Mexico Tenochtitlan

Publié le 23 Juillet 2011

MEXICO TENOCHTITLAN

" Aussi longtemps que le monde existera, jamais la gloire et l'honneur
de Mexico - Tenochtitlán ne devront être oubliés. "

Chimalpahin Quauhtlehuanitzin

Ah, soyons heureux !
Je le dis moi Netzhualcóyotl :
Vivons-nous réellement sur cette terre,
Rien n'est pour toujours sur cette terre :
un bref instant seulement

Nezthualcóyotl
( Roi- poète de Texcoco )

Le mythe fondateur de la création de Mexico

C’est sous la conduite de leur dieu tribal Huitzlipochtli qui avait pris l’apparence d’un colibri que la tribu errante des Mexicas ou Aztecas conduite par le chef Xolotl arriva devant la lagune de Texcoco.

Le colibri leur indiqua où construire son temple à l’emplacement où ces derniers aperçurent un aigle dévorant un serpent sur un nopal (figuier), cette prophétie signifiant la fin de l’errance du peuple.

L’endroit est stratégique, il est situé sur un îlot rocailleux isolé au milieu de marais dans une baie de la lagune de Texcoco.

C’est donc le temple dédié à Huitzilopochtli qui sera le premier monument édifié de la ville.

Urbanisme

Autour du temple se construit la ville petit à petit grâce aux « chinampas », les jardins flottants, qui sont constitués de terre arable empilée sur des radeaux coulés dans l’eau peu profonde la lagune.

Chinampa

Les digues protégeaient la ville des montées des eaux et servaient « également de chaussées.

Quatre d’entre elles convergeaient vers le lieu sacré, selon Bernal Diaz del Castillo, 10 chevaux pouvaient y passer de front.

Pour circuler dans la ville, toute une série de canaux permettaient une circulation interne et isolaient lors des attaques : pour se faire, il suffisait de lever les ponts mobiles enjambant les canaux ce qui empêchait l’ennemi de passer.

La ville s’étendait sur un carré d’environ 3 kilomètres de côté, sur une superficie approximative de 1000 hectares.

Elle était divisée en quatre grandes sections (campan) dont le centre était le templo Mayor :

Cuepopan au nord, Teopan à l’est et Moyotlan à l’ouest.

Chaque groupe de maisons ou Calpulli possédait son marché (tinaquiztli) mais un grand marché concernait toute la ville à Taltelolco.

Tenochtitlan-Le-Marche-de-Tlatelolco-01afresque diego river

Tenochtitlan, le marché de Tlatelolco - Diego Rivera-

Quelques marchés avaient des spécialités : a Chollolan, les bijoux et les pierres précieuses, a Texcoco, les vêtements et a Acuma, c’était le marché aux chiens utilisés pour les sacrifices, comme animaux de compagnie mais aussi comme nourriture !

La ville était symétrique, toutes les constructions étant approuvées par le calmimilocatl, fonctionnaire chargé de l’urbanisme.

Chaque maison possédait son jardin et son bain de vapeur (temazcalli).

La ville possédait des latrines publiques, les excréments étaient recueillis pour servir d’engrais.

Environ 1000 personnes travaillaient au nettoyage de la ville.

C’est Moctezuma 1^er qui fit construire le premier aqueduc de 5 kilomètres de long.

Le deuxième fut aménagé sous Auitzol.

En 1449, une digue de 16 kilomètres est édifiée pour protéger la ville des inondations.

POPULATION

MexicoTenochtitlan et Tlatelolco, annexée en 1476 semble avoir été une des villes les plus peuplées de l’époque, ce qu’ont du moins rapporté les conquistadors.

Les sources anciennes fournissent le chiffre de 60.000 à 120.000 foyers, qui selon Jacques Soustelle représenterait entre 50.000 et un millions d’habitants, peut-être plus encore.

Des contradictions interviennent récemment fondées sur des recherches archéologiques et le chiffre de 150.000 à 200.000 habitants est annoncé.

Le centre religieux ou Templo mayor

Templo mayor

Représentation du Templo Mayor dans le Codex Tovar

Chac Mool du Templo Mayor

A l’emplacement de l’actuel zocalo de Mexico, une quarantaine de bâtiments publics formaient le centre religieux aztèque (templo mayor).

Il était composé également d’une pyramide avec deux sanctuaires, d’un collège (calmecac), d’une école de musique (le mecatlan), des temps de Quetzalcoatl, Texcatlipoca, Ciucoatl et Coacalco ainsi que d’arsenaux.

Le centre religieux était fortifié par une enceinte crénelée de têtes de serpents mesurant 300 mètres de large sur 400 mètres de long.

l'une des têtes de serpent avec des traces des peintures originelles de l'esplanade du Templo Mayor

Les portes étaient protégées par une garnison d’élite.

