Brésil : Le barrage Belo Monte et les indiens d'Amazonie
Publié le 28 Mars 2012
Accapareurs, pilleurs, pollueurs et cie......
BELO MONTE : Indiens contre capital
"Je reste déterminé et combattif dans la lutte contre le barrage de Belo Monte, la lutte pour la démarcation de notre territoire de Kapot Nhinore, la lutte pour nos forêts, nos rivières, et les animaux du Xingu. Depuis si longtemps je demande aux gouvernements successifs de régulariser cette situation mais, malgré les promesses, ils ne m'ont pas écouté, voilà pourquoi j'ai sollicité votre aide pour délimiter ma terre. Ne laissez pas mon peuple être expulsé de ses terres. Nous avons besoin de vous pour parvenir à réaliser cette démarcation et assurer la permanence de mes guerriers aux abords de notre territoire de Kapot Nhinore, ceci jusqu'à ce que cette démarcation devienne effective."
- Cacique Raoni Metuktire, vendredi 10 février 2012 -
Après plus de 35 ans de tergiversations et de débats sur la viabilité et les conséquences sociales et écologique du projet, la construction d’une nouvelle centrale hydroélectrique à commencé en juin dernier sur la rivière Xingu.
Le barrage une fois achevé sera le troisième plus grand barrage au monde, derrière celui des trois-gorges en Chine et celui d’Itaipu, construit en 1970 par le Brésil et le Paraguay sur le fleuve Parana.
Le projet est aussi ambitieux que l’était celui du canal de Panama.
Il menace plusieurs ethnies indigènes et quelques localités qui vivaient dans une paisible précarité.
Le projet a vu le jour en 1975, alors que le Brésil était encore sous dictature militaire. « Electronorte », une filiale d' « Electrobas », qui est le service publique responsable de la production et de la distribution d'électricité brésilienne, a demandé au « Consórcio Nacional de Engenheiros Consultores » (CNEC) d'effectuer une étude hydrographique des sites ayant un potentiel énergétique sur la rivière Xingu. Le projet a cependant toujours été reporté, notamment à cause des protestations des indigènes et des écologistes. En 1990 le projet a été relancé, et abandonné à la suite de nombreuses manifestations au Brésil et partout dans le monde.
Situer le Rio XINGU
Le rio Xingu est une rivière du Brésil, affluent du cours inférieur de l’Amazone.
Il mesure 2260 kilomètres de long et traverse les états du Mato grosso et du Para.
Son bassin versant couvre 531.250 km2, l’équivalent de la surface de la France. Le rio Xingu est considéré par plusieurs tribus autochtones comme leur foyer ainsi que celui d’espèces pour certaines endémiques.
Le Xingu est surnommé « le fleuve aux claires eaux », ce qui est assez exceptionnel dans la plaine amazonienne où de nombreux fleuves ont plutôt la couleur du café à cause des sédiments.
Quelques espèces endémiques risquent de disparaître comme le cychlidé nain, un piranha herbivore, une grenouille dard de poison du Xingu et le pléco-zèbre.
La biodiversité de la faune et de la flore du Xingu est très précieuse, par exemple pour la faune on ne trouve pas moins de :
- 174 espèces de poissons
- 387 espèces de reptiles
- 440 espèces d’oiseaux
- 259 espèces de mammifères dont de nombreuses endémiques
Sur cette vidéo vous aurez un aperçu de la richesse du biotope du Rio Xingu ....
Le feu vert est donné
L’institut brésilien de l’environnement IBAMA a donné son feu vert le 1er juin 2011 pour la construction de Belo monte. Le gouvernement soutient que le Belo monte engendrera le moins d’impacts négatifs possibles pour les communautés locales. Le ministre de l’environnement brésilien ajoute qu’il n’y aura aucun désastre environnemental. Les travaux de construction qui ont débuté début 2012 dureront 8 ans, à terme Belo Monte devrait approvisionner en électricité 35 millions de personnes.
Paradoxe
Le consortium norte energia a envisagé de débloquer une enveloppe de 800 millions de dollars pour compenser les dégâts environnementaux !!
Au cas où ?
Le consortium Norte energia a gagné le pompon......
