Culs-bénits et consacrés
Publié le 24 Août 2012
Le journal Libération du 19.7.2012 nous fait la stupéfiante (vraiment?) révélation que voici : "Un prêtre est en prison depuis une semaine à Lille, mis en examen (euphémisme pour inculpé) pour viol sur mineurs..."
Le saint homme dûment consacré aurait avoué au procureur de la République avoir sévi comme violeur quasiment professionnel dans sa paroisse du département du Nord depuis 1976 jusqu'à son arrestation en juillet 2012. Selon le procureur, ce zélé représentant sur la terre du dieu des catholiques lui aurait livré 13 noms de jeunes garçons (tiens donc, comme c'est étonnant !) victimes - pardon, honorés - de ses célestes spermatozoïdes par voie anale ou buccale.
Au moment des faits, ces gamins étaient âgés de 10 à 17 ans. Certains d'entre-eux ont eu l'insigne honneur de passer des nuits entières dans l'alcôve bénie de la cure. Au passage, le procureur omet de féliciter les parents de ces privilégiés pour leur infinie confiance dans l’église catholique et ses sinistres ministres passés maîtres dans l'art d'accommoder les restes charnels de leurs sacristies peuplées de sémillants enfants de chœur travestis en aguichantes fillettes sous leur prude chasuble. D'autres gamins, nombreux, passaient toutes leurs vacances en la compagnie du saint homme. Ah ! les jolies colonies de vacances, merci papa, merci maman ! Le dit procureur ne limite pas au nombre de 13 les enfantines conquêtes de ce vaillant fornicateur devant l'Eternel. Il déclare textuellement s'attendre à ce que de nombreuses autres victimes se signaleront et il ajoute..."malgré la culpabilité qui pèse sur leurs épaules". On veut espérer que le dit procureur fait allusion à la culpabilité que ressentiront ces impétrants à dénoncer leur tortionnaire et non pas à leur enfantine ou adolescente culpabilité d'avoir induit en tentation un saint homme au service d'une église catholique aussi respectable ? Faisons-lui crédit de ce doute.
Mais le nœud - si l'on ose - de cette affaire réside dans la palme de l'hypocrisie décrochée par le Monseigneur évêque de Lille. Alors que l'affaire a été déclenchée par une dénonciation anonyme auprès de la gendarmerie, le sous-ministre du Vatican, impavide, s'attribue le mérite d'avoir spontanément ordonné une enquête qui aurait abouti à la dénonciation du délinquant par ses propres soins à lui, évêque de Lille. Les termes utilisés sont navrants de mauvaise foi : "J'ai ordonné cette enquête au moment même où la brigade de la gendarmerie enregistrait une première plainte". Il ose parler du "moment même". Là, Monseigneur, tu prends vraiment toute la France Eternelle pour un ramassis de demeurés ! Pour tenter de sauver la face de ton église empêtrée dans le scandale planétaire de dizaines de milliers de ses prêtres violeurs de petits garçons, tu voudrais nous faire accroire à sa volonté de collaborer avec la justice des hommes ? Pour sauvegarder ce qui survivrait d'honorabilité dans les oripeaux de ton institution crapuleuse toute vouée au culte de la rentabilité financière sous couvert de spiritualité crasseuse puant la bure et la soutane, tous les moyens sont bons, même les plus grossiers.
La vérité est que pendant 35 ans ce violeur d'enfants et adolescents s'est confessé auprès d'un autre prêtre consacré ou peut-être auprès de toi-même, Monseigneur Laurent Ulrich, après chacun de ses péchés (si mignons!) contre la chair. Au nom du sacré secret de la confession ton église s'est rendue complice de chacun de ces crimes. Acte de contrition, trois Pater, trois Ave pour tout châtiment et rendez-vous à la prochaine séance de "mon Père, je m'accuse d'avoir de nouveau enculé mon enfant de chœur âgé de dix ans...". Nouvel acte de contrition. Nouveaux trois Pater et autant d’Ave. Ego te absolvo... Et ainsi de suite, pendant 35 ans ! Qu'attend donc le procureur de la République laïque de France pour accuser officiellement le dit Monseigneur évêque de Lille, de non dénonciation de ce salopard-là, l'abbé Philippe D. , curé de Bollezeele, paroisse relevant de son diocèse ? Mais cela ne l'empêcherait même pas de poursuivre sa mission de poudre et de poivre aux yeux auprès de ses dociles et naïves brebis fonçant tête baissée derrière leur sinistre Panurge.