Brésil : Le peuple Akuntsu (peuple en danger d'extinction)

Publié le 17 Avril 2013

Les akuntsu

! Peuple en danger d'extinction

 

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En 2020, les 3 derniers survivants Akuntsu vivent dans deux petites malocas côte à côte dans les forêts de l'igarapé Omerê, un affluent de la rive gauche du rio Corumbiara dans le sud-ouest du Rondônia.

Localisation : Brésil, état du Rondônia le long de la rivière Omeré à l’ouest du pays et au pied de la cordillère des Andes.

Terre Indigène

T.I Rio Omerê - 26.177,18 hectares, 3 personnes, réserve homologuée dans l'état du Rondônia. Villes : Chupinguaia, Corumbiara. 2 peuples y vivent : Akuntsu (langue tupari), Kanoê (langue kanoê).

Territoire :

Ils vivent sur un territoire reconnu officiellement par le gouvernement brésilien et sont protégés par la FUNAI contre l’invasion des fermiers.

Population : 3 personnes (2019)

Langue : akuntsu inconnue hors du groupe, langue de la famille tupari

Ils vivent dans de petites malocas (maison communautaire) couvertes d’un toit de palmes, dans une parcelle de la forêt nommée Omeré. Cette parcelle démarquée fait 26000 hectares sur un périmètre de 81 km est entourée des fermes d’élevage et de plantations de soja, faisant planer l’insécurité sur les indiens. Ils partagent leur territoire avec cinq indiens de la tribu kanoê qui vivent en isolement volontaire, loin de leur groupe. Ils vivent dans deux villages séparés.

C’est dans les années 1980 que la FUNAI (fondation nationale pour l’indien) a connaissance de cette petite ethnie qui survit tant bien que mal.

Ce sont les indiens de la tribu kanoê qui font part de l’existence des akuntsu isolés alors que l’exploitation du bois commence dans la région sans se préoccuper de cette possible présence humaine.

En 1995, il ne reste que 7 individus, une fillette, une adolescente, trois femmes et deux hommes.

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Ururu

En 2000, la fillette est tuée écrasée sous un arbre tombe une nuit d’orage.

En 2009, Ururu la doyenne du groupe âgée de 80 ans décède, son frère Kunibu est dans un état critique. Ururu emporte avec elle la mémoire de son peuple.

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Ururu, la doyenne des akuntsu décédée à présent

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Kunibu et sa famíille dans le village Akuntsu. Foto: Adelino de Lucena Mendes, 2002.

 

Mode de vie traditionnel

Ils font partie du complexe culturel marico , on reconnait des points de référence et de nombreux aspects partagés par ses peuples dont par exemple leur petit sac en fibres de tucumen.

La chasse

Ce sont d’excellents chasseurs, leur proie favorite est le pécari mais ils chassent également les tapirs et les agoutis.

Ils pratiquent la chasse à l’arc en bois de palmier avec des flèches équipées de pointes unique décorées de fils rouges teints à la main.

L’agriculture

Ils possèdent de petits jardinets dans lesquels ils cultivent le manioc et le maïs et complètent leur alimentation par les produits de la cueillette des fruits de la forêt ainsi que la pêche dans les criques. La rivière Omeré n’est pas une source abondante de nourriture pour les akuntsu, ils l’utilisent pour l’eau potable et pêcher de petits poissons qui n’ont qu’une utilité apéritive.

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Foto: Araquém Alcântara.

Artisanat

Ils fabriquent des flûtes de pan en bois pour les danses et les rituels.

Ils aiment les colliers et bras ainsi que les bracelets aux bras et aux chevilles en fibre de palmier. Ils ont abandonné la confection des colliers en coquillages pour se servir de plastiques multicolore qu’ils trouvent sur les bidons des pesticides abandonnés par les fermiers.

Les morceaux de plastique sont de forme trapézoïdale ou circulaire découpés dans les plastiques trouvés de préférence de couleur bleu, rouge, jaune et blanc.

Ils ont des décorations nasales dotées de plumes d’aras.

Leur vêtement est un pagne en brins d’écorce porté par les hommes ou les femmes.

Chamanisme

Le chaman (c’était Kunibu dans ce groupe) interagit avec une femme chamane kanoê dans de longues rencontres dans lesquelles ils soufflent ou inhalent du tabac associé à une poudre hallucinogène

Les graines de l’hallucinogène sont broyées et mélangées à une sorte de tabac cultivé à cette fin.

Ils entrent en transe et évoquent les esprits des animaux, des êtres fantastiques qu’ils semblent intégrer.

 

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Kunibu Akuntsu. Foto: Marcos Mendes, 1995.

 

L’histoire d’un génocide

La tribu est très effrayée par la présence de l’homme blanc, elle a ses raisons.

Dans le milieu des années 1980, elle a subi un massacre perpétré par des fermiers.

Les villages détruits dans la forêt et les témoignages des rescapés en sont les preuves irréfutables. Les fermiers avaient tenté de dissimuler les preuves de leurs crimes, mais l’équipe de la FUNAI a retrouvé les traces des maisons détruites ainsi que des poteaux, des flèches, des haches et des débris de poterie.