PEDIGREES
Nom du consortium : NORTE ENERGIA (ensemble de sociétés à dominante publique)
Localisation du barrage : Belo monte dans l’état du Para, sur le rio xingu ( Brésil)
Investissement : 18.5 milliards de dollars
Coût estimé de l’énergie : 77.9 reais ( 33 euros) le megawatheure
Capacité de production : 11230 MW
Direction :
- ELECTRONORTE (20 %)
- Etat brésilien (49.98% du consortium mais il a cédé 14.99 % à eletrobras)
Nom : ELETROBRAS (centrais electricas brasileiras S.A)
Activité : Production et distribution d’électricité
Siège social : Brasilia (Brésil)
Création : 1962
Capital : 32.9 millions de dollars
La plus grande entreprise d’électricité d’Amérique latine
Ces centrales produisent 38 % de l’énergie au Brésil.
Actionnaires : Etat brésilien à 53.9 % des actions
Gouvernement fédéral : 15.5 %
Le reste est côté au Bovespa (bourse)
Eletrobras: 15,00%
CHESF: 15,00%
Eletronorte: 19,98%
+
Nom : ALSTOM
Siège social : Levallois –Perret (France)
Activités : infrastructures d’énergie et de transport
Plus grand constructeur au monde de barrages hydroélectriques
Fournisseur des turbines : 6 groupes de turbo-alternatuers de type bulbe
7 des unités Francis plus du matériel mécanique, des postes électriques pour les 14 unités Francis
Coût du contrat : 500 millions d’euros
+
Nom : VOITH
Siège : Heidenheim ( Allemagne)
Création : 1867
Activité : mécanique
Chiffre d’affaire : 5.37 millions d’euros
Ces deux entreprises sont chargées de fournir avec Alstom 14 groupes de turbo-alternateurs Francis de 611 MW chacun
+
Nom : ANDRITZ hydro
Siège : Graz (Autriche)
Activité : Equipement électromécanique pour centrales hydroélectriques
Bénéfice net : 177 millions d’euros
+
Nom : VALE (Companhia Vale do Rio Doce)
Création : 1942, privatisée en 1997
Siège : St Prex (Suisse)
Siège social : Rio de janeiro (Brésil)
Activités : mine, logistique, énergie, acier
Chiffre d’affaire (2008) : 38.5 milliards de dollars
Participe au financement du projet et au consortium, ce qui lui vaut toutes les critiques et le public eye awards en 2012.
Liste non exhaustive !
Des enjeux énergétiques et politiques
La région choisie pour l’emplacement du barrage sur la grande boucle du rio Xingu représente un enjeu en ce qui concerne l’avenir énergétique du Brésil. Il a été également source d’enjeux politiques dans la campagne électorale, la stratégie de Dilma Roussef, par ailleurs ex ministre des mines et de l’énergie, qui a misé sur une énergie bon marché. Belo Monte devrait augmenter l’offre d’énergie pour la totalité du pays en couvrant 6% des besoins sauf pour les régions reculées.
De même l’électricité du barrage servira également à l’extraction de bauxite à partir des gisements dans l’état du Para et sa transformation en aluminium.
Cette centrale sera-t-elle rentable ?
Selon plusieurs analyses techniques, cette centrale hydroélectrique, pour être rentable, devra être aidée par d’autres barrages installés à d’autres niveaux du Xingu. Conclusion : les écologistes craignent que Belo Monte ne soit que le premier ouvrage d’une série qui bouleverserait de façon irréversible le cours et l’équilibre interne de l’un des principaux affluents de l’Amazone. A l’heure actuelle, la modification du débit du Xingu devrait inonder plus de 500 hectares, avec des conséquences directes ou indirectes sur un territoire de quelque 5 000 km2.
On peut s'interroger également sur les orientations du gouvernement, l'alimentation des foyers en électricité est-elle uniquement l'enjeu du barrage ?
L'extraction de bauxite avec la montée grandissante des demandes mondiales en aluminium, la présence de mines également dans le secteur laissent à craindre à mon avis de plus grands enjeux encore que le barrage en lui-même.
Ces enjeux sont forcément contraires au maintien des ethnies et des riverains, ils sont contraires à la préservation de l'environnement fragile de la rivière et de son écosystème particulier.
Nous ne pouvons avoir aucun doute à ce sujet.
Des peuples indigènes vivent sur les rives du Xingu !!
« Nous luttons pour notre peuple, pour nos terres, pour nos forêts, pour nos rivières, pour nos enfants et à la gloire de nos ancêtres. Nous luttons également pour l’avenir du monde, car nous savons que ces forêts sont autant bénéfiques aux peuples indigènes qu’à la société brésilienne et au monde entier. Nous savons aussi que sans ces forêts, beaucoup de gens souffriront, beaucoup plus que de toutes les destructions qui ont eu lieu par le passé. Toute vie est interconnectée, comme le sang qui unit les familles. Le monde entier doit savoir ce qui se passe ici, il doit se rendre compte à quel point la destruction des forêts et des peuples indigènes signifie sa propre destruction."
