Qui est Marcos ?

Publié le 28 Mars 2011

 

QUI  EST  MARCOS ?

 

 

 

 

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Son véritable nom : Rafael Sebastian Guillen Vicente

Il est né le 19 juin 1957 à Tampico, port industriel de Tamaulipas sur le golfe du Mexique.

 

 

Sur sa famille:

 

Ses parents sont des émigrants de Zamora en Espagne et vivent aisément de leur négoce de meubles.

 

Sur ses études

 

Après une scolarité secondaire dans un collège de jésuites il poursuit des études de philosophie à l’UNAM de Mexico.

Il est excellent élève et très bon camarade.

En 1980, il rédige un mémoire d’un marxisme structuraliste assez stéréotypé comme l’étaient les milliers de travaux de fins d’études. Son mémoire était influencé par Althusser et Poulentzas.

Il enseigne ensuite dans une université en tant que professeur d’arts graphiques . Il rencontre des professeurs révolutionnaires qui l’influenceront dans ses choix futurs.

Dans les années 80, il séjourne au Chiapas afin de travailler à l’oganisation de projets de santé, de syndicats de travailleurs et à la mise en place de premiers soins et de communication radio.

 

Sur ses goûts culturels :

 

Il joue dans « En attendant Godot » et il a tourné quelques bouts de films.

Il affectionne la littérature et le cinéma avec une fascination pour les stars ( Brigitte BardoT dans Et dieu créa la femme et Jane Fonda dans Barbarella).

 

 

 

 

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« Et si Marcos n’était pas Marcos ?

 

" Qué tal si Marcos no es Marcos? »

 

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Légende inscrite sur les figurines humoristiques mexicaines)

 

 

Son livre de « chevet » qui ne le quitte pas et l’inspire, c’est le Don Quichotte de Cervantès qui lui inspira ses contes de Don Durito, voir plus bas. 

 

 

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L’influence du CHE :

 

 

 

 

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L’armée zapatiste de Marcos est influencée par les références au CHE, le CHE qui quitte Cuba et part en Bolivie, qui continue la lutte, qui reste un rebelle, abandonne tout et recommence à zéro ailleurs. Le sentiment humain du sacrifice et le dévouement à une cause sont également ce que de nombreux militants et combattants pour la paix du monde entier doivent à l’image du CHE.

 

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Il devient MARCOS :

 

 

Le nom de Marcos est une reprise du nom d’un camarade qui lui donnait des cours d’histoire, qui savait tout sur l’histoire du Mexique et qui a été tué. C’est la tradition chez les zapatistes de reprendre le nom d’un disparu.

En 1984, il rejoint l’EZLN formée un an auparavant, il occupe le 5e rang en importance dans la hiérarchie militaire zapatiste

En 1993, le CCRI-CR ( comité clandestin révolutionnaire indigène-commandement général) le nomme chef de l’armée zapatiste et porte-parole. Il dirige le front sud-est ( Tabasco, Oaxaca, Chiapas) de l’EZLN sous le nom de subcomandante Marcos.

 

 



L’engagement zapatiste

 

 

« Vous luttez pour la prise du pouvoir.

Nous, pour la démocratie, la liberté et la justice. »

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                                           Est-ce son "vrai" visage ?

 

 

Marcos n’existe pas, il est mort-né le 1er janvier 1994, selon ses dires !

L’EZLN sert de bras armé à un mouvement indien qui n’attendait pas un sauveur et qui portait une tradition de lutte dotée d’une riche expérience et d’une grande résistance.

A partir de 1994, Marcos sert de « passeur » entre deux rives dans les deux sens, à ce moment cet anti militariste devient chef militaire et n’est pas encore porte-parole.

Par la suite, les circonstances feront qu’il devient « une fenêtre » dans laquelle les gens se voient et c’est à partir de là que Marcos est devenu un symbole.

L’insurrection zapatiste prendra uniquement les armes sur la période du 1er au 12 janvier 1994.

Cette guérilla n’a pas pour objectif la prise de pouvoir par la lutte armée d’où son abandon par la majorité des partis de « gauche » du monde entier.

Le passe-montagne :

Au départ ce dernier avait un rôle utilitaire, il a acquis la fonction de masque donnant figure aux déshérités, aux sans-noms, il est le miroir tendu aux mexicains afin qu’ils découvrent leur aliénation.



 



 

 

 

 



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Avec les indigènes:

 

 

Ce « métis » qui parle leur dialecte se tient toujours à l’écart des communautés et n’intervient pas dans leurs décisions. Il est isolé, et doit maintenir ces distances. Les seuls avec qui il parle en toute liberté sont les enfants. En effet, il doit impérativement éviter les favoritismes même involontaires et c’est pour cette raison qu’il s’est imposé cette retraite.

