Hommage à Claude Vinci

Publié le 24 Mars 2012

Claude Vinci, Vinci soit –il !!

 



 

Hommage à un camarade qui nous a quitté il y a quelques jours, sans défrayer la chronique des milieux people trop occupés à faire mumuse avec des sondages pré-électoraux, trop occupés par les pérégrinations de personnes qui n’ont aucun mérite si ce n’est celui d’être insignifiants et sans consistance.


Mon camarade Serge des bois à qui je dédie cet article m’a parlé en effet du décès de Claude que je connaissais juste de nom mais dont je n’avais jamais eu le loisir de m’intéresser à ses états de service.

 

Quand je découvris ses derniers, forcément, mon cœur bondit dans ma poitrine et je poussais un OUF de soulagement d’avoir eu l’idée de regarder  plus loin pour écrire un hommage, cela aurait en effet été inacceptable que mon blog ne le fasse pas.


(Penser à remercier Serge des bois pour m’avoir encore permis cette découverte !!)

 

Voilà, Claude, ce petit hommage fort mérité et peu conséquent par rapport à ce qui aurait dû être fait, mais je constate que bien souvent les artistes qui sont partis un peu plus discrètement que les autres, n’en restent pas moins plus fidèlement ancrés dans la mémoire de ceux qui les aimaient. C’est tout ce que je te souhaite. Repose en paix camarade !!

 

Avec toutes mes pensées affectueuses à la famille Vinci.

 

Caroleone

 

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Claude est né le 27 mai 1932 à Frédille, petit village de l’Indre


Il nous a quittés le 7 mars 2012

 

Son vrai nom : Claude Caillaut

 

Il a été élevé dans une famille d’instituteurs communistes, dans un milieu rural. Il fréquentait tout jeune les bancs d’école de la classe de son père et a appris seul à lire, écrire, compter.

 

Il joue au football à la berrichonne à la place de gardien de but. Il est tenté un moment par la voie professionnelle.

 

-        1943 : Il fait ses études secondaires ( il est interne dans un lycée de garçons) au lycée Giraudoux de Châteauroux. A onze ans, il servira de liaison entre les JC et le syndicat des instituteurs.


-        Guerre de 1939/1945 : il prend le maquis avec ses parents qu’il accompagne, ces derniers étant contraints à la clandestinité après noël 1943. Il découvre Paul Eluard et son poème « liberté ».

Il hérite de ses parents le goût prononcé de la liberté, de l’engagement et de la résistance. Il est ébloui en pleine guerre de 39/45 en voyant son père maquisard enterrer le poème "liberté" de Paul Eluard.


-        1951 : Il monte à Paris finir ses études. Il deviendra ingénieur diplômé des arts et métiers.


Il choisit la voie de la chanson (engagée) au lieu de celle du foot.

 

Il commence à se produire dans des cabarets de la rive gauche : l’Ecluse, l’Echelle de Jacob, La Colombe, le Cheval d’or, le Port du salut.


-        1952 : Il adhère au PCF le jour de ses 20 ans


-       1956 : Guerre d’Algérie – Il est appelé et déserte l’armée française pour combattre aux côtés du FLN. Il sera en Algérie «  un moudjahidine d’honneur » et sera exclu du parti à cause de cette décision.


-        1963 : Premier album enregistré chez Philips : Claude Vinci chante Eluard (préface d’Yves Montand)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

-        1964/1965 : Deux albums chez Philips : 20 ans déjà (vendus à + de 80.000 exemplaires)


-         1966 : Il abandonne le cabaret pour le récital


-        1964/1972 : Il enregistre 4 albums : Chanson pour vivre, Chanson de la grande patience, Je revendique, Faire le point.


-        1984 : Il travaille sur le scénario et les dialogues en Italie pour un film avec Monica Vitti : La chanson d’Orlanda et Orlando furioso.


-        1993 : Album Racines


-        1995 : La trop courte vie d’Adrien (récit autobiographique)


-        2003 : Les portes de fer (récit autobiographique)


-        2003 - Double album : Quarante ans de chanson

 

 

Il sera également très impliqué syndicalement au SFA-CGT (syndicat des artistes dans lequel il aura de nombreuses responsabilités, allant pendant les grèves d’usine en usine jouer pour les travailleurs en lutte.

 

Il a été un proche d'Yves Montand, Maurice Fanon, Jean Fréjac, Jean Ferrat, Anne Sylvestre, Boby Lapointe, Georges Brassens, Aragon.

 

Claude a toujours été pacifiste et internationaliste, soutenant sa vie durant la cause palestinienne.