Les rives du rio Xingu sont habitées par 14.000 amérindiens appartenant à 7 groupes distincts :
- Les juruna
- Les xikrin
- Les kayapo
- Les asurini
- Les parakana
- Les araweté
- Les arara
Jeune kayapo
Les indiens kayapos sont les plus célèbres opposants au barrage depuis le début du projet avec leur leader cacique Raoni Metuktire qui n’a pas hésité à parcourir le monde pour porter la parole des peuples amazoniens, qui n’a pas hésité à mettre de son côté des organisations et des personnalités célèbres, acteurs, chanteurs ou hommes d’état.
Son travail de médiatisation est énorme et il a réussit son objectif, la cause a été appropriée par des millions d’hommes et de femmes de par le monde.
Sauf que cela ne suffit pas malheureusement…….
Vous retrouverez la page que j’ai consacrée aux indiens kayapo sur cocomagnanville.
Je profite de cet article pour mettre également en avant d’autres ethnies et d’autres leaders de la lutte contre le barrage qui sont moins médiatisés.
Les xikrin, premières victimes du barrage
Les xikrin, une tribu des kayapo vivent dans huit villages sur une terre qu’ils nomment « La terra indigena trincheira-Bacaja », (terre indigènes du peuple autochtone trincheira- bacaja) sur les rives du Bacaja, un affluent du Xingu dont l’embouchure se trouve sur le Volta grande, là où le volume d’eau doit être réduit de 80 à 90 %.
Il est évident et démontré par une étude rendue publique que les xikrin seront forcément affectés par le barrage.
Début des travaux, l’eau perd déjà sa qualité consommable.....
Arara
Les indiens arara ont déposé une plainte auprès du ministère public fédéral (MPF) en février dernier à propos de la qualité des eaux du Xingu dont ils s’abreuvent et se servent pour cuisiner. Les eaux selon eux sont affectées par les travaux entrepris par la "norte energia" dans le lit de la rivière. Dès que l’entreprise à commencé à construire les barrages provisoires (faits en terre et gravats) destinés à contenir les eaux de la rivière pour permettre la réalisation au sec des structures du barrage, les indiens ont de suite été surpris par le changement de qualité de l’eau chargée de sédiments et de boue.
Des indiens de l'etnie Arara au bord du fleuve Rio Xingu. Crédit: Ailton de Freitas
Deux femmes dans l’action
Un leader Juruna, Sheyla Yakarepi
Sheyla est une indienne juruna, un peuple riverain du rio Xingu. Elle se bat contre la construction du barrage de Belo monte et elle est devenue une ambassadrice hors du commun qui n’hésite pas à se rendre sur toute la planète pour sensibiliser les opinions. Grâce à Sheyla, le peuple juruna a retrouvé sa voix.
Lien vidéo euronews Sheyla Yakarepi
Antoñia Melo da Silva
Elle est la coordonatrice du mouvement Xingu vivo para sempre (MXPVS) rassemblant les riverains du Xingu, indigènes, pêcheurs et petits agriculteurs qui luttent également contre la construction du barrage.
Depuis un quart de siècle , Antoñia Melo est la figure de proue de la défense des droits des femmes dans l’état du Para. Son engagement contre le barrage lui a valu de recevoir à plusieurs reprises des menaces de mort.
Acteurs ou spectateurs ?
Les peuples n’ont pas été consultés selon l’OIT
"D'après la documentation et les informations transmises par le gouvernement (brésilien), la commission estime que, dans le cadre des procédures menées à ce jour, malgré leur caractère étendu, les conditions prévues aux articles 6 et 15 de la convention, telles qu'elles sont décrites plus haut, ne sont pas remplies, et que les peuples autochtones n'ont pas pu participer de manière effective à la détermination de leurs priorités, conformément à l'article 7 de la convention".
La commission prie le gouvernement de :
i) prendre les mesures nécessaires pour consulter les peuples autochtones concernés sur la construction de l'usine hydroélectrique de Belo Monte, celle-ci risquant d'avoir des effets irréversibles (articles 6 et 15 de la convention) :
ii) en consultation avec les peuples autochtones, prendre les mesures pour déterminer si les priorités de ces peuples ont été respectées et déterminer si et dans quelle mesure leurs intérêts seront menacés afin d'adopter les mesures d'atténuation nécessaires et de prévoir l'indemnisation voulue; et
iii) transmettre les informations sur les résultats des procédures en cours devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme et devant le tribunal fédéral de Pará.
