Etats-Unis : La piste des larmes
Publié le 28 Avril 2012
La piste des larmes
Cherokee - La piste des larmes - Peinture de Robert Lindneux
Un acte
Indian removal act (acte de déplacement des indiens)
Loi des Etats-Unis du 26 mai 1830 proposée par Andrew Jackson ordonnant la déportation des amérindiens qui vivent sur les territoires des 13 états fondateurs et le Mississippi vers un territoire au-delà de ce fleuve.
60.000 amérindiens sont concernés.
La piste des larmes kézako ?
En langue cherokee, on dit que c’est « Nunna –da- ul- tsun- yi »
Pour certains c’est la piste où ils ont pleuré.
En langue anglaise on l’appelle : « Trail of tears »
Dans toutes les langues on pourrait dire que c’est l’un des plus regrettables épisodes de l’histoire des Etats-Unis.
Moi, je dirais que c’est la plus belle honte que portent en eux tous les américains.
Carte de la déportation des indiens
L’histoire
Devant la montée en puissance de la nation cherokee qui avait réussit à obtenir un système gouvernemental à l’image de celui des Etats-Unis avec un chef principal élu, un sénat et une chambre des représentants,
devant les propensions des indiens à devenir les égaux des blancs en matière d’instruction ainsi que devant la possibilité de se trouver aussi proche de la nation cherokee souveraine, les Etats-Unis se sentirent « menacés »( pour changer !!).
Puis vint la découverte d’importants gisements d’or sur les terres des cherokees.
La Géorgie demanda donc au gouvernement américain d’évacuer les indiens de leur territoire devant la découverte de cette manne mais ce fut vain, puis la proposition d’achat des terres provoqua la colère et l’opposition des indiens.
En 1828, 10.000 hommes blancs envahissent les terres cherokees à Dahlonega (Da-lon-e-ga), le gouvernement proscrit le gouvernement cherokee et confisque ses terres.
Avec l’arrivée de Jackson au gouvernement en 1828, ce dernier s’empresse de faire passer la loi de « l’indian removal act » en 1830.
La Géorgie s’empresse également de faire voter des lois interdisant aux indiens de creuser le sol pour chercher de l’or.
La terre des cherokees fut alors usurpée par la Géorgie et vendue par loterie à laquelle aucun indien ne pouvait participer.
Le traité de New Echota
Le 29 décembre 1835 en Géorgie est signé un traité entre des représentants du gouvernement des Etats-Unis et des membres de la faction Ridge de la nation cherokee.
Le 23 mai 1838, le traité est promulgué.
Défaitistes, les membres de la faction Ridge ont pensé que le fait de signer était la seule façon de préserver leur nation. Le traité prévoyait une indemnisation de cinq millions de dollars, la couverture des frais de déménagement et l’octroi de terres dans l’état actuel d’Oklahoma en échange de leurs terres à l’ouest du fleuve Mississippi.
Devant les objections des représentants officiels de la nation cherokee, John Ross leur chef et une assemblée demandent au sénat de na pas ratifier le traité. Il sera néanmoins voté par simple vote en mai 1836. Ross organise une pétition qui recevra 15.000 signatures pour demander au congrès de refuser le traité, la pétition est ignorée par le président Van Buren qui donnera ordre peu après au général Winfield Scott de déplacer de force tous les cherokees.
Les signataires du traité de New Echota, Major Ridge, John Ridge, son fils et Elias Boudinot son neveu seront assassinés par les cherokees en juin 1839 car considérés comme traitres.
Une période : 1831 à 1838
Un acte qui donne tous les droits : Indian removal act
Un constat : 1 indien sur 5 n’arrive pas au terme du voyage
Une conséquence
Le déplacement des populations amérindiennes dont le groupe le plus important est le groupe cherokee. Mais la piste des larmes concerne aussi les 4 autres nations dites « civilisées », choctaw, chikasaw, creek et séminole.
Une distance parcourue : 1750 kilomètres (1500 km effectués en 153 jours par les cherokees).