Les maisons ont été défoncées par des bulldozers et les indiens abattus au fusil.

Les akuntsu survivants portent en dehors de la fillette des traces de balles sur le corps.

Ils sont très vulnérables aux maladies apportées de l’extérieur.

La seule chance de survie de cette ethnie serait d’accepter de se marier avec des personnes issues dune autre communauté indigènes.

 

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Deux femmes akuntsu à l'occasion du premier contact officiel. Foto: Marcos Mendes, 1995.

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Porak et Kunibu avec des arcs et des flèches Foto: Adelino de Lucena Mendes, 2002.

Sources : socioambiantal, survival, images socioambiantal

HISTOIRE DU CONTACT

 

Akuntsu à l'occasion du premier contact officiel. Photo: Marcos Mendes, 1995.

En 1985, la commission Funai a été officiellement créée, qui sera responsable du premier contact avec des indiens inconnus qui erraient dans la région de Corumbiara. Bien que cette information soit déjà connue de l'organisme indigène depuis les années 1970, des récits de 1984 ont réitéré la présence d'un ou plusieurs groupes indigènes isolés dans la selva, constitués de réserves légales de certaines exploitations, mais qui avaient été déboisés pour la commercialisation du bois. et l'établissement du bétail. La présence autochtone était constamment niée par les propriétaires fonciers de la région, car leur confirmation mettrait en péril la disponibilité des terres qui étaient préparées à des fins économiques.

En décembre 1986, la zone qui avait été restreinte pour d'éventuels contacts avec les indigènes a été remise aux propriétaires fonciers, sous l'argument de l'organisme autochtone lui-même que s'il y avait des indigènes dans cette région, ils auraient déjà été enlevés, car cette zone était complètement coupé par de petites routes, pour enlever le bois laissé à l'intérieur de la jungle.

Le sertaniste de la Funai , Marcelo dos Santos, responsable du front d'attraction, malgré l'ouverture de la zone, a poursuivi au cours des années suivantes sa recherche de survivants de la présence indigène dans la selva. Plusieurs fois, il a été confronté à des menaces de mort et à toutes sortes d'obstacles que les bûcherons, les «grileiros» (personne qui s'approprie illégalement la terre) et les propriétaires terriens ont pu créer pour lui. En 1993, le sertaniste a commencé à compter sur l'aide d'images satellites et à partir d'une petite tache rougeâtre détectée sur l'une de ces images, interprétée par lui comme une plantation possible, il a entrepris une expédition définitive pour contacter les Indiens.

En septembre 1995, ils ont contacté les indigènes Kanoê , survivants des anciens groupes Kanoê déjà mentionnés par la Commission Rondón, et qui habitaient les régions voisines. Lors d'une conversation avec des membres de l'expédition de contact, les Kanoê ont rapporté qu'il y avait un autre groupe indigène à proximité, qu'ils ont appelé Akuntsu. En octobre de cette année, une autre expédition, qui comprenait désormais des Kanoês, a atteint non loin de là, les petites malocas des Akuntsu inconnus, qui ont reçu le groupe avec une grande peur. Il s'agissait alors de sept personnes, deux hommes adultes, trois femmes (une plus âgée et d'autres en âge de procréer), une adolescente et une fillette d'environ sept ans.

La présence de la peur

La peur est devenue un élément présent dans la vie quotidienne des Akuntsu. Kunibu, chef du groupe, n'approche jamais personne sans ses coups, bénédictions caractéristiques des rites chamaniques qui possèdent le pouvoir, selon la situation, de rejeter les entités maléfiques, ou de nettoyer le corps ou l'environnement où ils croient qu'il y a du danger ou des entités négatives. C'est une pratique qu'il fait partout où il va, comme dans la Toyota de la Funai, pour traverser le champ qui divise le territoire.

Comme nous l'avons déjà mentionné, les terres Akuntsu et Kanoê se trouvent dans une zone particulière restreinte par la Funai dans les années 1980, et pour atteindre le village Kanoê, il faut traverser une zone de pâturage qui sépare les deux îles de forêt, une trajectoire qui prend environ 4 ou 5 minutes. En raison de la peur que les indigènes ont des ouvriers agricoles, le voyage se fait dans la Toyota qui sert de front ethno-environnemental au Guaporé (Funai). Tous ces soupçons peuvent être justifiés lorsque l'on retrouve l'histoire du massacre auquel ils ont été soumis. Le plomb des envahisseurs est à ce jour dans le flanc de Kunibu, sa fille et les trois autres femmes du groupe, en plus de Popak (l'autre représentant masculin). Il y a une autre peur qui s'impose à chacun d'eux, la peur de quelque chose qu'ils ont déjà subi et dont l'élément causal est là, dans le pastoralisme.

traduction carolita d'un extrait de l'article sur les Akuntsu du site pib.socioambiental.org 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Akuntsu

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