Information dans un media officiel sur l'attaque de la caravane
Publié le 30 Avril 2010
Deux observateurs des droits de l'homme tués au Mexique dans l'attaque
d'un convoi humanitaire
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 29.04.10 | 18h34 • Mis à jour le
29.04.10 | 19h03
Un convoi d'observateurs des droits de l'homme issus de plusieurs
organisations internationales a été attaqué, mardi 27 avril, dans l'Etat
de Oaxaca au Mexique alors qu'il se rendait au village de San Juan Copala,
un village indien qui s'est proclamé autonome. Une Mexicaine et un
Finlandais ont été tués, et quatre personnes dont deux journalistes sont
portées disparues.
"Notre cortège s'est arrêté quand nous avons vu un barrage dressé par une
trentaine d'hommes en civil mais encagoulés, armés de fusils d'assaut, et
nous avions à peine commencé à faire marche arrière que les rafales ont
éclaté", a expliqué Ruben Valencia, membre de Vocal, une ONG qui milite
pour l'autodétermination des communautés indiennes. Pour le principal
quotidien mexicain, La Jornada, ces hommes armés pourraient être des
militants de l'Ubisort (Union du bien-être social de la région Triqui) lié
au PRI, Parti révolutionnaire institutionnel, qui dirige l'Etat d'Oaxaca.
Les deux victimes, Alberta Carino, 35 ans, de l'association de
développement local Cactus, et Tyri Antero Jaakkola, 25 ans, de l'ONG
finlandaise Uusi Tuuli Ry ("Vent nouveau"), faisaient partie d'une équipe
internationale d'observateurs en visite dans cette région pauvre du sud du
Mexique où la communauté indienne des Triquis, une ethnie d'environ quinze
mille membres, a proclamé en 2007 "l'autonomie" du village de San Juan
Copala et tentent de mettre en place un gouvernement indépendant fondé sur
les coutumes indigènes. Le village est depuis secoué par des conflits avec
les autorités et des groupes armés de villes voisines. Pour isoler la
communauté, le village s'est vu couper l'approvisionnement en eau et en
électricité.
NOURRITURE ET MÉDICAMENTS POUR UN VILLAGE ISOLÉ
"Nos voitures portaient des banderoles annonçant que nous formions un
convoi humanitaire, et malgré cela, ils n'ont rien respecté", a affirmé M.
Valencia. "Nous apportions de la nourriture et des médicaments dans ce
village très isolé par des conflits internes, qui avait lancé un appel il
y a deux jours aux organisations d'assistance", a-t-il souligné. "Ces deux
dernières semaines, l'Ubisort a fermé l'unique accès à San Juan Copala",
précise La Jornada.
Des militants italiens, belges et allemands faisaient également partie du
convoi, dont on est encore sans nouvelles, selon Ruben Valencia. "Nous
avons couru hors de nos voitures et nous nous sommes cachés dans la
montagne. Nous avons pu nous échapper du secteur pendant la nuit", pour
rejoindre un village voisin, a expliqué M. Valencia.
Le parquet d'Oaxaca a confirmé mercredi dans un communiqué que "les corps
de deux personnes ont été retrouvés à l'intérieur d'une camionnette" et
ont décliné leurs identités. La police de l'Etat a commencé à patrouiller
dans la zone mercredi après-midi. L'ambassade de Finlande à Mexico a
également annoncé l'envoi d'une équipe d'enquêteurs sur place.