Brésil : l'extermination des indiens Guarani Kaiowa
Publié le 27 Novembre 2010
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Aussi loin qu'ils puissent se souvenir, les Guarani ont toujours été en quête - quête d'un lieu où les gens vivent sans douleur ni souffrance, un lieu qui leur a été révélé par leurs ancêtres et qu'ils nomment “la terre sans mal” [liens en portugais ou en anglais, sauf mention contraire].
Le film ‘Terra Vermelha’ (‘Birdwatchers’) a attiré l'attention internationale sur la situation des Guarani en 2008.
Mais la cruauté, la violence et les violations des droits de l'homme sont le pain quotidien des Guarani au Brésil, où, malgré le fait qu'ils représentent l'un des peuples indigènes les plus importants du pays (46 000, personnes sur un total de 734 000), ils sont devenus les cibles d'attaques constantes et connaissent une alarmante vague de suicides. L'ONG Survival International rajoute:
Cela se manifeste aujourd'hui sous une forme plus tragique: profondément affectés par la perte de la quasi totalité de leurs terres au siècle dernier, les Guarani subissent une vague de suicides sans équivalent en Amérique du Sud.
Les problèmes sont particulièrement graves dans le Mato Gosso do Sul où les Guarani occupaient la Terre-mère, composée de forêts et de plaines, sur une superficie totale de presque 350 000 km2.
Cet espace était habité par les Guarani Kaiowá, l'un des trois groupes descendants des Guarani qui occupaient une grande partie du littoral sud brésilien ainsi que la région forestière entre le Brésil et le Paraguay. Ce fut l'un des premiers peuple à enter en contact avec les Européens, à l'époque de leur arrivée en Amérique du Sud, il y a quelques 500 ans, et, selon Duda, du blog al-azurd, les Kaiowás vécurent en paix avec “l'homme blanc” jusqu'à la fin du XIXè siècle. A ce moment-là, la situation a changé :
Ce fut la guerre [contre le Paraguay] qui fut fatale aux indiens, en ouvrant les portes aux jésuites démoniaques avec leurs sentiments de culpabilité et de honte. Même ainsi, les kaiowá se refusèrent à participer à ces missions évangéliques et préservèrent leur profonde spiritualité.
[…]
à partir de 1880, ils furent incorporés à la main d'œuvre destinée à la culture et à la récolte de l'erva-mate, exploitée de façon intensive dans la région. Par la suite, le gouvernement l'exploita de manière encore plus intense et les territoire indigènes furent envahis.
[…]
tant qu'ils étaient nécessaires comme mains d'œuvre, les kaiowá avaient la permission de rester dans leurs villages. Plus tard, ils furent expulsés de leurs terres ancestrales, avalées par la menace des blancs qui les déboisèrent et y construisirent des fazendas (exploitations agricoles)
Ils souffrent, depuis lors, de la perte quasi-totale de leur territoire, sacré, et en lieu et place de la “terre sans mal” à laquelle ils aspirent, ils ne trouvent que la mort et la désolation. Dans un texte de 2003, le journaliste Carlos Dutra explique le conflit agraire entre les indigènes et les fazendeiros (les propriétaires terriens):
Pour ce que l'on a pu observer des événements depuis plus de 50 ans, ce peuple essaie de récupérer une partie de l'ancien territoire qui a peu à peu été happé par la main blanche du latifundiaire. Fatigués de lutter contre un système de Droit excessivement protecteur de la propriété privée, la communauté dirigée par un vieux cacique (chef de tribu) reprend, en 1997, possession de son territoire ancestral. Aussitôt installés, ils commencent, comme il est de coutume chez tout peuple lié à la terre, à construire leurs maisons et à cultiver leurs plantations, sans lesquelles leurs familles ne peuvent en aucun cas subsister. Mais tout de suite, le fazendeiro, ledit propriétaire, en appelle au tribunal, et un juge avec sa loi indiscutable ordonne rapidement l'expulsion des indigènes.
