Gabriela Mistral : La petite mère du Chili, premier prix nobel d'Amérique latine
Publié le 7 Septembre 2011
Son nom véritable : Lucila de Maria del perpetuo Socorro Godoy Alcayaga
Elle est née le : 7 avril 1889
A : Vicuña dans la vallée de l’Elqui, proche de La Serena au Chili
C’était une poétesse, éducatrice, diplomate, féministe chilienne
Sur son enfance
Son enfance est marquée par une pauvreté engendrée par le départ de son père lorsqu’elle a 3 ans.
Elle fait néanmoins des études pour être institutrice et commence à gagner sa vie comme aide-institutrice à l’âge de 14 ans.
Sur sa vie affective
En 1906, elle travaille comme institutrice et rencontre Romeo Ueta, un employé des chemins de fer, qui se suicide en 1909. Cet évènement tragique produira de profonds effets sur Gabriela Mistral qui mettra la réflexion sur la vie et la mort au cœur de son œuvre. Sa vie sera cependant enrichie par de très nombreuses amitiés masculines ou féminines qu'elle cultivera à travers une correspondance très active.
Sur son pseudo
Après l’essai de plusieurs pseudos dans ses premiers écrits ( Alma, Soledad, Alguien) elle décide d’adopter le nom de Gabriela Mistral en hommage aux poètes italien Gabriele D’Annunzio et français Frédéric Mistral.
Sur ses textes
1904 : elle publie dans le quotidien local « El coquimbo » de La Serena :" La muerte des poetas" puis « Ecos de la voz del Elqui »
1914 : Elle remporte le prix "juegos florales " à Santiago avec son roman" Sonetos de la muerte"
1922 : Publication de « Desolacion » : réputation internationale
1923 : publication de « lectura para mujeres », texte en prose à la gloire de la maternité et de la gloire de la patrie
1924 : Publication à Madrid de « Ternura », un recueil de comptines et de rondes destiné aux enfants mais qui est aussi un hymne au corps des femmes.
1938 : « TALA » (sur le thème de l’américanité, les mythes fondateurs, les folklores , Gabriela Mistral conduit une réflexion forte sur son identité et sur ses racines multiples, à la fois basques et indiennes, en se définissant comme "una india vasca".
Ce recueil est dédié à sa mère
Les bénéfices des ventes en librairie sera versé pour venir en aide aux orphelins victimes de la guerre d’Espagne
1954 : publication de « Lagar », en réaction au décès de son neveu de 17 ans par suicide
Sur sa vie professionnelle
1923 : titre académique de professeur d'espagnol à l'Université du Chili.
Sur ses missions à l’étranger
1922 : Elle est invitée par le Ministère de l'Éducation du Mexique pour mettre en place un système de bibliothèques et d'écoles dans le cadre de la nouvelle politique d'éducation du Parti Révolutionnaire mexicain.
1923 : lectures et conférences aux Etats-Unis et en Europe
1924 : elle parcourt toute l’année l’Amérique latine : Brésil, Uruguay, Argentine
1925 à 1934 : elle vit en Europe (France et Italie) en participant à des actions pour la coopération intellectuelle de la Société des Nations et en intervenant dans différentes universités essentiellement américaines.
A Madrid rencontre de Pablo Neruda, poète chilien et futur prix Nobel comme elle, dont elle fera reconnaitre la valeur.
Elle sera consul du Chili à Naples, Lisbonne, Los Angeles et New-York.
Ses récompenses
Le 10 décembre 1945 : PRIX NOBEL DE LITTERATURE : elle est le premier écrivain d’Amérique latine a être distinguée ainsi que la première femme poète
En 1947 : titre de doctor honoris causa du Mills College d'Oakland, en Californie
En 1951 : prix national littéraire du Chili
C’est la fin…..
D'une santé fragile, aggravée par ses nombreux voyages, elle passe les dernières années de sa vie à Hempstead dans l'État de New York où elle meurt d'un cancer le 10 janvier 1957, à l'âge de 67 ans. Sa dépouille est ramenée au Chili dix jours plus tard et le gouvernement chilien décrète trois jours de deuil national tandis que des centaines de milliers de Chiliens saluent leur poétesse en assistant respectueusement à ses funérailles.
