JDD: Paroles de femmes lance un grand sondage IFOP : "ce que veulent les femmes"
Publié le 30 Novembre 2011
A l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, l’association Paroles de femmes publie un grand sondage IFOP intitulé « Ce que veulent les femmes » dans le JDD :
« Nous avons souhaité mettre en évidence les enjeux prioritaires des femmes françaises d’aujourd’hui afin de montrer que la situation actuelle était grave tant en matière de violences qu’en matière d’inégalités salariales. Et la précarité est malheureusement le résultat de ces inégalités. Alors nous pensons qu’il est temps d’alerter les pouvoirs publics et de tirer la sonnette d’alarme. La cause des femmes n’est pas un simple gadget politique en vue des Présidentielles mais une politique publique majeure, un enjeu national qui mérite une profonde réflexion et un arsenal de propositions afin de renouveler les politiques menées jusqu’à présent en la matière ! Le viol et le meurtre de la jeune Agnès montre la gravité de la situation et prouve qu’il est nécessaire aujourd’hui de mener une campagne nationale de prévention contre les violences dans les Etablissements scolaires » a expliqué Olivia Cattan, Présidente de l’association Paroles de femmes interviewée par le JDD.
Depuis sa création, Paroles de femmes a fait de nombreuses propositions consignées dans le Pacte féminin pour l’égalité en 2007 sur l’égalité salariale, les violences faites aux femmes, la précarité, le logement pour les femmes précaires et victimes de violences, le handicap. Nous voulions confronter de façon générale la réalité des besoins des femmes d’aujourd’hui avec le travail des associations féministes. Mais nous voulions également interroger les femmes sur leur rapport aux religions et à la laïcité, sur la création d’un Ministère et surtout sur la personnalisation politique du combat féministe.
Et les résultats de ce sondage sont probants, sur 1000 femmes interrogées, deux grandes priorités se détachent : L’égalité salariale avec à la clef des sanctions immédiates et plus fermes et une meilleure prise en charge des violences, allant de la prévention aux condamnations.
- La première priorité des femmes concerne l’égalité salariale à 84%. Tout âge confondu et quelque soit leur situation familiale et leurs situations géographiques.
- La seconde priorité concerne la création des lieux d’accueil pour les femmes précaires ou victimes de violences à 73%.
- La troisième priorité étant la création d’une aide spécifique pour les femmes ayant un enfant handicapé à 71%.
- Le changement de mots discriminatoires comme Mademoiselle, droits de l’homme…arrive à 10% seulement.
L’application immédiate des sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale reste la mesure phare partagée par toutes les générations à 92% afin de lutter contre les inégalités et la précarité.
Les chiffres concernant le harcèlement, les violences conjugales, les agressions sexuelles et le viol sont accablants :
- 43% des femmes ont dans leur entourage proche une ou des femmes qui ont été victimes de harcèlement avec peu de différences entre les diverses situations familiale (Pacsées, mariées…) et les milieux socio-professionnels (professions libérales, employée, ouvrières). 26% ont été elles-mêmes victimes.
- 43% femmes ont dans leur entourage proche une ou des femmes qui ont été victimes de violences conjugales. 13% ont été elles-mêmes victimes.
- 24% ont dans leur entourage proche une ou des femmes qui ont été victimes d’agression sexuelle toutes tranches d’âge confondues. 12% ont été elles-mêmes victimes.
- 18% ont dans leur entourage proche une ou des femmes qui ont été victimes de viol avec une hausse pour la tranche d’âge de 18 à 34 ans (20%) et les professions libérales et cadres supérieure à 23%. 5% ont été elles-mêmes victimes.
De façon générale, les mesures jugées les plus efficaces afin de lutter contre les violences dans leur ensemble concernent la Justice.
- 70% des femmes estiment qu’appliquer des peines exemplaires contre les auteurs de ces crimes, sans remise de peine pour bonne conduite, seraient une mesure prioritaire pour lutter contre les violences.
- 42% estiment qu’un allongement du délai de prescription des agressions sexuelles de 3 à 10 ans serait la seconde mesure phare.
- 30% d’entre elles estiment que la mise à disposition de logements prioritaires combinée à des programmes de prévention (26%) renforcerait l’arsenal de mesures de lutte contre les violences faites aux femmes.
- 1% seulement pensent que les manifestations sont utiles.
D’autres résultats ressortent de ce sondage :
- Pour 56% des femmes, le féminisme est un combat d’aujourd’hui non d’arrière garde (11%).
- Pour 59% des femmes, la création d’un Ministère spécifique aux droits des femmes est utile contre 41% qui le jugent inutile.
- Pour 53% des femmes, la France est un pays sexiste où la parole des femmes ne vaut pas celles des hommes.
Concernant les trois religions monothéistes et la laïcité.
- 57% des femmes considèrent que les religions soumettent les femmes.
- 66% d’entre elles pensent que la laïcité est un facteur d’émancipation des femmes.
Même si 91% des femmes pensent qu’une femme puisse un jour être élue Président de la République, ce qui est accablant est de voir que pour les femmes interrogées, peu d’hommes et de femmes politiques semblent être à l’écoute en matière de droit des femmes puisque 31% de femmes interrogées ne savent pas ou ne se prononcent pas.
- Simone Veil arrive toujours en tête avec 15% avec une hausse (22%)pour la tranche d’âge des 65 ans et plus .
- Martine Aubry arrive à 9% suivie de Ségolène Royal à 7%.
- Nicolas Sarkozy arrive à 3% avec une hausse (8%) pour la tranche d’âge des 65 ans accompagné par Marine Le Pen ( 3%°) qui touche davantage les 35-49 ans (5%).
- François Hollande arrive à (1%) avec Rama Yade, Christine Boutin, Elisabeth Badinter, Eva Joly ou encore Rachida Dati.
En s’appuyant sur ce sondage, Paroles de femmes lancera avec les Mariannes de la diversité, en janvier prochain : « Le Tour de France des femmes », une série de débats participatifs dans les grandes villes de France, Dom Tom et zones rurales comprises où nous inviterons des femmes de tous milieux socioprofessionnels afin de recueillir d’une part toutes les problématiques que rencontrent ces femmes et d’autre part de travailler ensemble sur une série de mesures qui répondront au mieux aux besoins quotidiens des femmes.
Ces mesures seront remises aux différents candidats à la Présidentielle afin que la cause des femmes ne soit pas l’otage d’un seul parti politique mais l’enjeu de tous.