Les Espagnols vinrent tout bouleverser. Tenochtitlán devait changer radicalement de visage. En l'espace de quatre ans, la ville fut successivement détruite et reconstruite, les lacs drainés, les lagunes comblées, les canaux asséchés, des ponts construits, les forêts commençaient à se clairsemer. « Le paysage se mit à ressembler aux collines dénudées de Castille »... Ces bouleversements devaient avoir de fâcheuses conséquences : une épidémie de choléra tuera 9000 Espagnols en 1528. Seule demeure pendant un temps, au milieu d'un immense chantier permanent, la gigantesque pyramide du Templo Mayor qui n'a pas pu être détruite... S'enfonçant progressivement mais sûrement dans le sol humide, elle finira par disparaître de la surface de la terre au point qu'on ne saura plus la localiser (jusqu'en 1978 où elle fut redécouvert quasiment sous la cathédrale de Mexico). Il ne reste plus rien de la splendeur de Tenochtitlán et seule une maquette au Musée du templo Mayor permet de se faire une idée de la mythique capitale aztèque.

Principaux repères chronologiques

1511 : la tempête jette une caravelle sur les côtes du Yucatán. L'un des survivants, Aguilar, devenu l'esclave d'un chef maya, sera libéré par Hernán Cortés huit ans plus tard. Le second, Guerrero, épouse une aristocrate maya et s'intègre.
1517 : trois navires sous le commandement de Cordoba sont repoussés par les Mayas du Yucatán et de Campeche. Apprenant la venue d'étranges visiteurs, l'empereur Moctezuma, qui craint le retour de Quetzalcoatl, fait placer des vigies le long des côtes.
1518 : Grijalva longe les côtes du Yucatán et du golfe du Mexique jusqu'à Tuxpan où il reçoit un accueil amical.
18 février 1519¹ : Cortés quitte Cuba précipitamment avec 11 navires et près de 400 hommes. Après avoir fait des vivres et de l’eau à Tobago, il retrouve Aguilar sur la côte du Yucatán, à Cozumel. À Tabasco, des dignitaires locaux font don aux Espagnols de jeunes esclaves. Parmi elles se trouve une jeune fille d'origine noble parlant maya et nahuatl, « La Malinche » qui servira d'interprète à Cortés, et dont il aura un enfant. Pour la première fois, Cortés entend parler des richesses aztèques.

La Malinche traduisant le langage des mexicas à Cortés. Lienzo Tlaxcala

Avril 1519 : Cortés reçoit un calpixque qui lui fait don au nom de Moctezuma, de vivres, de vêtements en coton de plumes, de bijoux. Ces émissaires rapportèrent à Moctezuma des descriptions des arrivants, plongeant le tlatoani dans l'indécision.
juillet 1519 : Cortés fait saborder les navires pour couper court à toute envie de fuite à ses hommes. Il quitte la zone côtière.
1^er septembre 1519 : Premiers engagements avec les tlaxcaltèques.
23 septembre 1519 : Après une résistance acharnée, Cortés entre dans Tlaxcala.
10 octobre 1519 : Cortès et ses alliés indigènes se dirigent tous vers la vallée centrale, malgré les émissaires de Moctezuma qui tentent de le dissuader de se rendre dans leur capitale. Arrivé à Cholula, ville alliée des Aztèques, Cortés y apprend que ses habitants conspirent contre lui : il fait massacrer des milliers d'hommes et de femmes et détruire les idoles.

Massacre de Cholula (Lienzo de Tlaxcala)

Novembre 1519 : Moctezuma, voyant que ni ses présents ni les incantations n'arrêtent l'avancée espagnole, essaie de s'enfuir. Les prêtres l'obligent à rester. Se croyant à l'article de la mort il fait même un discours d'adieux en public.

8 novembre 1519 : au petit matin, les Espagnols s'engagent sur la chaussée partant d'Iztapalapan. Cortés est accueilli par Moctezuma et de nombreux dignitaires le 10 novembre, et les Espagnols s'installent alors dans l'ancien palais d'Axayacatl.
14 novembre 1519 : Moctezuma est fait prisonnier par ses invités
20 avril 1520 : Narvaez débarque à San Juan de Ulua. Pendant l'absence de Cortés, ses hommes profitent d'une cérémonie religieuse pour massacrer de nombreux nobles. Le peuple se soulève.
28 mai 1520 : Cortés attaque les troupes de Narvaez et les met en déroute.
24 juin 1520 : Cortés rentre à Tenochtitlan.
29 juin 1520 Cortés fait intervenir Moctezuma pour calmer la foule, ce qui ne permet pas d'apaiser la situation. Moctezuma est lapidé.