 

 

Les revendications zapatistes :

 

Le tryptique DEMOCRATIE-LIBERTE-JUSTICE est la base des revendications de l’EZLN, y compris dans ses fondements majoritairement indigènes. L’une n’est pas possible sans les autres. Il ne s’agit pas non plus de savoir laquelle vient en premier.

Comment changer le pouvoir sans prendre le pouvoir ?

Les zapatistes disent d’eux qu’ils sont « un joyeux bordel » : par la composition sociale ( mouvement indien en armes) politiquement ( mouvement de citoyens en armes) et face aux exigences citoyennes.

Ils critiquent le pouvoir mais pas pour le prendre, ils veulent que ce dernier fasse son travail.

 

 

Marcos en plus d’être un fin politicien , possède une plume pétillante et emplie d’humour et de sagesse.

Ces livres sont des exemples de sagesse et de récits du mouvement zapatiste , ses lettres d’une originalité et d’une véracité sont à mes yeux le meilleur miroir de ce mouvement.

Marcos dans toute son originalité est le « roi » des PS ( post-scriptum) humoristiques et souvent drôlissimes; quelquefois, les PS en disent beaucoup plus que les lettres et les textes.

 

 

 

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Le talent d’écrivain de Marcos

 

Voici un exemple de PS du courrier numéro 268 du livre YA BASTA TOME 2 :

 

 

Amour, Désamour et autres bêtises du 23 décembre 1995

 

 

P-S qui parle d’amour , du désamour et autres bêtises.

 

La Tonita revient me montrer fièrement sa nouvelle petite tasse à thé. Sans anesthésie, elle me lâche….

 

-L’amour est comme une tasse à thé qui tombe par terre tous les jours et se casse en mille morceaux; à l’aube les morceaux se rassemblent et, avec un peu d’humidité et de tendresse, se collent et revoilà la petite tasse. Celui qui est amoureux passe sa vie à craindre l’arrivée du jour terrible où la tasse sera tellement cassée qu’on ne pourra plus la recoller.

 

Elle s’en va comme elle est venue, en renouvelant son refus d’un bisou qui, à présent plus qu’avant «  pique beaucoup ».

-L'amour n’est qu’une balance compliquée dit Durito. D’un côté, on met les bonnes choses et de l’autre les mauvaises. L’amour durera le temps que le bon côté dépasse le mauvais côté. Celui qui aime passe sa vie à empiler des poids et des attentions du bon côté . Son attention est si concentrée sur ce poids qu’il en oublie le mauvais côté. Il ne comprendra jamais comment un poids, à peine une plume de soupir , a pu faire pencher la balance vers le désamour de façon catégorique, définitive, irrémédiable.

Moi, je suis resté là à réfléchir en fumant. La lune était un ongle nacré, une voile gonflée de lumière sur le bateau de la nuit. Elle a laissé poindre une arête nue par-dessus la cime de la montagne puis s’est élancée avec tant de force que son passage a maltraité nombre d’étoiles.

 

Don Durito de la lacandone

 

 

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Marcos a créé ce chevalier errant qui est un scarabée et qui le représente.  Durito est Don Quichotte et lui, marcos est son fidèle serviteur Sancho Pança.

 

Les scarabées ont une carapace qui leur sert de peau, un autre en guise d’honneur et une dernière que l’on appelle dignité.

Cette humanité, c’est celle des duritos de la forêt lacandone, de ces hommes et de ces femmes qui sont le meilleur de la mémoire future du Mexique.

 

 

L'histoire du toujours à tout jamais ( pour qui se reconnaitra)

 

 

 

Il était une fois un lui, qui était purement et simplement la nuit. Ombre de l’ombre, marche solitaire, il parcourait longuement les nuits pour la rejoindre.

Il était une fois une elle, qui était purement et simplement le jour. Scintillement d’espoir, danse impulsive, elle parcourait longuement les jours pour le rejoindre.

Lui et elle se cherchaient passionnément. Passionnément, la nuit talonnait le jour. Tous deux, lui et elle, étaient au courant de la recherche infructueuse de l’autre. Selon toute vraisemblance, ils ne réussissaient jamais à se rejoindre. Jamais, non au grand jamais : c’était impossible….

 

C’est alors que l’aube est arrivée, pour lui, pour elle. Pour toujours, à tout jamais…

 

Et plan plan rataplan! Tsoin, tsoin !