Telle est la conclusion du Rapport de la Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations de l'Organisation Internationale du Travail - OIT publié ce début mars.
Le 17 décembre 2011, des représentants du mouvement gota d’agua (goutte d’eau) ont été reçus en audience par les ministres du secrétariat général de la présidence pour discuter du projet de Belo monte. Ils apportaient avec eux 1.35 millions de signatures contre le projet.
Les représentants du gouvernement ont été catégoriques et ont affirmé que le projet ne serait pas paralysé, trop d’investissements étant déjà réalisés. Ils ont admis que le nombre significatif de signatures recueillies était expressif et servirait à élargir le dialogue.
Depuis presque 35 ans que durent les tergiversations sur le projet de barrages sur le rio Xingu, les tribus indigènes n’ont jamais été prévenues des circonstances occasionnées à leurs territoires et sur leurs vies, leur devenir.
Une rémunération ? Quand ? En argent ou en fournitures ?
Des promesses ont été faites par Norte energia en matière de dédommagement mais peu ont été mises en œuvre.
La somme de 30.000 reals par mois a été citée.
Il est prévu que chaque village reçoive en théorie des marchandises d’une valeur de 30.000 reals par mois, mais sous forme de « liste d’achat » et non d’argent.
Des conséquences évidentes et dramatiques
Dès le début des travaux, les changements ont été perceptibles, ce barrage faisant appel à une conséquente main d’œuvre :
- Circulation automobile de plus en plus dense
- Hôtels surchargés
- Augmentation exubérante des prix des produits alimentaires
- A Altamira, la population à pratiquement doublé
- Forte augmentation de la criminalité : drogue, prostitution
Aucun financement n’a pour l’heure été débloqué par Norte energia pour parer aux problèmes de surpopulation, car les autorisations gouvernementales n’ont pas été délivrées.
La construction du barrage devrait employer 18.000 personnes de manière directe, le nombre d’emplois permanents serait de 2000.
Les conséquences suivantes sont le lot habituel à chaque chantier de construction :
- Déforestation
- Pollution de l’air et des eaux
- Emission de gaz à effet de serre
- La zone asséchée fera disparaître des espèces de poissons qui constituent pour 70 % des protéines consommées par les peuples riverains
- Le débit modifié du Xingu ne pourra maintenir la diversité des espèces qui dans ce biotope ne se croisent pas et peuvent donc proliférer plus aisément
- Les peuples indigènes seront –ils déplacés ?
Les indiens s'expriment......
Nous, peuple indigène du Xingú, ne voulons pas de Belo Monte
Auteurs : Cacique Bet Kamati Kayapó, Cacique Raoni Kayapó et Yakareti
Juruna
Publié dans Valor Econômico, 20 avril 2010
Nous, peuple indigène du Xingú, luttons pour notre peuple, pour notre terre mais aussi pour l’avenir de la planète. Le président Lula a déclaré la semaine dernière qu’il était inquiet pour les Indiens, qu’il était préoccupé par l’Amazonie et qu’il ne voulait pas que des ONG internationales s’opposent au barrage de Belo Monte. Nous ne sommes pas des ONG internationales. Nous, les 62 leaders indigènes des villages de Bacajá, Mrotidjam, Kararaô, Terra-Wanga, Boa Vista Km 17, Tukamã, Kapoto, Moikarako, Aykre, Kiketrum, Potikro, Tukaia, Mentutire, Omekrankum, Cakamkubem et Pokaimone, avons déjà subi de nombreuses invasions et affronté de nombreux dangers. Lorsque les Portugais sont arrivés au Brésil, nous, les Indiens, étions déjà là ; beaucoup sont morts, beaucoup ont perdu leurs vastes territoires, la plupart de leurs droits, beaucoup ont perdu une partie de leur culture et d’autres groupes ont totalement disparu.