A sa mort, la vente de ses œuvres ira au profit des enfants pauvres de Montegrande, ville où elle vécut dans son enfance et où elle sera enterrée.
Elle est reconnue comme une grande célébrité au Chili au même titre que Pablo Neruda.
Différentes formes d’hommage pour Gabriela dans son pays :
- Un billet de 5000 pesos porte son effigie
- Musée Gabriela Mistral
- Des rues Gabriela Mistral
- Université de Santiago
Une œuvre empreinte d’humanisme
- Les thèmes qui animent l'œuvre de Gabriela Mistral sont variés et marqués par une grande humanité et aussi, souvent, une profonde tristesse. Aux sujets lyriques comme l'amour du pays natal (les paysages andins) et la nostalgie, la maternité et l'enfant (bien qu'elle n'ait jamais été mariée ni mère), ou encore l'amour et la mort, s'ajoute une préoccupation constante pour les humbles qu'accompagne sa foi catholique et "fransciscaine". La place faite à ses racines indiennes contribue encore à la force d'une œuvre marquante et personnelle.
- Formellement, sa poésie est faite de simplicité, ce qui rend ses textes proches du peuple qu'elle n'a jamais renié.
Les féministes lui savent gré d'avoir traité de la condition des femmes en Amérique latine dès 1923 dans Lecturas para Mujeres et aussi d'avoir rendu hommage à leur corps maternel dans Ternura en 1924. Influencée par Jacques Maritain, elle est reconnue comme une pionnière des combats pour la dignité féminine.
Monument Gabriela Mistral à Monte Grande
Œuvres
Titres espagnols :
• Sonetos de la Muerte (1914)
• Desolación (1922)
• Lecturas para Mujeres (1923)
• Ternura (1924)
• Nubes Blancas y Breve Descripción de Chile (1934)
• Tala (1938)
• Antología (1941)
• Lagar (1954)
• Recados Contando a Chile (1957)
• Poema de Chile (1967, publication posthume)
Publications en français :
- Poèmes choisis, trad. de l'espagnol par Mathilde Pomès, éd. Stock, 1946. Préface de Paul Valéry.
- Poèmes, trad. Roger Caillois, Édition bilingue, éd. Gallimard, 1946
- D'amour et de désolation, trad. Claude Couffon, collection poche Orphée n° 20/éd. La Différence, 1989
- Poèmes choisis, éd. Rombaldi, 1967 (collection "Prix nobels")
Sur Gabriela Mistral :
- Gabriela Mistral, 1976, collection Poètes d'Aujourd'hui, éd.Seghers, 1963/1976, par Mathilde Pomès.
- Gabriela Mistral publique et secrète, éd. L'harmattan, 2003, par Volodia Teitelboim.
La lluvia lenta
Esta agua medrosa y triste, como un niño que padece, antes de tocar la tierra desfallece.
Quieto el árbol, quieto el viento, cayendo !
El cielo es como un inmenso y largo.
Dentro del hogar, los hombres de la altura.
Este largo y fatigante y transida !
Llueve y como un chacal trágico de la Tierra ?
¿ Dormiréis, mientras afuera hermana de la Muerte ? |
Pluie lente
Cette eau craintive et triste comme un enfant qui souffre, avant de toucher la terre défaille.
Calme est l’arbre, calme est le vent,
ces fines larmes amères
Le ciel est comme un immense
Dans leur quiétude, les hommes ne sentent pas cette amertume, cette eau triste venue d'en haut.
Cette longue et lassante descente d'eaux vaincues, vers la Terre gisante et transie !
Il pleut et comme un chacal tragique,
Dormirez-vous, tandis que dehors
tombe et souffre, cette eau inerte, sœur de la Mort ? |
Gabriela Mistral, "La lluvia lenta", Desolación, Première édition, Institut hispanique, New York 1922.
Traduction française : Bruno Rigolt. Ce poème figure dans le recueil D'Amour et de désolation. Choix de textes présentés et traduits par Claude Couffon. Orphée/La Différence, Paris 1989. Néanmoins, la traduction proposée par Claude Couffon me semblant parfois trop éloignée du texte d'origine, j'ai préféré proposer une nouvelle traduction.
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SOURCES : wikipédia, chile exception : http://www.chile-excepcion.com/gabriela-mistral.html
Caroleone