Brésil : Le peuple Karitiana

Publié le 5 Mai 2012

Les karitiana

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Peuple autochtone du brésil vivant dans l’état de Rondônia sur un territoire de 89.682 hectares à Porto Velho.

Leur nom : Il leur a été donné par les « saigneurs » d’hévéa au début du XXe siècle

Le nom qu’ils se donnent : Yjxa = nous ou le peuple

Les autres (les non-indiens principalement) sont appelés opok.

Population : 333 personnes (2014)

Langue : famille arikèm des langues tupis

Une première référence parle des karitiana dans la littérature en 1909 dans un rapport du capitaine Manoel da Pinheira Teophila Costa, membre de la commission Rondon.

Ils vivaient près du fleuve Jaci-Parana et les premiers contacts avec l’homme blanc se produisent vers la fin du XVIIIe siècle.

A la fin du XIXe siècle, les contacts sont plus fréquents avec l’arrivée des récolteurs de caoutchouc.

Dans les années 30 ou 40, le groupe s’éloigne du contact avec les blancs et se déplace vers l’ouest où ils rencontrent un autre groupe les capivari (joari) dont ils avaient été séparés au début du XXe siècle. La réunion de ces deux groupes réduits a permis également de renouveler un peu le sang en formant des couples des deux ethnies.

En 1950, c’est l’arrivée des missionnaires salésiens.

Le contact avec les blancs comme pour chaque ethnie se révèle catastrophique et provoque une chute considérable de la population.

En 1957, Darcy Ribeiro considérait que l’ethnie était éteinte.

Pour repeupler la tribu un chef Morais décide de se marier à diverses femmes karitiana (7 ou 10 selon les sources) pour régénérer la population ce qui a fait monter le pourcentage du taux de consanguinité à 0.142 (entre cousins au 1er degré, ce chiffre est de 0.125).

 

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Terre indigène

T.I Karitiana - 89.682 hectares, 333 personnes, réserve homologuée dans l'état du Rondônia. Ville : Porto Velho.
 

Mode de vie

Ils pratiquent l’agriculture sur brûlis, la chasse et la pêche.

Agriculture

Ils cultivent le manioc, le maïs, le riz, les haricots et le café.

Autour des maisons se trouvent des parcelles où sont plantés des arbres fruitiers.

Hommes et femmes travaillent sur l’abatis mais l’abattage des arbres et le brûlage sont essentiellement masculins.

En savoir plus sur le manioc ICI sur cocomagnanville

le maïs  ICI

La chasse

singe.jpg                                                                   singe capucin

Elle est pratiquée par les hommes seuls ou en groupe de 2 ou 3 à l’aide de pistolets de nos jours mais l’arc et les flèches sont encore utilisées parfois ainsi que des pièges différents.

La proie favorite est le singe capucin, mais ils chassent le pécari, le paca, l’agouti, le cerf rouge, les oiseaux dont le toucan et le hocco.

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arc à section rectangulaire arrondie

050856.jpg                                                               Flèche à pointe en bambou lancéolée

 

La pêche

C’est une activité collective qui regroupe aussi les enfants, elle se fait avec des filets, des hameçons, des arcs et des flèches.

Quand les rivières sont un peu plus asséchées aux mois d’août et septembre, ils pratiquent la pêche au timbo, une liane toxique pour les poissons.

La pêche à la nivrée sur cocomagnanville

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Un exemple de pêche au timbo , voir article sur les enawene nawe sur cocomagnanville

Pour survivre, et alimenter leurs besoins en aliments industriels dont ils dépendent de plus en plus, ils vont vendre leurs récoltes à la ville (maïs, café, haricots) ainsi que leur artisanat au sein d’une association kartitiana.

Quelques particularités du passé

Déformation des crânes

Ils pratiquaient il y a quelques générations la déformation du crâne rituel grâce à l’utilisation d’un appareil fabriqué à partir de bois et le coton qui était utilisé à un âge précoce sur la tête des enfants pour produire un aplatissement de la partie avant du crâne.

Cette technique n’a plus court de nos jours.

L’utilisation du mortier

Le fait de piler le maïs et non le manioc pour en faire de la farine en utilisant un mortier démontre que ce groupe ne descend pas complètement des peuples tupis. Les instruments utilisés aussi bien pour la déformation des crânes que le mortier ont été acquis au contact d’un autre peuple.

