Les salariés de Fralib se battent depuis le 28 septembre contre la fermeture de leur usine. Ils entendent impliquer les collectivités locales
pour riposter à ce plan social qu’ils jugent « politique ». photo SB
Depuis le 28 septembre, les salariés de Fralib à Gémenos se battent contre la fermeture de leur usine de production de thé. Les élus
se sont déclarés " disponibles". Une aubaine puisque les salariés leur demandent de s'engaer pour faire vivre leur projet de reprise.
Les drapeaux rouges flottent au vent, les banderoles illustrent l’ambiance qui règne au sein de cette entreprise, basée au cœur du bassin d’emploi
de Gémenos. Bienvenue à Fralib, usine de production de thé menacée de fermeture par la multinationale Unilever. 182 emplois sont en jeu.
Très vite après l’annonce de la décision, les marques de soutien se sont fait sentir, notamment en provenance du monde politique. Le président du
Conseil général des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini (PS) est venu sur place, tout comme Jean-Marc Coppola, vice-président (PCF-Front de gauche) de la Région. Roland Giberti
(NC) et Daniel Fontaine (PCF) maires de Gémenos et d’Aubagne ont eux aussi fait le déplacement, tout comme Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et Olivier Besancenot,
porte-parole du NPA. A première vue, de soutiens politiques, les Fralib n’en manquent pas. Surtout à gauche.
Au-delà des soutiens, des actes
Mais reste à savoir si la détermination du mouvement social, particulièrement forte dans le département va se traduire dans les urnes ? A Fralib,
on n’a pas l’intention de laisser de côté ces élections. Un salarié de l’usine a même été pressenti pour être candidat du Front de gauche sur le canton Aubagne-est, proposé par
les communistes du canton. « Tout dépend des actes » répond une salariée attablée dans la salle de repos de l’usine qui se dit « de la gauche qui se bat contre les fermetures
des boîtes ».
Pour lutter contre le plan social, le comité d’entreprise vient de publier un plan alternatif de maintien et de développement de l’activité à
Gémenos. Un plan qui rompt avec les logiques libérales des gestions d’entreprise. Premiers interlocuteurs : les collectivités territoriales. « Elles s’étaient montrées
disponibles et nous avaient demandé de ne pas hésiter à les solliciter. Nous les sollicitons » explique Gérard Cazorla, secrétaire (CGT) du CE. Et pour cause, les collectivités
sont citées dans le plan alternatif. Elles ont un rôle prépondérant du point de vue financier et fiscal, à travers notamment la demande des salariés d’un avoir fiscal le temps
de la reprise. « Voilà une mesure concrète que nous leur demandons. Pas comme soutien à notre lutte, mais comme acteurs à nos côtés ».
Les salariés veulent aller au-delà du sentiment d’injustice que crée une fermeture d’usine. Dans la lutte, ils mettent sur la place publique la
répartition inégale des richesses, les politiques de marketing des multinationales, les filiales en Suisse pour échapper à l’impôt, les marges au détriment des consommateurs. «
Voilà les sujets sur lesquels nous attendons d’être soutenus ».
Une première réunion a eu lieu la semaine dernière à la Région. « Ils sont tous favorables à notre plan et vont mettre leurs experts en place. Il
va falloir entrer dans le vif du sujet ». Parmi eux, Roland Giberti. Maire (Nouveau centre) de Gémenos, il s’oppose à la fermeture. « La première réunion a été positive. Nous
nous sommes engagés à agir, en fonction de nos possibilités ». Reste à savoir combien de temps il pourra tenir sa position au fur et à mesure que l’alternative va se mettre en
place et que les salariés vont commencer à taper aux portes des ministères.
Du côté de la Ville d’Aubagne et de l’agglomération on est aussi partant. « Nous défendons ce dossier comme quand nous nous étions impliqués dans
le dossier Nestlé. Ce qui nous plaît avec Fralib c’est qu’ils misent sur la co-construction » explique Magali Giovannangeli, première adjointe au maire d’Aubagne. L’appui
aubagnais a pu surprendre alors que l’usine se situe à Gémenos. « Très peu vivent à Gémenos mais beaucoup en Pays d’Aubagne. C’est de notre devoir d’empêcher l’emploi de partir
». L’agglomération pourra activer sa compétence en matière de développement économique. « Leur projet est original. Il parle de circuits courts, de commerce équitable avec les
pays du tiers-monde ». Chiche alors !
Le 20 mars, les Fralib iront voter, dans leur majorité. « Bon parfois, il y en a qui disent que ça sert à rien, mais nous sommes de manière
générale des salariés qui nous engageons » assume ce père de famille. « Bien sûr en règle générale, les gens ici sont de gauche. On connaît la politique de la droite et ses
coups durs, dernièrement c’était la retraite à 62 ans. Après chacun choisira son candidat ».
Sébastien MADAU journal la marseillaise
« Les soutiens politiques sont très importants pour nous. Nous les prenons tous au sérieux. Nous n’avons jamais caché le fait que notre bataille
soit aussi politique, car la décision de fermer notre usine est une décision politique » assure son voisin. « D’ailleurs à chaque fois que des politiques ont voulu nous
rencontrer, nous les avons accueillis avec plaisir dans l’usine. Mais vous comprenez bien qu’une visite, ça ne suffit pas ». Surtout quand 182 emplois sont en balance.
Leur plan alternatif dans les mains des collectivités locales
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