé
nos demandes pendant 50 minutes environ, de là ils sont partis en nous
disant qu'ils allaient revenir 30 minutes plus tard le temps de parler à
leurs chefs. Des heures ont passé, à 17 h 30, ils sont arrivés avec la
réponse à nos demandes, mais la réponse était donnée seulement
verbalement, nous l'avons expliquée à la population de prisonniers qui a
été d'accord avec la réponse verbale faite à nos demandes, alors nous
avons dit aux fonctionnaires du gouvernement que tout ce qu'ils avaient
promis devait être mis en preuve écrite dans un compte rendu.
À 19 h 30 tous ensemble nous avons levé la grève de la faim générale.
Actuellement la population de prisonniers reste dans l'attente de
l'accomplissement des accords écrits ; à ce jour il y a eu quelques
changements en matière d'alimentation, d'accès des visiteurs et la
destitution du directeur. Pour l'instant nous en sommes là, et nous
attendons la résolution des autres demandes.
Finalement la population des prisonniers remercie tous les défenseurs
/euses de droits de l'homme, les organisations indépendantes nationales et
internationales et les médias qui se sont joints à cette cause afin
d'exiger le respect de nos droits en tant que prisonniers.
FRATERNELLEMENT
Des prisonniers politiques de la voix de L'Amate et les solidaires de la
voix de l'Amate
19 de juin 2011. Prison nº5 de San Cristóbal de las Casas, Chiapas.
Qu’est-ce-que « la voix de l’Amate » ?
http://liberonsles.wordpress.com/prisonniers-de-la-voix-de-lamate-chiapas/
Vous pouvez regarder des vidéos sur les prisonniers de l'autre campagne
sous-titres en français sur http://www.youtube.com/liberonsles
Pour plus d'information sur les prisonniers de l'Amate en espagnol:
http://noestamostodxs.noblogs.org/