Organisation sociale

La tentative de conversion réalisée par un couple de missionnaires entre 1972 et 1978 n’a pas totalement réussit et il y a une division en deux groupes distincts qui correspond à la moitié de la population du village ( 2005) :

-        Les « gens du chaman »

-        Les « personnes du pasteur » ou croyants

Le chaman ou pajé est tout seul au sein du village karitiana alors qu’il y a trois pasteurs.

Les divergences sont assez faibles et se révèlent principalement lors des festivals et des rituels pour célébrer le contact avec le monde surnaturel, demander la santé et le bonheur pour le peuple. Les invitations sont faites des deux cotés mais chaque groupe reste séparé.

Ils sont séparés aussi géographiquement dans les villages, les familles du chaman ont leur résidence dans la section centrale de la rive droite du ruisseau, les maisons forment un noyau intégré autour de la demeure du chaman.

Les familles du pasteur sont distribuées sur la rive gauche du ruisseau, proches des bâtiments installés par les blancs et à chaque extrémité de la rive droite.

Milieu naturel et habitat

 

 

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La zone d’habitation présente une couverture végétale de type forêt tropicale ouverte avec quelques zones de forêts denses et humides. Elle est traversée par de nombreux ruisseaux qui sont des affluents de la rivière Candeias.

Le relief s’élève à l’est vers la Morais serra qui est un lieu d’importance historique et symbolique pour les karitiana.

Les maisons adoptent de nos jours un modèle régional avec un toit en pente, le matériau varie selon les constructions : bois, acacia et torchis, parfois briques.

Les bâtiments traditionnels étaient confectionnés à partir de troncs, de vignes et de babassu chaume, ils ont été abandonnés il y a quelques décennies.

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           Destruction de l'Amazonie à Porto Velho

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Collecte non-autorisée d’échantillons médicaux

Un cas amazonien récent de nomadisme international de l’ADN des peuples autochtones concerne les Indiens Karitiana et Surui de l’état de Rondônia au Brésil. Une équipe de l’université de Yale, qui a conduit des recherches auprès de ces deux groupes (sans autorisation des autorités brésiliennes), a, au début des années quatre-vingt-dix, déposé « pour chacune de ces populations cinq lignages cellulaires d’individus non apparentés au Human Genetic Cell Repository du National Institute of General Medi- cal Sciences (NIGMS) situé au Coriell Institute for Medical Research (Camdem, New Jersey) [où elles sont] disponibles au public » [Kidd et alii, 1991 : 778]. En avril 1996, le Coriell Cell Repositories (CCR) mettait ces échantillons d’ADN des Indiens Karitiana et Surui en vente sur l’internet [Santos, Coimbra, 1996 : 7 ; Ramos, 2000].

On peut imaginer aisément la répercussion négative d’un tel épisode dans la presse et l’opinion publique brésilienne. L’administration indigéniste de ce pays, la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI), suspendit toutes les autorisations de recherches biomédicales en territoire indien, les Karitiana et Surui déposèrent une plainte auprès du Ministère public et le Parlement finit par ouvrir une commission d’enquête [Santos, 2002 : 82-83]. Toutefois, des lignées cellulaires d’individus Karitiana et Surui sont aujourd’hui (juillet 2003) toujours en vente pour 75 dollars sur le site internet du CCR (les échantillons d’ADN pour 50 dollars ).

La collecte non autorisée de sang est un affront aux conceptions symboliques karitiana concernant le corps et son bon fonctionnement. Il s’élève à un délit moral fondé sur l’échange de sang comme remède et soins médicamenteux et n’ a pas été compensé par un paiement de l’homme blanc, ce en quoi ils se sentent dépossédés.

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Parenté

Elle est basée sur le modèle de la famille nucléaire  qui est une forme de structure familiale qui correspond à un ménage regroupant :

-         Soit deux parents mariés ou non  ainsi que leurs enfants

-         Ou un couple d’adultes sans enfants

-         Ou un adulte et son ou ses enfants

Ego. On appelle Ego l'individu-référence du système. Pour le dire autrement, c'est de cette manière que l'on désigne l'individu au centre de l'analyse. Par exemple, quand il sera évoqué la fille du frère de la mère, je saurai que c'est de la « cousine » d'Ego dont il est question.

Le cousinage est de mise et pour ceux qui ont envie d’en savoir plus, je vous mets le lien vers un texte de Persée :

Systèmes dravidiens à filiation cognatique en Amazonie

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Sources : socioambiental, albertin bonnet

Caroleone

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Karitiana

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