L'arbre de l'impossible
Publié le 5 Octobre 2012
Tel un arbre je suis immobile figée
Et pourtant si mobile
Je cherche tous les moyens pour accéder
à des rêves impossibles
Comme lorsque dans les manèges d’enfants
Petite fille
Le pompon me passait sous les yeux
et que jamais au grand jamais
je ne voulais l’attraper
Vouloir l’impossible et sans cesse le rater
C’est le propre de l’arbre
Un jour il essaie de se hisser
Au plus haut de la canopée
Il tend ses branches les étire
Les rend gracieuses en se parant de feuilles
Change ses couleurs selon les saisons
Puis de déception
de ne pouvoir atteindre ses rêves
Il se met à perdre son parement
Comme des pleurs il s’effeuille la raison
et glisse dans le tréfonds
de l’hiver sans compassion
Mais il essaie autre chose
Car le désespoir malgré tout
jamais ne l’habite
Il a de la ressource et sait s’en servir
Si le monde de la lumière le dessert
Il peut à loisir
Piocher dans le monde des ténèbres
Grâce à ses multiples racines
Sa vie s’essaime dans les couloirs
de la terre millénaire
Ses radicelles alimentent les pensées
noires et lugubres
Elles creusent leurs sillons
dans les profondeurs des âmes
torturées qui se cherchent le pourquoi
de leur existence
La souffrance est-elle une rédemption ?
La souffrance est-elle une punition ?
Achète t-elle les avenirs meilleurs
des êtres de chair et de sueur ?
La souffrance peut-elle soutenir
celles des autres êtres démunis ?
Les racines cherchent la réponse
Aux questions existentielles de la souffrance
Car celle-ci puise en elles pour la clé
trouver à l’énigme
Parfois l’arbre envoie aussi des branches
aux hommes qui en ont besoin
Parfois aussi ses branches sont cassées
Et ceux qui les saisissent
chutent avec elles au lieu de s’envoler
J’ai chuté avec la branche
Elle m’a entrainée sur un matelas de feuilles
Et j’ai su rebondir
Redresser ma cime faitière
Pour alors pousser encore plus loin
Les nouvelles branches de ma douleur
Qu’elles saisissent le plus fort possible
Qu’elles enveloppent de leur sève
Les Alberto, les Léonard
Les Mumia, les Angie
Les cinq de Miami,
Les mayas, les indigènes du Chiapas
du Guerrero et de l’Oaxaca
Les navajos, les kayapos
Les innus et les awa, les mapuches
Les penans les guaranis
et tous leurs amis
Toutes les injustices du monde
n’ont plus qu’à se donner la main
autour de l’arbre de l’impossible
Que les racines fécondes fertilisent
Les luttes des humbles et des justes
Et les conserve le plus longtemps
dans les plus hautes cimes
de l’humanité
carole Radureau (05/10/2012)
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