L'artiste qui murmurait à l'oreille des abeilles
Publié le 27 Juillet 2012
Le slovaque Tomáš Libertíny, spécialiste de l'art apicole, s'apprête à exposer à Londres sa "sculpture aux abeilles vivantes". De l'art, mais aussi une déclaration d'amour à ces précieux insectes en voie de disparition.
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Sculpture en cire d'abeille de Tomáš Libertíny.
La "sculpture aux abeilles vivantes" de Libertíny sera installée dans le jardin du Musée d’histoire naturelle de Londres à la fin juillet. Nommé The Agreement (L’accord), cette œuvre de 1,6 m de haut est faite de cire d’abeilles et d’abeilles vivantes. A l’occasion de l’Exhibition Road Show, un festival scientifique et culturel, elle sera présentée dans une tour de verre pour rappeler le déclin catastrophique des abeilles en Europe.
En 2008, Lord Rooker, alors ministre de l’Agriculture, alertait : "L’équilibre des abeilles est en danger et, franchement, si rien n’est fait, la population des abeilles pourrait disparaître dans moins de dix ans." Ce déclin mondial est le résultat de l’utilisation de pesticides, de la monoculture et d’un phénomène appelé syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles.
Au moment du déjeuner, un charmant apiculteur aux yeux ingénus, venu pour soutenir Libertíny, se lance dans un éloge passionné des abeilles, en slovaque. Même si je n’en comprends pas un traître mot, je suis ému par son discours. Libertíny traduit : "Les abeilles produisent les 10 éléments les plus bénéfiques pour l’homme, parmi lesquels on trouve le miel, la gelée royale et même leurs piqûres, qui ont des propriétés médicales, la propolis [résine végétale utilisée par les abeilles pour assainir les ruches, que l'on récolte pour ses propriétés thérapeutiques] et la cire d’abeille. Elles purifient l’air. Les oiseaux et les ours en mangent. Elles contribuent à la pollinisation de 85 % de la végétation sur Terre. Nous, nous leur rendons la planète invivable. Nous devons les sauver !"

Le travail de Libertíny avec les abeilles a commencé il y a cinq ans. A cette époque, il laissait ces insectes essaimer autour de vases recouverts de cire d’abeille dans son studio à Rotterdam. Les formes qu’elles créaient étaient beaucoup plus belles et naturelles que ce qu’il avait pu imaginer. "Dans nos sociétés, le consommateur aime le design épuré. Je voulais m'éloigner de cette tendance. J’ai donc commencé à travailler avec un matériau fragile et éphémère : la cire d’abeille. Elle provient des fleurs, se transforme en vase et finit par accueillir des fleurs pour leur dernier voyage."
La sculpture Unbearable Lightness à la foire de Bâle