La forêt est notre épicerie, la rivière notre marché. Nous ne voulons pas que les cours d’eau du Xingú soient envahis et que nos villages et nos enfants, qui seront élevés selon nos coutumes, soient en danger. Nous ne voulons pas du barrage hydroélectrique de Belo Monte car nous savons qu’il n’apportera que destruction. Nous ne pensons pas qu’au seul niveau local, mais à toutes les conséquences destructrices de ce barrage : il attirera encore plus d’entreprises, plus de fermes, il favorisera l’invasion de nos terres, les conflits et même la construction de nouveaux barrages. Si l’homme blanc continue ainsi, tout sera très vite anéanti. Nous nous demandons : ‘qu’est-ce que le gouvernement veut de plus ? Qu’apportera de bon tant d’énergie après tant de destruction ?’ Nous avons déjà organisé de nombreuses réunions et avons participé à de grandes rencontres pour nous opposer au Belo Monte, comme en 1989 et en 2008 à Altamira, et en 2009 dans le village de Piaraçu où beaucoup de nos leaders étaient présents. Nous avons déjà personnellement parlé avec le président Lula pour le convaincre que nous ne voulions pas de ce barrage et il nous a promis qu’il ne nous serait pas imposé. Nous avons également discuté personnellement avec Eletronorte et Eletrobrás, avec la Funai et Ibama.
Nous avons déjà prévenu le gouvernement que si la construction du barrage avait lieu, la guerre serait déclarée et il en porterait la responsabilité. Le gouvernement n’a pas compris notre message et, une fois de plus, a nargué les peuples indigènes, assurant qu’il construirait le barrage coûte que coûte. Lorsque le président Lula a dit ceci, il a démontré qu’il ne tenait aucun compte de la parole des peuples indigènes et qu’il ne reconnaissait pas nos droits. Son manque de respect l’a conduit à planifier l’appel d’offres pour le Belo Monte durant la Semaine des peuples indigènes. En raison de tout ceci, nous, les Indiens de la région du Xingú, avons invité James Cameron et son équipe, des représentants du Movimento Xingu para Sempre (ainsi que le mouvement des femmes, ISA et CIMI, AmazonWatch et d’autres organisations). Nous voulons qu’ils nous aident à transmettre notre message au monde entier et aux Brésiliens eux-mêmes qui ne savent pas encore ce qui se passe dans le Xingu. Nous les avons invités car nous savons qu’il y a beaucoup de gens au Brésil et ailleurs qui veulent nous aider à protéger nos droits et nos territoires. Ceux-ci sont bienvenus parmi nous. Nous luttons pour notre peuple, pour nos terres, pour nos forêts, pour nos rivières, pour nos enfants et à la gloire de nos ancêtres. Nous luttons également pour l’avenir du monde, car nous savons que ces forêts sont autant bénéfiques aux peuples indigènes qu’à la société brésilienne et au monde entier.
Nous savons aussi que sans ces forêts, beaucoup de gens souffriront, beaucoup plus que de toutes les destructions qui ont eu lieu par le passé. Tout vie est interconnectée, comme le sang qui unit les familles. Le monde entier doit savoir ce qui se passe ici, il doit se rendre compte à quel point la destruction des forêts et des peuples indigènes signifie sa propre destruction. C’est pour ces raisons que nous ne voulons pas de Belo Monte. Ce barrage signifie la destruction de notre peuple. En conclusion, nous proclamons que nous sommes décidés, que nous sommes forts, que nous sommes prêts à nous battre et que nous nous souvenons des termes de la lettre qu’un Indien d’Amérique du Nord avait jadis envoyé à son président : ‘C’est seulement lorsque l’homme blanc aura détruit la forêt entière, lorsqu’il aura tué tous les poissons et tous les animaux et aura asséché toutes les rivières qu’il s’apercevra que personne ne peut manger l’argent’.
J'espère que cet article répondra à toutes vos interrogations comme aux miennes en attendant de découvrir de quoi il ressort avec le temps et les évènements, puisque nous ne sommes pas devins, nous ne sommes que les visionnaires d'un monde qui chaque jour détruit les espaces de vie au profit de la mondialisation.
Pouvons-nous espérer en toute conscience concilier un jour les intérêts de confort primordiaux pour les êtres de la planète tout en préservant l'écosystème nécessaire à notre survie, tout en respectant les droits des peuples autochtones ?
Je dois dire que cette question existentielle "plombe" mes engagements militants qui tournent autour de la couleur rouge symbole d'égalité pour tous, la couleur noire, symbole de la liberté et la couleur verte (kaki) symbole de la protection de la pachamama .
Merci pour votre intérêt et toutes mes amitiés.
Caroleone
Sources : le blog de Raoni, le blog de Bernard Comoli, survival, wikipédia,ecolomania