Le cacique en question est un des symboles de la lutte indigène pour les terres ancestrales. Marcos Verón a été brutalement assassiné en janvier 2003. Les assassins de Verón ont été libérés en 2007. Le jugement prévu en mai de cette année a fini par être suspendu et est à nouveau reporté à février 2011.
Le film ‘Terra Vermelha’ (‘Birdwatchers’) a attiré l'attention internationale sur la situation des Guarani en 2008.
Egon Heck, membre du Conseil Indigéniste Missionnaire (CIMI), dans un article reproduit sur le blog Ética Global, présente un panorama de désolation et qualifie la persécution envers les Guarani Kaiowá de “génocide” :
Selon les comptes rendus sur les violences du Cimi (Conseil Indigéniste Missionnaire), il y a eu plus de 200 assassinats et plus de 150 suicides au cours des cinq dernières années ; plus de 100 enfants sont morts de malnutrition ; quelques 200 indiens sont emprisonnés et plus de 90% des familles dépendent de bons alimentaires et d'autres dons du gouvernement. Cela donne une petite idée de la situation dramatique à laquelle ce peuple est soumis. Des anthropologues et d'autres scientifiques ont déjà qualifié une telle situation d'ethnocide et de génocide.
"Dénonciation: Massacre d'Indiens Guarani Kaiowá dans le Mato Grosso!", sur le Blog Fórum Educação (contient des images choquantes)
D'autres statistiques alarmantes sur les conditions de vie des Guaraní Kaiowa peuvent être consultées sur le site Repórter Brasil. Emerson Guarani, sur son blog, réitère que “non seulement la violence dans le Mato Grosso do Sul continue, mais elle a aussi augmenté” et il décrit des cas de disparitions d'indigènes qui ne sont jamais revenus dans leur village.
Ont été mis en cause l'inaction des organismes publics qui doivent procéder aux investigations et réagir à la persécution des Kaiowá. Selon l' Agence d'Information Frei Tito pour l'Amérique Latine (Adital), les principales revendications des Guaraní sont :
l'urgence d'achever l'identification et le bornage de toutes les terres Guarani Kaiowá du Mato Grosso do Sul ; qu'au cours des 80 prochains jours, la FUNAI (NdT: Fondation Nationale de l'Indien) prenne les dispositions nécessaires en vue de la reconnaissance et de la permanence du droit de la communauté Kurusu Ambá à résider sur ces terres, en précisant que le groupe de travail sur l'identification de la FUNAI est actuellement inactif ; que soit appliquée la sanction prévues pour les responsables des assassinats de tous les Guarani Kaiowá, au cours des années écoulées, dans leur lutte pour leurs droits; qu'ait immédiatement lieu le procès de ceux qui sont accusés de l'assassinat du leader Guarani Marcos Verón ; qu'il y ait un réel effort de la Police Fédérale afin de localiser le corps du professeur Olindo Vera, disparu il y a 6 mois, ainsi qu'une punition des assassins du professeur Genivaldo Vera ; que la Cour suprême fédérale procède au jugement immédiat du dossier de la terre indigène Nhanderu Marangatu; et, que l'on trouve une solution urgente à la situation dramatique dans laquelle se trouve la communauté Laranjeira Nhanderu, poussée sur les bords de la route BR-163, en septembre 2009, où elle subit une situation d'extrême insalubrité, de violence et de misère.
Pourtant, une fois passée la date butoir, “les fazendeiros et les personnes liées à l'agro-commerce continuent à être favorisés de manière systématique”. Les voix de ceux qui militent en faveur des droits des Guaraní Kaiowá et qui exigent justice semblent ne pas être suffisamment fortes tandis que les intérêts économiques de grandes multinationales comme Shell et Cosan [en anglais] continuent à être uniquement préoccupés par l'exploitation de la terre sacrée, comme l'ONG Survival International le rapporte en appelant, sur leur site, à agir pour la justice.
"Dénonciation: Massacre d'Indiens Guarani Kaiowá dans le Mato Grosso!", sur le Blog Fórum Educação (contient des images choquantes)