CHILI : L'exemple de la jeunesse
Publié le 5 Novembre 2011
Les luttes étudiantes continuent au Chili
Afin de mieux appréhender ce qui attend notre système éducatif si nous laissons irrémédiablement casser notre service public par l’état sans combattre, voici
l'exemple du Chili.
Ce sont les étudiants chiliens regroupés dans des confédérations syndicales qui les premiers descendent dans la rue au cours de ce mois de mai 2011.
Leur mouvement est de suite soutenu par les professeurs, les chercheurs et les mineurs qui tous contestent la politique du gouvernement Piñera.
Une revendication à la base de la contestation
C’est très simple : le problème c’est la privatisation de l’éducation.
Ce système est un héritage du régime dictatorial de pinochet et il est resté inchangé depuis plus de vingt ans même par le gouvernement socialiste de Michelle
Bachelet qui n’est pas revenu sur le problème et n'a apprté aucune solution.
Comment fonctionne le système éducatif au Chili ?
- Education primaire et secondaire : municipalisées (l’état se décharge des responsabilités financières), comme les communes n’ont pas les moyens d’assurer toutes les dépenses, l’éducation est donc financée par des fonds privés et financés à 30 % par les familles.
- Education supérieure : sous la coupe du privé, y compris les grandes universités dites publiques
Coût des études pour les étudiants
Il peut atteindre des sommes mirobolantes.
- Dans les universités autonomes = 300 à 1800 euros par mois
- Dans les universités publiques = 10% financé par l’état
90% financé par les familles
Un étudiant chilien doit donc avancer la somme de 30.000 euros pour financer ses études.
S’il emprunte pour y arriver, les taux d’intérêts se font à un taux exorbitant.
Ce qui pousse les jeunes de condition modeste à aller poursuivre leurs études en Argentine car le coût est moins élevé (c’est le cas pour 4500 à 5000 jeunes !)
Les étudiants issus des classes populaires voient leur accès à l’université forcément restreint, un million de jeunes sont exclus du système faute de moyens économiques.
Le système éducatif chilien est le plus privatisé et le plus cher au monde !!
L’enseignement privé est-il gage de qualité ?
Les faits sont là, énoncés par les études de l’ONU : En Amérique latine, le système cubain, entièrement public, gratuit et universel est de loin meilleur au point de vue des réussites scolaires que le système privé en cours au Chili.
Le Chili, dans les années 60 sous le régime socialiste d'Allende était l’un des meilleurs d’Amérique latine !
Le peuple chilien en soutien au mouvement étudiant
Le mouvement est très bien perçu dans la population, 4 chiliens sur 5 le soutiennent.
Piñera par contre souffre d’une impopularité grandissante !!
Les organisations sur le terrain des luttes
- CONFECH : confédération des étudiants
- JC : jeunesse communiste
- PCCh : parti communiste chilien
- CUT : centrale unitaire des travailleurs
Il existe un bel engagement des communistes dont la JC du Chili dans les mouvements. Les communistes sont de mieux en mieux perçus chez les étudiants et les travailleurs comme une force politique de référence pour donner une direction politique aux luttes.
Camila Vallejo
Camila Vallejo, la jeune étudiante secrétaire de la centrale syndicale et jeune communiste se pose à présent en leader du mouvement et revendique fièrement ses engagements et sa formation communiste.
Elle est comme une bouffée d’oxygène et de modernisme de nos valeurs et paie à présent la rançon de la gloire de sa popularité grandissante. Alors, ne faisons pas d’elle un leader, cela ne lui porterait pas chance, faisons d’elle un porte-parole de la jeunesse.
Les revendications de la jeunesse
Gabriel Iturra, lycéen
- La gratuité de l’enseignement dans les universités publiques
- Une éducation accessible à tous
Les revendications générales
Les objectifs des étudiants et des manifestants représentent la prise de conscience des peuples dont celui du Chili dans la recherche de la souveraineté, la capacité de récupérer une démocratie plus participative, une plus grande justice sociale aussi bien dans la distribution que dans la production.
Solution proposée par les étudiants pour le financement d’une éducation publique de qualité et gratuite
- Réforme fiscale, reprise en main par l’état de l’exploitation des ressources naturelles du territoire.
C’est dans la rue qu’ils ont décidé que ça se passait
Le 19 octobre, 300.000 personnes manifestaient lors des deux journées de grève.
Le soutien sans faille de la population ne faiblit pas : 88 % d’opinions favorables.
Réponse du gouvernement : oppression comme toujours avec 370 chiliens incarcérés lors des 48 heures de la grève.
Les travailleurs rejoignent de plus en plus nombreux le mouvement, la colère grandissant vis-à-vis de la politique de classe du gouvernement, tels les travailleurs des transports qui sont actuellement en grève illimitée (2 millions de personnes).
Les médias aux ordres
Au Chili, c’est chose acquise : la presse est dirigée par les grands groupes et joue le jeu des intérêts du pouvoir. Avec l’avènement des luttes récentes, les médias ont changé de stratégie en faisant en sorte d’indisposer l’opinion publique à l’égard du mouvement étudiant en le diabolisant par des suppositions liées à la délinquance, la violence, la criminalisation de la protestation sociale.
Soutien des professeurs et répression de l’état
Lors d’un référendum organisé par un syndicat de professeurs qui a mobilisé la participation d’1.5 millions de personnes, est ressorti le résultat à 90% favorable au caractère public, gratuit et de qualité de l’enseignement.
Les enseignants souhaitaient déposer le résultat du référendum auprès des élus de la nation mais ce sont les policiers qui les ont reçu, arrosant même aux canons a eau les militants sympathisants.
A l’heure actuelle, aucune sortie de conflit n’est prévue, les deux parties ( syndicats étudiants et gouvernement) campant sur leurs positions.
Contrairement à ce que veulent faire croire le gouvernement et les médias, le mouvement ne faiblit pas et les motivations restent les mêmes.
Les structures représentatives des étudiants ont décidé également que la lutte ne faisait que commencer, prévoyant une nouvelle mobilisation pour le 5 novembre. En conférence de presse, la présidente de la Fédération des étudiants de l'Université du Chili et porte-parole de la Confech a appelé les parents et les professeurs à participer à la manifestation.
Caroleone
SOURCES : solidarité internationale, désinformémonos