 

 

 

 

Caroleone

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     
Liberté

 

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Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom


Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom


Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom


Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom


Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom


Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom


Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom


Sur chaque bouffées d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom


Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom


Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom


Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom


Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom


Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom


Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom


Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom


Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom


Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom


Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom


Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom


Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom


Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

LIBERTE


Paul Eluard, Poésies et vérités, 1942

 

 

 

Sources : bordj info, PCF bassin, wikipédia

 

 


Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire

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S
<br /> Bonjour Caro,<br /> <br /> <br /> Merci pour cet hommage et pour le travail de recherche effectué une nouvelle fois.<br /> <br /> <br /> Cet homme a su garder et mettre en application jusqu'au bout, jusqu'à l'ultime, ses engagements intimes, allant jusqu'à s'opposer aux directives de son parti. Car ils n'étaient pas nombreux ceux<br /> qui ont osé rester fidèles à leurs convictions envers et presque contre tous dans la période de la guerre d'Algérie.<br /> <br /> <br /> C'est pour cela que, sur cette période, j'aimerais beaucoup une véritable introspection sur ce que furent les consignes du parti et leurs répercussions sur les jeunes camarades que l'on a, de<br /> fait, envoyés dans un combat à l'opposé de leurs convictions. Je ne suis pas certain que ce fut le bon choix.  Et ce qu'a fait Claude Vinci, dans ce contexte, a toute ma reconnaissance et<br /> mon admiration.<br /> <br /> <br /> Pour le chanteur, je sais que malheureusement, ils sont nombreux ceux qui font ce métier en dehors des médias. Il y a là une richesse à côté de laquelle passent bon nombre de gens. Son engagement<br /> l'avait amené, dans la CGT spectacle, à une intervention d'une haute analyse sur les conditions dans lesquelles devraient se réaliser le soutien d'un chanteur aux travailleurs en lutte.<br /> <br /> <br /> Voilà, je suis convaincu qu'un chanteur ne meurt que le jour où plus personne n'écoute ses oeuvres. Alors, régulièrement, ré-écoutons ceux qui, de leur vivant, nous ont rendu cette société moins<br /> pénible à supporter, et ont maintenu allumée la flamme de l'espoir. <br /> <br /> <br /> Amitiés<br />
C
<br /> <br /> Bonjour Serge,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je te remercie pour toutes les précisions que tu nous apportes au sujet de ce respectable camarade. Au sujet de l'engagement des communistes en Algérie, tu soulèves une fois encore un épineux<br /> sujet mais qui devras comme tu le dis un jour ou l'autre être mis sur la table par les cadres du parti dont on constate qu'ils suivent les omissions du gouvernement sur cette question algérienne.<br /> <br /> <br /> En prenant connaissance de l'engagement de Claude, de sa désertion de l'armée française pour rejoindre les indépendantistes, je me suis posée la question en me disant qu'elle aurait été ma<br /> démarche personnelle ? Je ne peux y répondre mais je sais que j'aurais forcément aimé qu'elle soit la même que celle choisie par Claude, qui était guidée par son humanisme et son expérience de la<br /> vie, appuyée par ses propres expériences et celles portées par sa famille. Comme on dit souvent, les oeufs ne tombent jamais loin du panier, et l'on voit comme l'exemple des familles communistes<br /> a pu forger des caractères bien trempés , progressistes et humanistes dans le temps et dans la fidélité des idéaux. C'est un grand exemple à mes yeux, cela me conforte également dans mon analyse<br /> de l'éducation par l'imprégnation, de l'exemple que doivent fournir les adultes qui éduquent des enfants.<br /> <br /> <br /> Pour ce qui est du chanteur, je te rejoins aussi, et tu sais comme j'aime pour ma part l'éducation populaire portée par des artistes peu connus mais toujours de grand talent. Je me régale<br /> beaucoup plus à les découvrir sur de petites scènes, dans toute la simplicité de leur art que d'aller voir des "pointures" sur de grandes scènes.<br /> <br /> <br /> J'ai vu également un texte au sujet des engagements de Claude dans son syndicat, c'est sur le blog de canaille le rouge, c'est très intéressant.<br /> <br /> <br /> Nous devons être le devoir de mémoire de tous ses militants qui ont fait la gloire de notre parti, de nos idéaux, ce pourquoi les blogs ont aussi toute leur utilité.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je te remercie encore pour tout ce que tu me fait découvrir.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caro<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Un bel hommage mérité... Liberté... l'Affiche rouge.. comment résister... Bises<br />
C
<br /> <br /> Bonjour Fanfan,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Encore un grand homme empli d'humanisme et d'idéaux forts qui nous quitte. Un exemple.<br /> <br /> <br /> Et nos symboles fédérateurs qui nous relient, progressistes et personnes désireuses de l'égalité entre les hommes, comme tu le dis, liberté, l'affiche rouge et on a tout dit. Surtout s'en<br /> rappeler en ses temps maudits de haine et de rage.<br /> <br /> <br /> Merci de ta visite.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caroleone<br /> <br /> <br /> <br />