Vignette du Codex de Florence: les Espagnols se débarrassent des corps de Moctezuma et de Itzquauhtzin, gouverneur de Tlatelolco

30 juin 1520 : Assaillis de toutes parts, les Espagnols et leurs alliés s'enfuient à grand-peine en subissant de lourdes pertes. C'est la Noche Triste.

Noche triste

7 juillet 1520 : bataille d'Otumba, remportée lorsque la cavalerie espagnole atteint et tue le général aztèque.
11 juillet 1520 : Les Espagnols trouvent refuge à Tlaxcala.
16 septembre 1520 : Cuitlahuac devient le dixième tlatoani aztèque.
Octobre 1520 : La variole atteint Tenochtitlan.
4 décembre 1520 : Cuitlahuac est victime de l'épidémie de variole.
28 décembre 1521 : Cortés quitte Tlaxcala en direction de Tenochtitlan.
Février 1521 : Cuauhtémoc devient le onzième tlatoani aztèque.

Cuauhtémoc

18 février 1521 : Cortés atteint Texcoco
.
28 avril 1521 : Cortés lance ses brigantins sur le lac de Texcoco.
31 mai 1521 : Tenochtitlan est encerclée par les forces espagnoles; début du siège.

13 août 1521 : prise de Tenochtitlan

30 juin 1521 : Journée noire pour les Espagnols : ils perdent une soixantaine d'hommes.
13 août 1521 (1-serpent de l'année 3-maison) : après 75 jours de siège, Cuauhtémoc est capturé par Cortés. Il est pendu en 1525 sous prétexte de complot.

Buste de Cuauhtémoc au zocalo de Mexico

Les ruines de Tenochtitlan à Mexico

De l’ancienne Tenochtitlan, il reste aujourd’hui peu de choses en dehors des soubassements de la grande pyramide à côté de la cathédrale, certains vestiges présentés dans la station centrale du métro et sur la place des trois cultures du quartier de Tlatelolco. Les pierres taillées qui servirent à la construction du Palais national viennent en grande partie des anciens palais de Moctezuma, que le Zocalo, la grande place du Mexico historique où se dressent aussi la cathédrale et d’autres majestueux édifices coloniaux, était précisément le centre impérial et religieux de la cité préhispanique

MEXICO. Le zócalo, la place centrale de la ville : depuis 650 ans, c'est le cœur de la ville et du pays. On voit le Palais National au centre qui s'étire sur plus de 200 mètres. Tous les soirs à 6 heures, la Garde Nationale vient y parader et honorer le drapeau national. A côté, la cathédrale « Metropolitana », la plus grande de l'Amérique latine, qui penche dangereusement sur ses fondations. La place du« Templo Mayor » est devenu un lieu de marché pour les artisans indiens. Vous pourrez y voir aussi les vestiges des deux sanctuaires qui la côtoient, l'un de couleur rouge consacré à Huitzilopochtli, le dieu de la guerre, et l'autre de couleur bleue, pour Tláloc, dieu de la pluie. On sait aussi que la pyramide, comme les autres pyramides mexicaines, est en fait la superposition de sept temples construits les uns par dessus les autres, ce qui explique ses dimensions gigantesques.

Occupant tout un côté de l'immense Plaza de la Constitucion, plus connue sous le nom de "Zocalo", la riche cathédrale de Mexico (1753/1820) marie avec majesté le baroque au néoclassique

Lutte des classes porteuse du message révolutionnaire et marxiste-léniniste- Diego Rivera

Palais national

Tous ces monuments du XVIe siècle ont pour bases les ruines de temples et de palais impitoyablement rasés ou parfois enfoncés dans la vase.

Si les traces de l’antique Tenochtitlan sont rares, le souvenir de sa gloire et de la résistance indienne à l’envahisseur ont été au demeurant un des mythes fondateurs du Mexique révolutionnaire dans la première moitié du XXe siècle, ainsi en témoignent les fresques omniprésentes des grands peintres muralistes des années vingt à cinquante : Rivera, Orozco et Siqueiros.

Fresque de Diego Rivera au palais national

Cortès n’a pas de statue, alors que la silhouette emplumée de Cuauhtémoc se dresse au carrefour des deux plus grandes avenues de Mexico, Reforma et Insurgentes.

Rien ne résume plis justement la réalité mexicaine que l’inscription apposée sur la place des Trois cultures :

« Ici, le 13 août 1521, Tlatelolco défendue par l’héroïque Cuauhtémoc tomba aux mains d’Hernan Cortès. Ce ne fut ni un triomphe ni une défaite, mais la naissance douloureuse d’une race mixte qui est celle du Mexique moderne ».