Automobile : Sochaux est en surrégime mais l'emploi ne suit pas

Publié le 5 Juin 2010

 

La plus grande usine de France, site industriel historique de Peugeot, voit sa production exploser. Les syndicats réclament des embauches en CDI. 1 700 intérimaires y travaillent aujourd’hui, chiffre tombé à zéro au plus fort de la crise.

 

La crise ? PSA Sochaux en est sorti par le haut. Le site historique de Peugeot dans le pays de Montbéliard est l’une des rares usines automobiles françaises dont la production est supérieure à son niveau d’avant le crash du secteur en 2009. La surprise, c’est que la production est boostée par le succès des gros modèles produits à Sochaux : le 4x4 berline 3008 et le monospace 5008, pourtant onéreux (entre 21 400 et 30 000 euros) et pas vraiment favorisé par la prime à la casse et le bonus-malus écologique. Grâce à ces réussites commerciales inattendues, tous les compteurs sont au vert, et même au-delà.

« Près de 900 modèles 5008 et 3008 sont fabriqués chaque jour, contre 600 prévus initialement. En tout, 1 630 véhicules sont produits quotidiennement, contre 1 420 avant la crise, et 350 000 véhicules devraient donc sortir de l’usine en 2010, contre 275 000 en 2009 », confirme le porte-parole du site. Autrement dit, le vieux bastion ouvrier de la marque au lion est presque en passe de redevenir son centre névralgique, et ce, malgré les nuages noirs qui s’amoncellent sur le marché européen de l’automobile. Il pourrait même distancer l’énorme site de Vigo, en Espagne - la plus grande usine PSA en Europe -, à partir duquel le groupe prévoit de conquérir les pays émergents. Vue d’ici, l’époque où le site était abonné au chômage partiel semble loin. Lors d’un comité d’établissement qui s’est déroulé lundi, les syndicats ont appris que les ouvriers devront travailler quatre samedis en juin et un en juillet. Ces journées supplémentaires sont censées compenser les jours chômés de l’an dernier, au plus fort de la crise, qui avaient été payés à 100 %, avec l’aide de l’État. Pour ceux qui n’avaient pas chômé, ce sera un revenu supplémentaire. De plus, une équipe de nuit, qui emploie 800 personnes, sera probablement prolongée pour la fin de l’année. Ce n’est pourtant pas suffisant : la production est toujours insuffisante pour répondre à la demande. Et cela risque d’empirer prochainement, car pour la première fois dans son histoire, le site de Sochaux va produire une Citroën, la DS4.

 

Le problème est qu’aujourd’hui, l’ancienne forteresse, qui a compté jusqu’à 40 000 salariés dans les années 1970, peine à tenir la cadence. Il n’y a plus que 11 000 salariés en CDI. Et la reprise de la production s’accompagne de celle de l’emploi précaire, tombé à zéro au plus fort de la crise : 1 670 intérimaires et environ 200 CDD ont rejoint, depuis, les chaînes de montage. Fin février, la direction avait annoncé la reprise des embauches en CDI, une dizaine par mois. Mais trois mois plus tard, la CGT en dénombre 14 ! Pour elle, comme pour l’ensemble des syndicats, le compte n’y est pas. « Nous réclamons 1 000 embauches en CDI ! » tranche Bruno Lemerle, délégué de la CGT. Pareil pour Pierrette Burgkhalter, de la CFDT : « Une dizaine d’embauches en CDI par mois, c’est scandaleux par rapport au nombre d’intérimaires présents ! Á ce niveau, ce n’est plus un filet d’embauches, c’est un ruisseau. Ce n’est rien, pas même une lueur d’espoir. 300 à 400 embauches, ce serait un minimum. En dessous, c’est un indécent. » La CFE-CGC regrette une « trop grande timidité » de la direction, tandis que la CFTC alerte sur la dégradation des conditions de travail et « le stress qui empoisonne la vie du personnel ». Selon les syndicalistes, la rotation est telle que, fréquemment, c’est un intérimaire déjà en poste qui forme son successeur.

 

Mehdi Fikri  pour l'HUMANITE

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #PolitiqueS

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C
<br /> c'est clair !!<br /> <br /> <br />