Une chronologie des évènements
- 26 mai 1830 : mise en application de « »l’indian removal act » qui ouvre les portes à la déportation
- 1830 – Un premier contingent de choctaw prend la route de l’ouest. Ce sont les signataires du traité de « dancing rabbit » et représente une faible minorité de la nation choctaw. Les autres choctaw vont résister à la déportation jusqu’en 1834, ils seront ensuite capturés et conduits de force par groupes de 500 sous escorte militaire dans de terribles conditions.
- 1832 – Départ des chicasaw du Tennessee. Ils sont bien préparés et bien encadrés et leur déplacement s’effectue dans de relativement bonnes conditions, leur route, il faut le dire est moins longue que les autres.
- 1835 – Départ de premier contingent cherokee. Ce sont les plus aisés, ceux qui ont quelques biens et ont pu les vendre, des métis pour la plupart qui emmènent avec eux leurs esclaves noirs, sachant qu’ils trouveront leur liberté.
- 1835 – Départ d’un premier groupe de creek. Ils résistent à la déportation tant qu’ils peuvent avec pour chef Opothle Yahola. Les derniers partants voyageront dans de terribles conditions, le froid, la maladie, les agressions venant alourdir leur voyage. Des bateaux les transportant que le Mississippi font naufrage, il y a des centaines de morts. Les creek perdent pratiquement la moitié de leur population dans la déportation.
- 29 décembre 1835 : signature du traité de New Echota par 300 à 500 des cherokees dont la délégation Ridge ménée par John Ridge.
- 23 mai 1836 : le traité de New Echota est promulgué
- 1837 – En août, les 465 cherokees signataires du traité partent vers l’ouest.
- 1837 à 1841 – Départs échelonnés des séminoles dont les premiers sont des propriétaires qui ont vendu leurs biens et partent dans de meilleures conditions. Ceux qui résistent connaitront l’exil forcé à la pointe des baïonnettes.
- 1838 – Départ du dernier contingent de cherokee (15.949). Ils partent sous escorte de la garde nationale avec pour tout bagage les vêtements qu’ils portent sur eux. Ils sont d’abord parqués comme du bétail dans des enclos, où certains meurent de faim. Un quart des cherokees partis en 1838 sur la piste des larmes n’arriveront pas au bout du voyage.
- Mars 1839 – Arrivée des derniers cherokees, il en manque au moins 4000, morts de faim, de froid ou d’épuisement sur la piste des larmes.
- Juin 1839 : Assassinat de John Ridge, Major Ridge et Elias Boudinot
Des conditions de voyage
Sur cette longue route de l’exil, des familles ont des chariots et des chevaux mais les autres vont à pieds, certains même sont enchaînés parce que jugés dangereux.
Les soldats et les médecins qui accompagnent sont sensés les protéger et certains d’eux font preuve de dévouement mais malgré tout la nourriture est détournée ainsi que les couvertures et les vêtements chauds et aucun soin n’est donné aux malades.
Les soldats ne se préoccupent que de l’avancée du convoi, les malades et blessés qui gênent l’avancée sont laissés sur place ou parfois abattus. Les indiens ne peuvent pas enterrer leurs morts.
Des exactions seront commises par les habitants sur la route, des vols, des enlèvements de femmes et les épidémies de rougeole et de choléra viendront alourdir encore plus les sanctions.
Des rescapés cherokees
Environ un millier de cherokees arriveront à se cacher dans les great smoky mountains en Caroline du nord et subsisteront grâce à la chasse et à la cueillette. Ils obtiendront le droit plus tard de rester dans leur patris et leurs descendants forment la tribu des cherokees de l’est vivant dans la réserve de Qualla dans les smoky hills.
Pour commémorer l'évènement le Congrès U.S. a désigné en 1987 le Trail of Tears National Historic Trail. L'itinéraire est long de 3 540 km et s'étend sur 6 États.
Pour compléter cet article :
Sources : larousse.fr , wikipédia, medarus.org
Caroleone