 

 Don Durito de la forêt lacandone ( sous commandant Marcos)

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Bibliographie

  • Bibliographie émanant uniquement de l'EZLN ou de sympatisants :
  •  
  • Mexique, calendrier de la résistance, Rue des Cascades, Paris, 2007 (ISBN 978-2-9170-5100-9)
  • Des morts qui dérangent roman Paco Ignacio Taibo II et le Sous-commandant Marcos, (titre original en espagnol : Muertos incómodos) Éd. Payot et rivages 2005
  • Don Durito de la forêt lacandone, (fiction romanesque) Éditions de la mauvaise graine, Lyon, 2004 (ISBN 2-9150-1308-X)
  • Depuis les montagnes du sud-est du Mexique. Ouvrage collectif
  • Contes Maya, l'Esprit frappeur, Paris, 2001 (ISBN 2-8440-5155-3)
  • Chiapas : Le Sud-Est en deux vents, un orage et une prophétie in Coffret dix textes contre, Mille et une nuits, Paris, 1996 (texte en français disponible en archive)
  • Ya basta!
    • tome 1, Les insurgés zapatistes racontent un an de révolte au Chiapas, Dagorno, Paris, 1996 (ISBN 2-9100-1933-0)
    • tome 2. Vers l'internationale zapatiste, Dagorno, Paris, 1996 (ISBN 2-9100-1934-9)
  • Bibliographie critique :
  • 
Communiqués parus isolément
Sur le sous-commandant Marcos et l'EZLN[modifier]
  • L'Autonomie, axe de la résistance zapatiste, Raúl Ornelas Bernal, Rue des Cascades, Paris, 2007 (ISBN 978-2-9170-5101-6)
  • EZLN : 20 et 10, le feu et la parole. Gloria Muñoz Ramírez, éd. Nautilus, Paris, 2004
  • Marcos, le Maître des Miroirs, Manuel Vázquez Montalbán, Mille et une nuits
  • Sous-commandant Marcos, la géniale imposture, Bertrand de la Grange, Maite Rico, Plon/Ifrane, 1998
  • Le rêve zapatiste, Yvon Le Bot entretien avec le sous-commandant Marcos, éd. du Seuil, Paris, 1997 (ISBN 2-0203-1011-2)
  • Marcos, la dignité rebelle - Entretien avec le sous-commandant Marcos, Ignacio Ramonet avec le sous-commandant Marcos

 

Quelques citations en vrac :

 

 

"Dans le cabaret de la globalisation, l'Etat se livre à un strip-tease au terme duquel il ne conserve que le minimum indispensable : sa force de répression. Sa base matérielle détruite, sa souveraineté et son indépendance annulées, sa classe politique effacée, l'Etat-nation devient un simple appareil de sécurité au service des méga-entreprises. Au lieu d'orienter l'investissement public vers la dépense sociale, il préfère améliorer les équipements qui lui permettent de contrôler plus efficacement la société."

 
Sous-commandant Marcos - Armée zapatiste - Le Monde Diplomatique, août 1997

 

 

 

 

 

"Le néolibéralisme tente de soumettre des millions d'êtres, et veut se défaire de tous ceux qui seraient "de trop". Mais ces "jetables" se révoltent. Femmes, enfants, vieillards, jeunes, indigènes, écologistes, homosexuels, lesbiennes, séropositifs, travailleurs, et tous ceux qui dérangent l'ordre nouveau, qui s'organisent et qui luttent."

 


Sous-commandant Marcos - Armée zapatiste - Le Monde Diplomatique, août 1997

 

 

 

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Dessins de Beatriz Aurora

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Le chiapas en lutte

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C
<br /> C'est pour cette raison qu'il est devenu un symbole et à l'époque où fut dévoilée son indentité il disait ironiquement qu'il revecait beaucoup moins de lettre d'amour de ces admiratrices !!<br /> Dans notre société civilisée on a du mal à se préserver une part de rêve, on veut tout savoir, tout connaitre, alors que deviner qui se cache derrière le masque ou derrière les apparences c'est<br /> tellement enrichissant , plus que de tout donner tout de suite.... société de consommation, quand tu nous tiens !!<br /> Regarde le mystère qui règne toujours lors des carnavals de Venise....<br /> Amicalement<br /> caroleone<br /> <br /> <br />
P
<br /> Je pense que le subcomandante est le plus grand anarchiste de notre contemporain et qu'il est très bien qu'il entretienne son côté anonyme qui donne un peu plus de mysticisme au personnage qui<br /> représente le peuple anonyme.<br /> <br /> Amicalement,<br /> Le Papy<br /> <br /> <br />