Bon anniversaire SALAH
Publié le 25 Avril 2011
En ce jour de ton 26e anniversaire, je t'envoie ce poème de mon compagnon de route PABLO qui sait toujours trouver les mots qui me manquent.
Je pense très fort à toi et te souhaite de revenir très bientôt parmi nous.
Caroleone
Les libérateurs
Voici venir l'arbre, c'est l'arbre
de l'orage, l'arbre du peuple.
Ses héros montent de la terre
comme les feuilles par la sève,
et le vent casse les feuillages
de la multitude grondante,
alors la semence du pain
retombe enfin dans le sillon.
Voici venir l'arbre, c'est l'arbre
nourri par des cadavres nus,
des morts aux visages troublants,
empalés au bout d'une lance,
recroquevillés dans les flammes,
décapités à coups de hache,
écartelés par les chevaux
ou crucifiés dans les églises.
Voici venir l'arbre, c'est l'arbre
dont les racines sont vivantes,
il a pris l'engrais du martyre,
ses racines ont bu du sang,
au sol il a puisé des larmes
qui par ses branches sont montées
parsemant son architecture.
Elles furent fleurs, quelquefois
invisibles, fleurs enterrées,
d'autres fois, elles allumèrent
leurs pétales, comme des planètes.
Et l'homme cueillit sur les branches
les corolles aux parois durcies,
il les tendit de main en main
tels des magnolias, des grenades,
et brusquement, ouvrant la terre,
elles grandirent jusqu'au ciel.
C'est lui, l'arbre des hommes libres.
L'arbre terre, l'arbre nuage.
L'arbre pain, l'arbre sarbacane,
l'arbre poing, l'arbre feu ardent.
Inondé par l'eau tempétueuse
de notre époque de ténèbres,
son mât décrit dans le roulis
les arènes de sa puissance.
D'autres fois la colère brise
les branches qui tombent à nouveau
et une cendre menaçante
couvre sa vieille majesté :
ainsi franchit-il d'autres temps
et sortit-il de l'agonie,
jusqu'au moment où une main
secrète, des bras innombrables,
le peuple, en garda les fragments
et cacha des troncs immuables.
Ses lèvres étaient alors les feuilles
de l'immense arbre réparti,
disséminé de tous côtés,
qui marchait avec ses racines.
Voici venir l'arbre, c'est lui
l'arbre du peuple, tous les peuples
de la liberté, de la lutte.
Montre-toi dans sa chevelure :
palpe ses rayons restitués :
plonge ta main dans les usines,
là même où son fruit palpitant
chaque jour répand sa lumière.
Lève dans tes mains cette terre,
unis-toi à cette splendeur,
apporte ton pain et ta pomme,
ton coeur aussi et ton cheval
et monte la garde aux frontières,
aux confins de sa frondaison.
Défends le but de ses corolles,
partage les nuits ennemies
veillant au cycle de l'aurore,
respire la cime étoilée,
en protégeant l'arbre, cet arbre
qui pousse au milieu de la terre.
PABLO NERUDA
( chant général)