ARGENTINE, Procès historique de San Rafael : pour la première fois, un ancien militaire révèle des méthodes de torture et le plan Condor
Publié le 14 Août 2010
Publié 13 août 2010
Argentine, 27 juillet 2010 . Durant la journée de lundi au cours de laquelle 4 anciens tortionnaires étaient jugés, le témoin Roberto Reyes a révélé l’un des secrets les mieux gardés par les militaires : quand et où il avait appris à torturer, avec quelles méthodes, avec des instructeurs venus des Etats-Unis. Roberto Reyes a ajouté que les Américains avaient fait leur apprentissage de la torture aux militaires argentins.
Dans ce tribunal fédéral n°2 de San Rafael, où sont jugé 4 anciens tortionnaires, a été la scène d’une des révélations les plus attendues par les familles de
disparus. C’est la première fois que ce type de témoignage est entendu au cours d’un procès pour crimes contre l’humanité en Argentine.
Face aux juges, Roberto Reyes, ancien militaire aujourd’hui policier, a reconnu qu’en 1967 il avait suivi un cours anti guérilla à Tartagal, province de Salta.
Le contenu de ce cours était loin de ressembler à une méthode propre à un Etat de droit. Il s’agissait plutôt de sombres méthodes.
Robert Reyes a précisé que pour cette expérience, 20 rangers américains étaient venus entraîner 20 collègues argentins.
Le cours s’appuyait sur des livres et des explications pour effectuer tout type de torture à des détenus. Ces techniques avaient pour objectif, a expliqué
Roberto Reyes, de faire parler les personnes arrêtées afin qu’ils dénoncent leurs compagnons ou les militants. Les tortures devaient être si fortes que certains demanderaient à ce qu’on les
tue, ont expliqué les rangers aux Argentins. Mais, d’après Roberto Reyes, ce sont les Américains qui ont fini par apprendre comment maltraiter les gens. C’est-à-dire que les Argentins
étaient plus doués que les instructeurs du nord.
Les manuels abordaient les techniques de la « picana »((torture à l’électricité), du sous-marin, comment couper les paupières, entre autres méthodes,
a détaillé Roberto Reyes qui a ajouté qu’à ce cours avaient participé 200 hommes, des officiers et des sous-officiers venus de tout le pays.
Pour l’avocat des plaignants, Pablo Salinas, « la confession de Reyes démontre qu’il y a bien eu un plan systématique de terrorisme d’Etat, le plan Condor,
préparé dès les années 60 pour être mis en marche dans les années 70″.
Dans ce procès sont jugés Raul Alberto Ruiz Soppe (chef de l’unité régionale II de la police de Mendoza), Anibal Alberto Guevara (lieutenant dans l’armée), José
Martin Mussere (liaison entre la police et le commandement militaire), Juan Roberto Labarta (D2 de San Rafaël). Le 5e accusé, Ruiz Pozo, a été suspendu parce qu’il est hospitalisé pour une
maladie au stade terminal.
Massacre de Trelew
Le 15 août 1972, vingt-cinq prisonniers politiques se sont enfuis de la Prison de Rawson (Patagonie Argentine) ; 6 d’entre eux ont réussi à arriver au Chili et les 19 restants se sont rendus après avoir obtenu des garanties quant a leur intégrité physique. Malgré cela, sept jours après le pays tout entier tressaillit. Dans une aube glaciale de Patagonie, le gouvernement du General Lanusse matérialisée le massacre que serait la genèse du Terrorisme d’Etat, et qui trouverait après son aboutissement dans la disparition de trente mille personnes.
Ce 22 août 1972 ont été fusillés 19 prisonniers politiques à la Base Aéronavale Almirante Zar de Trelew, 16 sont morts, 3 ont survécu et ont pu raconter les faits au cours d’une entrevue réalisée dans la prison de Villa Devoto, par le écrivant Paco Urondo. A peine quelques années après eux aussi seraient tués ou disparues, comme si on cherchait à faire oublier l’histoire.
Mais il n’en a pas été ainsi ; année après année, sous diverses formes, mais toujours avec la même fermeté, tous ceux qui refusent l’empire de la mort, du silence et de l’oubli, nous revenons alimenter le feu vivant de la Mémoire.
A 38 ans de cette exécution qui a été incorporée dans l’inconscient collectif comme “Le Massacre de Trelew”, rendons hommage aux militants politiques qui ont donné leur vies pour construire une patrie Socialiste, pour cela nous disons que nous ne les oublierons jamais, ils sont restés gravés dans notre Histoire pour toujours. Aujourd’hui, une partie des responsables directes et indirectes de la Massacre sont en prison en attente d’y être jugés.
Assassinés:
Carlos ASTUDILLO, Rubén Pedro BONET, Eduardo CAPELLO, Mario DELFINO, Alberto Carlos DEL REY, Alfredo KOHON, Clarisa LEA PLACE, Susana LESGART, José MENA, Miguel Ángel POLTI, Mariano PUJADAS, María Angélica SABELLI, Humberto SUAREZ, Humberto TOSCHI, Jorge ULLA, Ana María VILLARREAL DE SANTUCHO.
Survivants :
María Antonia BERGER : assassinée en 1979, son corps était en l’ESMA avant de disparaître. Alberto Miguel CAMPS: assassiné le16/08/79. Ricardo René HAIDAR : enlevé le 18/12/82 amené à l’ESMA et disparu.
Présents pour toujours !
HONNEUR AUX HÉROS DE TRELEW !
« Collectif Argentin pour la Mémoire »